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Trilogie marseillaise tome 3 sur 3
EAN : 9782266000765
288 pages
Pocket (09/09/1998)
4.07/5   913 notes
Résumé :
Vingt ans ont passé. Marius est devenu garagiste à Toulon, Fanny est la riche madame Panisse, et César le parrain de Césariot, le fils de Fanny, élève à Polytechnique. Lorsque Panisse meurt, il veut que le jeune homme apprenne qu'il n'était pas son véritable père... En 1936, Pagnol décide de conclure l'histoire de ses héros marseillais. Il est maintenant cinéaste et c'est directement pour l'écran qu'il écrit César, dont il publie cependant le texte. Il démontre avec... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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Un autre Pagnol et un autre Bijou... (oui avec une majuscule, alors que chou et hibou n'en prennent pas je sais...)

C'est comme à chaque fois doux et chaud, ça sent bon la lavande et l'anis, et le vieux port est plein de ces personnages espiègles mais toujours avec un bon fond, affublés de sobriquets également toujours aussi beau tel Escartefigues ou cesariot.

Vous l'aurez compris c'est toujours aussi magnifique, et je me pose ici une question : que serait la littérature Française sans Marcel Pagnol? Que serait la littérature mondiale sans Marcel Pagnol? Et une dernière, n'ayons pas peur, osons nous la poser : Que serait le Monde sans Marcel Pagnol?????
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Voici donc la dernière partie de la trilogie. Panisse meurt, et avec lui les arrangements pris il y a vingt ans Bien sûr, Fanny devient sa veuve, Césarion reste son fils, et César le parrain de celui-ci. de Marius, pas un mot. Et la joyeuse équipe d'Escartefigue, monsieur Brun et même le Chauffeur continuent leurs parties de boules. Mais un vide s'est ouvert, et la nature a horreur du vide ...

Quand je me retourne vers cette trilogie, je ne vois que des gens merveilleux ! Ils vivent ensemble, restent ensemble malgré les coups durs ( sauf Marius...), l'esprit pratique et le sens de l'humour les soutiennent. Ils ne doutent ni d'eux mêmes ni de leur repères . S'ils se posent des questions, ce 'est pas pour longtemps. Et puis il y a le soleil, la nature, la cuisine ! Une communauté chaude et bienveillante, où les seuls coups sont des coups de geule et où tout finit par s'arranger à table.

Mais quand je me demande si j'aimerai y vivre, je réponds sans hésitation : non ! Quoi ! Supporter ce fier à bras de César ? Ce faux cul d'Escartefigue ! Passe encore pour monsieur Brun, même s'il est un peu rasoir. Panisse me fatiguerait vite, il me fait penser à Balladur ! Marius, qu'est-ce que vous voulez que je lui dise à Marius ? Et Fanny, c'est une brave fille, mais j'ai l'âge d'être son grand-père. Qu'est-ce que j'irai faire dans cette galère ?

Comme quoi voir de loin n'est pas vivre en dedans. Une pièce, un roman sont des expériences qui nous convient à les visiter. Sans nous en apercevoir, nous passons par le vestiaire en entrant et devenons des personnages , témoins silencieux du spectacle. Ce que nous vivons à l'intérieur du texte ne peut pas se transférer vers l'extérieur, vers notre vie quotidienne, où nous sommes, nous aussi, quelqu'un d'autre... Nous laissons notre costume en sortant.

Pagnol a construit une merveilleuse petite machine opérant sur des émotions et des rôles bien connus. L'histoire de Marius et de Fanny fournit la dynamique de base et propulse le récit : chacun peut compatir avec la vulnérabilité que confère lamour sous toutes ses formes, la peur de la trahison toujours possible. César est une autre force motrice : la figure caricaturale du père, dominant, emprisonnant, tonitruant. Adouci par l'humour et un certain ridicule. Panisse est sa nécessaire contre-partie, le souffre-douleur. Escartefigue et monsieur Brun sont des faire-valoir. Césariot - né hors du périmètre controlé par César - est le fils autonome, adulte, réussi que Marius n'a jamais eu l'occasion de devenir. Jeune, beau, polytechnicien et riche. C'est le rédempteur qui remet en marche l'histoire après la mort de Panisse.

