Citations sur Sans amour (12)
Qu'elle ne tombe pas enceinte était un souci majeur. Nous vivions un amour sans confort: sans téléphone, sans préservatifs, sans chambre à nous, sans expérience. Avec notre seule curiosité émue, notre désir de connaître cela, d'y accéder, d'avoir accès à un corps de femme, d'homme. (p. 130)
Il faudrait s'occuper de soi, répondre à ce que la vie attend : à ce qui est nécessaire si l'on veut vivre.
Mais veut-on vivre ? Jusqu'à quel point le veut-on ? (p. 84)
Il faut vivre, mais c'est désespérément difficile. (p. 99)
La guerre agit sur eux deux, et ce qui les avait rapprochés les sépare. La guerre inspire à l'une le goût du confort et de la paix, à l'autre une sorte de frénésie de vivre. (p.102)
Que devient le corps intouché ?
il essaie de s'oublier lui-même, dans la bonne santé, qui par définition est silencieuse et ne tourmente pas, ou dans les afflictions et les maladies , qui l'occupent. (p. 67)
Quand il faut continuer à prendre soin de soi, un risque s'ouvre chaque jour, moment après moment, une bifurcation, un doute: pour qui faire cet effort souvent pénible, en pensant à qui ou à quoi ? Ce peut être par fidélité à une image de soi telle qu'on était aux yeux de celui ou de ceux pour qui on existait et on existe encore (...) (p. 10)
Les femmes du square donnent leur capacité d'aimer à d'autres personnes âgées comme elles, ou plus âgées, qu'elles secourent. A un animal familier, ou aux pigeons. Ces diverses relations sont une sorte de mariage chaste (...) D'autres ne vivent plus pour personne; elles chérissent ou cajolent des souvenirs. (p. 29)
J'imagine que Mme Salzberg, comme ma mère, écoutait la musique sans en être profondément affectée. Elle y sentait sa solitude prise en charge et relayée, et donc allégée. (p. 43)
La chasteté subie, je la mesure dans le passage des jours et des nuits, le soir au moment de fermer les volets, en un geste un peu maniaque, pour aller me coucher seul. La banalité du geste est comme la fermeture d'une geôle, celle de la solitude, de la nuit où je serai reclus, incarcéré dans un temps qui s'écoule et s'épuise (...) (p. 69)
Souvent, solitaire moi-même, pour penser aux femmes solitaires je vais au square les regarder et les imaginer. (p. 14)