Il est difficile de décrypter ses pensées derrière les traits de son visage déformé, mais il y a une certaine sincérité dans son regard. Elle change de position pour que sa main reste agrippée à la mienne et, l’espace d’une minute, tous les mauvais aspects de notre amitié disparaissent et toutes les années qui se sont écoulées depuis notre rupture n’ont plus aucune importance. Elle est la Amber que j’ai toujours aimée et admirée, et je suis Emily, sa petite protégée, sa meilleure amie.
Ce mec est un docteur en médecine pour les humains. Il peut s’occuper d’animaux aussi, mais il sait ce qu’il fait avec elle. D’ailleurs, c’est à se demander ce que fait un vrai docteur à temps plein dans un ranch, surtout s’il se fait passer pour un véto. Quel genre de blessures peut-il y avoir ici pour nécessiter de tels besoins ?
C’est humiliant. Humiliant de croire que je pourrais être le genre de personne qui pourrait rester avec un homme qui aurait pu tuer une personne que j’aimais – c’est difficile à admettre.
Elle a réveillé la créature qui sommeillait en moi – une bête enracinée au plus profond de mon être avec un appétit charnel immodéré et un besoin éperdu d’être caressée alors qu’elle s’agenouillerait devant la personne qui la nourrirait.
C’est ce jour-là que j’ai eu le premier aperçu de la personne que j’allais devenir et du rôle qu’Amber allait jouer dans ma vie. Elle serait le premier maître que j’aurais envie de satisfaire.
Mais en fait, ce que j’ai aimé dans ce dernier baiser, en partie du moins, ce n’était pas les sensations directes – de sentir ses lèvres, le ballet des muscles humides de nos langues – non, ce que j’ai aimé, c’est qu’Amber me dise de le faire… Enfin, quand elle m’en a donné l’ordre autant pour jouer que par amour.
« Il est génial, non ? Je savais que tu l’aimerais bien. Ça ne t’a pas embêtée que je te donne des ordres, là ? Quand je t’ai dit d’embrasser Rob pour lui dire au revoir ? – Pas du tout. J’ai bien aimé l’embrasser. » J’ai eu l’impression de lui mentir, ou en tout cas de ne pas lui dire toute la vérité. J’ai apprécié toutes nos activités du week-end, tous les trois ensemble. Toutes ces nouvelles expériences. Mais en fait, ce que j’ai aimé dans ce dernier baiser, en partie du moins, ce n’était pas les sensations directes – de sentir ses lèvres, le ballet des muscles humides de nos langues – non, ce que j’ai aimé, c’est qu’Amber me dise de le faire… Enfin, quand elle m’en a donné l’ordre autant pour jouer que par amour. Ce n’était pas la première fois que je m’apercevais de mon désir de me soumettre. Lorsque nous nous sommes rencontrées plusieurs mois auparavant, Amber avait déjà mis le doigt sur mon envie de céder. De faire plaisir. De m’abandonner.
Et l'amour que je ressens pour lui est si léger, comme une plume, comme un rayon de lumière, comme une chute éternelle qui promet de ne jamais toucher terre.
"Mon amour est si féroce, si dominateur qu'il me possède complètement. Il me change. Il fait de moi quelqu'un d'autre et pourtant je n'ai jamais autant assumé qui j'étais."
Puis je lui donne les quatre mots qu'il attend depuis si longtemps, les mots que je ne peux plus dire à Amber :
"Je te fais confiance."
"J'ai besoin de toi, Emily."
Il n'a jamais été aussi dux, même quand il m'a professé son amour. Il est honnête, si réel et résolument à vif.
Je caresse son visage du bout des doigts en lui répondant :
"J'ai besoin de toi, même aussi."