Construire une intrigue, concevoir des personnages qui vont la porter, dessiner les tensions qui font progresser l'histoire, et amener les ruptures et les virages : quel métier ce doit être que celui d'auteur ! C'est de la haute cuisine, et Pagnol était un chef étoilé.
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https://www.youtube.com/watch?v=n83fKi85Iiw
Vous connaissez cette partie de cartes ? César et Escartefigue contre Panisse et Monsieur Brun.
On ne joue pas à la « parlante », LOL 😊
Cette scène fait partie de « La trilogie marseillaise ».
Alors que Marius (1929) et Fanny (1931) sont conçus pour le théâtre, César (1936), le dernier volet de la trilogie, est directement écrit pour le cinéma, avant d'être adapté pour le théâtre.
.
« César » est donc le troisième volet, cela se passe vingt ans plus tard.
C'est un classique plein d'humour !
Malgré la mort d'un homme, Marcel Pagnol réussit le tour de force de faire de cette pièce une comédie (avé l'assent de Marseilleuh, Peuchère ! )
Vingt ans ont passé. Césariot, polytechnicien à Paris, fils de Panisse et Fanny est rappelé d'urgence à Marseille, car son père a une sérieuse crise cardiaque.
L'humour de Pagnol est au top.
La tirade de César sur les différents dieux qu'on risque de rencontrer là-haut est sublime ;
L'échange entre le curé Elzéar et le docteur Félicien à propos de l'extrême onction est une franche rigolade, malgré le sérieux du sujet ;
Dans la partie de cartes de ce volet, avec le 4ème joueur, « l'absent », Pagnol rend bien le détournement des sentiments : la tristesse devient colère : ils se rendent vraiment compte qu'il n'est plus là…mais, je dirai, une sorte de « colère comique » à lire ou entendre.
Et puis, il y a le secret….
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Dans ce troisième et dernier volet de la trilogie de Pagnol, vingt ans se sont écoulés. le petit césariot, le fils de Fanny a bientôt 20 ans, l'âge qu'avait son père lorsqu'il s'est embarqué dans la marine, abandonnant ainsi Fanny et celui qui serait son fils (ce dernier point, il l'ignorait alors).
Après avoir réussi brillamment son école de polytechnique à Paris, césariot se rend ici à Marseille au chevet de celui qu'il croit être son père et qu'il aime comme tel, Panisse, car ce dernier est mourant.
Ce n'est que quelques années plus tard qu'il apprendra sa véritable identité et qu'il décidera, en secret, de se rendre à Toulon pour enquêter pour ce mystérieux "Marius" dont tout le monde autour de lui parle à voix basse.

Une trilogie très émouvante, drôle par moments, triste à d'autres, qui nous apprend que dans la vie, rien n'est irréparable et qu'il faut accepter de reconnaître ses erreurs ainsi que ses propres défauts et surtout, de ne pas avoir peur de tout recommencer de zéro. Dans la vie, si l'on a encore la santé, rien n'est jamais trop tard. le reste n'est qu'une question d'orgueil, souvent mal placé, qu'il faut apprendre à mettre de côté et accepter le fait de se remettre en question.
A lire, à voir, à entendre et à relire, à revoir...
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Quel plaisir de retrouver les protagonistes de Marius et Fanny vingt ans après !

césariot, l'enfant de Marius et Fanny, élevé par sa mère et son mari Panisse, qu'il croit être son père, est devenu un bel étudiant à polytechnique, jeune homme sûr de lui, d'un milieu aisé.

Panisse demande au prêtre, sur son lit de mort, que Fanny révèle ses origines à césariot lorsqu'il aura fini ses études. Deux ans plus tard, on va suivre cette révélation et ses conséquences.

Quelle belle mise en valeur de Marseille, Cassis et Toulon et de ses habitants !

Marcel Pagnol sait aborder tous les sujets, même les plus tristes, toujours avec une petite pointe d'humour. Ce récit donne des émotions : sourire, rire, agacement, colère, on souhaite même parfois intervenir dans la pièce…

Fanny pourra-t-elle enfin être heureuse ou sera-t-elle vouée au sacrifice à jamais, tout comme Marius, en raison d'une erreur de jeunesse ?

Cette trilogie m'a tellement enchantée qu'elle me donne envie de lire d'autres oeuvres de Marcel Pagnol, de partir à la découverte d'autres pièces de théâtre et également de visionner d'autres vieux films après avoir vu les adaptations cinématographiques.

