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Critique de Denis3


Denis3
09 septembre 2022
Voici donc la dernière partie de la trilogie. Panisse meurt, et avec lui les arrangements pris il y a vingt ans Bien sûr, Fanny devient sa veuve, Césarion reste son fils, et César le parrain de celui-ci. de Marius, pas un mot. Et la joyeuse équipe d'Escartefigue, monsieur Brun et même le Chauffeur continuent leurs parties de boules. Mais un vide s'est ouvert, et la nature a horreur du vide ...

Quand je me retourne vers cette trilogie, je ne vois que des gens merveilleux ! Ils vivent ensemble, restent ensemble malgré les coups durs ( sauf Marius...), l'esprit pratique et le sens de l'humour les soutiennent. Ils ne doutent ni d'eux mêmes ni de leur repères . S'ils se posent des questions, ce 'est pas pour longtemps. Et puis il y a le soleil, la nature, la cuisine ! Une communauté chaude et bienveillante, où les seuls coups sont des coups de geule et où tout finit par s'arranger à table.

Mais quand je me demande si j'aimerai y vivre, je réponds sans hésitation : non ! Quoi ! Supporter ce fier à bras de César ? Ce faux cul d'Escartefigue ! Passe encore pour monsieur Brun, même s'il est un peu rasoir. Panisse me fatiguerait vite, il me fait penser à Balladur ! Marius, qu'est-ce que vous voulez que je lui dise à Marius ? Et Fanny, c'est une brave fille, mais j'ai l'âge d'être son grand-père. Qu'est-ce que j'irai faire dans cette galère ?

Comme quoi voir de loin n'est pas vivre en dedans. Une pièce, un roman sont des expériences qui nous convient à les visiter. Sans nous en apercevoir, nous passons par le vestiaire en entrant et devenons des personnages , témoins silencieux du spectacle. Ce que nous vivons à l'intérieur du texte ne peut pas se transférer vers l'extérieur, vers notre vie quotidienne, où nous sommes, nous aussi, quelqu'un d'autre... Nous laissons notre costume en sortant.

Pagnol a construit une merveilleuse petite machine opérant sur des émotions et des rôles bien connus. L'histoire de Marius et de Fanny fournit la dynamique de base et propulse le récit : chacun peut compatir avec la vulnérabilité que confère lamour sous toutes ses formes, la peur de la trahison toujours possible. César est une autre force motrice : la figure caricaturale du père, dominant, emprisonnant, tonitruant. Adouci par l'humour et un certain ridicule. Panisse est sa nécessaire contre-partie, le souffre-douleur. Escartefigue et monsieur Brun sont des faire-valoir. Césariot - né hors du périmètre controlé par César - est le fils autonome, adulte, réussi que Marius n'a jamais eu l'occasion de devenir. Jeune, beau, polytechnicien et riche. C'est le rédempteur qui remet en marche l'histoire après la mort de Panisse.

Construire une intrigue, concevoir des personnages qui vont la porter, dessiner les tensions qui font progresser l'histoire, et amener les ruptures et les virages : quel métier ce doit être que celui d'auteur ! C'est de la haute cuisine, et Pagnol était un chef étoilé.
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