"Mon amour est si féroce, si dominateur qu'il me possède complètement. Il me change. Il fait de moi quelqu'un d'autre et pourtant je n'ai jamais autant assumé qui j'étais."
Et l'amour que je ressens pour lui est si léger, comme une plume, comme un rayon de lumière, comme une chute éternelle qui promet de ne jamais toucher terre.
L’enfer, c’est de regarder celui que j’ai serré tellement fort m’échapper. L’enfer, c’est de comprendre que celui que je me suis mise à aimer ne choisira jamais de m’aimer en retour.
Puis je lui donne les quatre mots qu'il attend depuis si longtemps, les mots que je ne peux plus dire à Amber :
"Je te fais confiance."
"J'ai besoin de toi, Emily."
Il n'a jamais été aussi dux, même quand il m'a professé son amour. Il est honnête, si réel et résolument à vif.
Je caresse son visage du bout des doigts en lui répondant :
"J'ai besoin de toi, même aussi."
"Je ne vous veux pas toutes les deux."
Non. Je ne peux pas l'entendre dire ça.
"Elle est la seule que tu peux avoir."
"Que je suis à toi."
Ses traits changent à peine et pourtant son visag s'illumine entièrement lorsqu'il me confirme avec fierté :
"Que tu es à moi."
"Ca ne change rien entre nous, Emily. Tu es toujours mienne."
D’un certain côté – mon côté tête de mule indépendante -, j’ai envie d’aller l’envoyer se faire foutre et me laver les mains de cet homme qui cherche à me dresser selon son bon plaisir.
Mais d’un autre, et ce côté-là est prédominant, j’ai envie de suivre ses règles. Je les aime d’autant plus qu’il m’est difficile de m’y soumettre. Lui faire plaisir n’est pas seulement satisfaisant – c’est une nécessité. J’en ai besoin pour trouver le bonheur, tout comme le sien dépend de mon obéissance.
Mais je me suis rebellée.
Un voile de honte vient de tomber sur ma belle humeur.
Il prend alors mon visage en coupe et attrape fermement mon menton. Il le relève pour planter mon regard dans le sien et me dit :
« Ne fais pas ça. Tout va bien. C’est pour ça que nous parlons.
-D’accord. »
Et avec ce simple avertissement, je comprends qu’il prend cette relation au sérieux, il veut que ça marche entre nous.
Cette prise de conscience fait monter d’un cran mes légers vertiges pour atteindre la plus parfaite des euphories, mais quelque chose retient mon excitation.
Les doigts de Reeve continuent à caresser mon ventre lorsqu’il me demande :
« Qu’est-ce qui t’empêche de combler mes attentes ?
-Tu le sais très bien… »
En fait, je suis tout aussi surprise que lui. Je l’ai toujours laissé faire le premier pas, parce que non seulement j’aime ça, mais lui aussi. Mais là, je suis trop bouleversée par mes propres émotions pour avoir envie de faire autre chose que de le serrer contre moi.