C'est peut-être cela avoir du talent : savoir créer l'envie d'aller plus loin ! Et Marcel Pagnol, du talent, il n'en manquait pas que ce soit en tant qu'écrivain, dramaturge, cinéaste ou producteur…
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Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
CÉSAR : Oui, peut-être. Mais moi, il y a une idée qui me tracasse : Le Bon Dieu d'Elzéar, — le nôtre, enfin — SI ÇA N'ÉTAIT PAS LE VRAI ?
ESCARTEFIGUE : Oh ! couquin de Diou !
HONORINE : Mais qu'est-ce que vous dites ?
CÉSAR : Je veux dire que je connais des musulmans, des Hindous, des Chinois, des nègres. Leur Bon Dieu, ce n'est pas le même, et ils ne font pas comme nous !… Nous, nous avons des péchés, que chez eux c'est une bonne action, et versi versa… Peut-être qu'ils ont tort, remarquez bien… Seulement ils sont des millions de milliasses… S'ils avaient raison, monsieur Brun ?
M. BRUN : Il est certain que la question peut se poser.
CÉSAR : Le pauvre Honoré est tout préparé, bien au goût du Bon Dieu d'Elzéar. Et si, en arrivant au coin d'un nuage, il se trouve en face d'un Bon Dieu à qui on ne l'a jamais présenté ? Un Bon Dieu noir, ou jaune, ou rouge ? Ou un de ces Bons Dieux habillés en guignol, comme on en voit chez l'antiquaire, ou celui qui a le gros ventre ? Ou bien celui qui a autant de bras qu'une esquinade ? Le pauvre Panisse, qu'est-ce qui va lui dire ? En quelle langue ? Avec quels gestes ? Tu te vois, toi, déjà fatigué par ta mort, et tout vertigineux de ton voyage, en train de t'expliquer avec un Dieu qui ne te comprend pas ? Et tu as beau lui faire des prières, il te dit : « Quoi ? Comment ? Qu'est-ce que vous dites ? » Et il te le dit en chinois ?
ESCARTEFIGUE : Situation terrible. Là, tu me donnes le grand frisson.
HONORINE : Taisez-vous, grand mécréant. Et la Sainte Bible, alors, c'est des mensonges ? Et les Évangiles ? Vous n'avez pas honte de dire des choses pareilles devant l'enfant de chœur ?
CLAUDINE : Si vous alliez un peu plus souvent à l'église, au lieu de boire tant de pastis, vous sauriez qu'il n'y a qu'un Dieu ! Et ce Dieu, c'est le nôtre.
CÉSAR : Oui, évidemment, le bon, c'est le nôtre. Mais alors, sur toute la terre, il y a beaucoup de gens qui sont couillonnés. Ça me fait de la peine pour eux. N'est-ce pas, monsieur Brun ?
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César ( solennel) Monsieur Escartefigue, lorsque vous dites des choses pareilles, vous battez tous les records de stupidité; c'est à dire que vous serrez sur votre coeur les bornes du couillonisme, et que vous courrez à toute vitesse pour les transporter plus loin, afin d'agrandir votre domaine.

M.Brun (qui est arrivé pêndant la tirade et qui est debout) Cette déclaration a le mérite de la clarté.

Escartefigue ( navré) César, j'ai le regret de constater que tu m'exécutes sans jugement. Voyons, monsieur Brun...

C Monsieur Brun est de mon avis.

MB Probablement mais j'ignore de quoi vus parlez.

C Monsieur Brun, asseyez vous ... Mon petit Cesariot part ce matin, c.à.d. dans quelques minutes, avec ce vaurien de petit chauffeur, sur le bateau de sa mère, bateau que nous voyons d'ici. Le petit Cesariot a revelé le but de ce voyage : une visite à un ami. Eh bien selon moi cet ami est une ami-ye.

E ( à MB) Et je prétends que si le jeune homme a dit qu'il allait voir un ami-i, il n'y a pas de raison de croire qu'il va voir une ami-ye. Pour quelle raison ne pas le croire ?

C Parce que par pudeur il ment. Je te l'ai déjà dit mais c'est un mot qui t'échappe. La pudeur c'est un sentiment délicat et nuancé, un sentiment très fin, très joli. La pudeur, c'est tout le contraire de l'Escartefiguerie. Moi par exemple c'est par pudeur que je vous cache un secret qui est peut-être la cause du départ de mon Cesariot.( Avec force) Ce secret, je ne peux pas vous le dire. (Avec moins de force) Enfin, je ne peux pas vous le dire à la terrasse...

E Rentrons alors...

C (digne) Je ne peux pas vous le dire à tous à la fois, et si vite que ca. Parce qu'un secret, ce n'est pas quelque chose qui ne se raconte pas. Mais c'est une chose qu'on se raconte à voix basse, et séparément. (A voix basse) Enfin, sachez seulement que Cesariot a appris quelque chose qui l'a beaucoup ému... Un grand secret qu'il ignorait.

