Prince captif, tome 3 : Le roi

Il était mon père à moi aussi. C'est ce que tout le monde a oublié, le jour où tu es né. Même lui.

Je me souviens de la façon dont tu m'as regardée, le jour où nous nous sommes rencontrés. Cela aussi, peut être dans une autre vie.

Il savait que Laurent utilisait sa langue pour faire des ravages, qu'elle représentait son arme ultime. [...] Damen l'avait vu éviscérer bien des gens avec cette langue. A présent, il l'appliquait au plaisir, maniant non plus les mots mais le sexe de Damen.

"Tu vois une panthère ouvrir la gueule, tu ne lui présentes pas ta queue."

- Charls! s'exclama Charls
- S'il s'agit de Charls, alors qui êtes-vous ? s'enquit le commandant dérouté.
- Moi? répondit Charls. Je suis...
- C'est lui Charls, intervint l'aubergiste. Ca fait huit ans que je le connais.
- C'est exact. Lui, c'est Charls. Et moi, je suis Charls. Nous sommes cousins, osa le marchand. Nous avons hérité du nom de notre grand-père, Charls.
- Merci Charls, dit Laurent.

- S'ils viennent par ici..., commença Nikandros à voix basse.
- Ohé ! s'époumona Laurent avant de se hisser sur le toit du chariot en prenant appui sur la roue avant.
Il tenait dans la main un morceau de tissu jaune qu'il s'était mis à agiter pour attirer l'attention d'u bataillon.
- Ohé, les Akieloniens !
Damen sentit son estomac se nouer et fit un pas en avant, impuissant.
- Arrêtez-le ! se lamenta Nikandros en l'imitant.
Trop tard. A l'horizon, le bataillon avait dévié aussi abruptement qu'un vol d'étourneaux.

- Je désire réitérer mon profond désaccord, souligna Nikandros.
- C'est noté, répondit Damen.

- Vous devriez demander à votre esclave de vous en préparer.
- Va donc m'en préparer une tasse, ordonna le prince.
Damen se leva... et se fixer.
Laurent semblait s'être pétrifié.

Damen attendit que Laurent trouve une manière de s'extirper de cette situation, d'éviter le piège en denouant le problème avec un bon mot. Les étendards battaient bruyamment dans le vent. Tous guettaient dans un silence de mort la réponse du prince.
- Pourquoi pas ? répliqua Laurent.

- Combien de coups de fouet ? Cinquante ? Cent ? Il aurait pu en mourir !
- Oui, c'était effectivement le but.