AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de AntineaMCS


Un livre magnifique où la grande Histoire, celle des juifs d'Europe centrale, celle d'Israël et celle de l'auteur Amos Oz et de sa famille se rejoignent. Avec beaucoup de sensibilité, de nostalgie pour un temps révolu, mais également de distance et d'humour, Amos Oz nous les raconte dévoilant également ce qui a été la grande blessure de sa vie d'enfant et d'adulte, la disparition de sa mère quand il a 12 ans. La mort est d'ailleurs omniprésente dans ce livre, celle des juifs morts dans les camps nazis d'extermination, celle des juifs et des Arabes morts dans la guerre qui les oppose à partir de 1947, celle de ses parents et de leurs amis. Mais elle côtoie la vie, ses découvertes, ses apprentissages, ses joies.

Si j"ai eu un peu de mal à entrer dans le récit avec au début du livre le parcours des grands-parents d'Amos Oz, j'ai été après totalement happée par ma lecture. L'auteur raconte la (fragile) coexistence entre juifs et Arabes avant 1948, les premiers affrontements armés quand en 1947 l'ONU propose le plan de partage de la Palestine sous mandat anglais en deux États distincts puis le déclenchement de la guerre une fois l'Etat d'Israël officiellement créé.
Nous découvrons aussi le milieu intellectuel dans lequel Amos Oz a vécu et comprenons comment l'écrivain qu'il est devenu est né, en écoutant les histoires sans fin qu'inventait sa mère, en en inventant à son tour quand il accompagnait ses parents aux cafés du centre-ville de Jérusalem où il devait se comporter de manière exemplaire, en regardant son père travailler.

"Je travaille un peu comme lui. Tel un horloger ou un orfèvre d'autrefois : un oeil clos, une loupe cylindrique vissée sur l'autre, des brucelles à la main : sur la table, devant moi, en guise de fiches il y a un tas de bouts de papier où j'ai gribouillé des mots, des verbes, des adjectifs et des adverbes, ainsi que quantité de fragments de phrases, d'expressions tronquée, de bribes de descriptions et d'essais d'associations. de temps en temps, je pêche prudemment avec la pincette l'une de ces particules, une minuscule molécule de texte que j'élève à contre-jour pour l'examiner à mon aise, je la tourne et la retourne, je la lime et la polis un peu, puisje la replace à la lumière pour l'inspecter encore, je lime encore un soupçon, et je me penche pour l'insérer délicatement dans la trame."(p. 448).

La dernière étape décisive de sa transformation en écrivain d'Amos Oz est sa lecture des nouvelles de Sherwood Anderson alors qu'il a 16 ans, qu'il est installé depuis un an (deux ans et demi après la mort de sa mère) au kibboutz d'Houlda et qu'il fait tout pour tourner le dos à sa vie d'avant, avec sa famille.
"Je comprenais d'où je venais : d'un morne écheveau de chagrin et de faux-semblants, de nostalgie, d'absurde, de misère et de suffisance provinciale, d'éducation sentimentale et d'idéaux anachroniques, de peurs rentrées de résignation et de désespoir." (p. 787)
Commenter  J’apprécie          255



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}