Le Docteur Et que nous savons tous ...

MB Depuis vingt ans ...

C ( qui enchaîne) Depuis vingt ans. Et alors il est naturel que cet enfant aille passer huit jours auprès de son ami-ye, pour se sortir un peu d'ici, et peut-être même pour lui raconter cette romanesque aventure.

E Et pourquoi n'irait il pas plutôt se confier à un ami-i ?

C Parce que c'est plus joli que ce soit une jeune fille, une amoureuse. C'est son droit le plus légitime, et de plus ca me fait plaisir !

MB Et parce que ca vous fait plaisir vous exigez que ce soit vrai.

C Naturellement.

(pp. 87-89)
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Le chauffeur et Escartefigue sont assis au bord du trottoir. César, songeur, est assis contre le mur. Au milieu du trottoir, il y a un chapeau melon. M.Brun arrive. Il regarde le chapeau melon, puis il s'avance.

M. Brun Bonjour messieurs !

César Bonjour, monsieur Brun !

MB (montre le chapeau) Qu'est-ce que c'est que ca ?

Le Chauffeur Ca, monsieur Brun, c'est un chapeau melon. Quand vous êtes passé à côté, pourquoi vous n'y avez pas donné un grand coup de pied ?

MB Parce que je n'en ai pas vu la nécessité.

Escartefigue Vous ne l'avez pas vue parce que vous êtes Lyonnais. Un Marseillais, monsieur Brun, s'il voit un chapeau melon sur un trottoir, il ne peut pas se retenir, il shoute.

MB Et ensuite, qu'est -ce qu'il se passe ?

LC ( confidentiel) Ecoutez, monsieur Brun. Sous ce chapeau, il y a un pavé. Le premier qui va shouter, de tout sûr il se casse la cheville. Et alors, c'est rigolo. Ca s'appelle le jeu du trompe-couillon.

MB Ca pourrait aussi s'appeler le jeu du casse-guibolle.Et franchement, tu as bon espoir de casser la cheville à quelqu'un ?

LC (optimiste) Ah ! A plusieurs !

MB C'est saugrenu !

C C'est imbécile.

E C'est même criminel !

LC Oui, mais c'est amusant .

MB Je ne vois pas ce qu'il peut y avoir d'amusant à estropier des passants ! ( Un temps) Vous me faites marcher : il n'y a pas de pavé sous ce chapeau.

LC (simplement) regardez monsieur Brun. Voyez vous-même.

M.Brun soulève le chapeau. On découvre, en effet, un pavé.

MB ( stupéfait) Mais c'est vrai, ma parole ! J'avoue que je ne comprends pas qu'on puisse s'amuser aussi bêtement.

Il remet le chapeau sur le pavé.

C Et aussi dangeureusement. Vé,vé, en voilà un qui vient !

Il montre un monsieur qui s'approche .

E ( à voix basse) Celui-là est bon comme la romaine.

MB (interessé) Vous croyez que ca y est ? ( à voix basse il ajoute) " Mon Dieu mon Dieu !"

Le monsieur passe et ne donne pas le moindre coup de pied au chapeau.Déception générale.

C ( dégouté) Encore un Lyonnais.



MB (plein de remords) Le seul fait d'assister à ce jeu grotesque nous rend complices de ce vaurien.

E Nous assistons, mais nous désapprouvons.

C Et même nous blâmons, vé,vé, en voilà un bon ! Je crois que ca va y être...

On voit s'avancer Fernand. Il découvre de loin le chapeau . Il s'arrête, prend son élan et donne un formidable coup de pied. Tout aussitôt il se met à hurler et danse sur un pied, en se tenant l'autre à deux mains. César, Escartefigue, monsieur Brun éclatent de rire. Le chauffeur se tient les côtes. Fernand vient s'appuyer à une table de la terrasse.

C ( compatissant) Vous vousêtes fait mal ?

Fernand Si je savais l'enfant de garce qui m'a fait ce traquenard... Parfaitement, monsieur, c'est un traquenard ! ... C'est fait exprès, ca, parfaitement! ... et avec des souliers de chevreau ...

MB (inquiet) J'espère que vous n'avez rien de cassé !

F De tout sûr, je me suis cassé le baromètre.

MB Vous aviez un baromètre ?

F Oui, dans le soulier : mon cor... J'avais un cor superbe... Sensible et tout... Je savais le temps trois jours à l'avance ...

(pp.147-150)
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Marius Ca m'étonne que vous soyez de Marseille.

Césariot Pourquoi ?

M Parce que vous n'avez pas l'accent.

C J'ai été élevé dans les lycées, puis à Paris. Et à Paris, j'ai travaillé pour corriger mon accent. J'ai même pris des leçons pour le perdre.

M Ca par exemple ! Et pourquoi vous vouliez le perdre ?

C Parce qu'au lycée on se moquait de moi. On m'appelait Marius et on me demandait des nouvelles d'Olive.

M ( charmé) Ce qu'ils peuvent être couillons quand même ces Parisiens ! Et vous, dites , vous avez un accent et vous payez des leçons pour en prendre un autre ! ( Il tire brusquement sa ligne) En voilà un !

C ( pendant que Marius remonte sa ligne) Gros ?

M Il n'est pas gros mais il est vaillant. Il tire de tout son coeur ! ( Il sort sa prise de l'eau. C'est un joli poisson rougeâtre) C'est un saran... Il tiendra bien sa place dans la soupe de ce soir ! ( Il change l'appât de sa ligne) ... Et à Marseille, de quel quartier vous êtes ?

C De la rue Paradis. Au bout, près de Saint-Giniez...

M ( plein d'admiration) Oh ! Mais dites, un peu plus vous étiez du Prado ! Il faut qu'ils soient riches vos parents !... D'ailleurs, quand on a un bateau comme celui-là, ca prouve qu'on peut acheter le vinaigre au litre. ... ( il regarde la ligne de Césariot) Vé,vé, il y en a un qui vous sonne ! ( Césariot tire sa palangrotte, Marius le regarde, Césariot tire un beau " roucaou") Une lucrère ! N'ayez pas peur, ca ne pique pas; donnez, donnez ! (Marius prend la ligne de Césariot et décroche la lucrère) Ca, c'est du beau poisson. ( Il le met dans la corbeille).

C Et vous, vous êtes de Toulon ?

M Non, moi je suis Marseillais. Mon père a un bar au quai de Rive Neuve. C'est même ce qui a fait mon malheur.

C Votre malheur n'a pas l'air bien grave...

M Quand je dis "mon malheur", c'est que je compare la vie que j'aurais pu avoir avec celle que je me suis faite. Quand j'avais dix-huit ans, à force de voir des bateaux, il m'a pris l'envie de naviguer... Il me semblait que mon bonheur était de l'autre coté de la terre. J'y suis allé, il n'y était pas.

(pp. 108- 110)
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CESAR : (...) Moi, il y a une idée qui me tracasse : le Bon Dieu d'Elzéar, - le nôtre, enfin - SI CA N'ETAIT PAS LE VRAI ?
ESCARTEFIGUE, épouvanté : Oh, couquin de Diou !
HONORINE, scandalisée : Mais qu'est-ce que vous dites ?
CESAR : Je veux dire que je connais des musulmans, des Hindous, des Chinois, des nègres. Leur Bon Dieu, ce n'est pas le même, et ils ne font pas comme nous !... Nous, nous avons des péchés, que chez eux c'est une bonne action, et versi-versa... Peut-être qu'ils ont tort, remarquez bien... Seulement ils sont des millions de milliasses... S'ils avaient raison, monsieur Brun ?
M. BRUN : Il est certain que la question peut se poser.
CESAR : Le pauvre Honoré est tout préparé, bien au goût du Bon Dieu d'Elzéar. Et si, en arrivant au coin d'un nuage, il se trouve en face d'un Bon Dieu à qui on ne l'a jamais présenté ? Un Bon Dieu noir, ou jaune, ou rouge ? Ou un de ces Bons Dieux habillés en guignol, comme on en voit chez l'antiquaire, ou celui qui a le gros ventre ? Ou bien celui qui a autant de bras qu'une esquinade ? Le pauvre Panisse, qu'est-ce qui va lui dire ? En quelle langue ? Avec quels gestes ? Tu te vois, toi, déjà fatigué par ta mort, et tout vertigineux de ton voyage, en train de t'expliquer avec un Dieu qui ne te comprend pas ? Et tu as beau lui faire des prières, il te dit : "Quoi ? Comment ? Qu'est-ce que vous dites " Et il te le dit en chinois ?
ESCARTEFIGUE : Situation terrible. Là, tu me donnes le grand frisson.
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Extrait du livre audio « La Gloire de mon père » de Marcel Pagnol. Parution numérique le 17 avril 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/la-gloire-de-mon-pere-souvenirs-denfance-i-9791035414238/
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