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Critique de SMadJ


Voilà un livre qui met en joie. Pour tous ceux qui ont aimé et commencé à fréquenter l'univers de Gipsy Paladini avec "J'entends le bruit des ailes qui tombent", il est réjouissant de retrouver ce bon vieux al Seriani pour sa première aventure. Pour les autres, ce n'est que du petit lait puisque l'expérience Paladini ne fait que commencer.

Néanmoins, si l'expérience a débuté par le second roman, c'est fébrile qu'on ouvre ce premier livre. Va-t-on l'aimer aussi ?

La genèse d'al Seriani...

Certains personnages vous marquent plus que d'autres, trouvent plus facilement un écho en vous, se frayant un chemin dans les ronces et les sentiers escarpés de votre vécu pour s'y immiscer et ne plus vous quitter. Pas que vous vous sentiez des points communs. Au vu du personnage susnommé, cela relèverait de la psychiatrie. Mais parce que, malgré des airs de gros dur, la violence collée à l'âme, ils vous apparaissent fragiles, blessés, en souffrance, perdus...

Se met alors en branle une mécanique merveilleuse, l'empathie.

Voilà ce qu'arrive à déclencher l'écriture de Gipsy Paladini quand il s'agit de son héros récurrent : al Seriani.

Et pourtant même s'il est flic, al est un connard : violent, alcoolique, misogyne, infidèle à ses femmes et ses amis, pas très malin (c'est lui qui nous le dit) et revanchard. À la base, on devrait s'en éloigner en courant et c'est là tout le talent de l'écrivain, on s'agrippe, on compatit pour lui.

Tu n'aimerais pas l'avoir pour pote mais à lire c'est jubilatoire.

Pour la petite anecdote, "Sang pour Sang" est le titre français du premier film des frères Coen (Blood Simple en V.O.). Un polar bien sûr. Difficile de ne pas y voir de référence explicite et une analogie puisque c'est aussi la première publication de l'auteure. Comme parrains que l'on se choisit, vous avouerez qu'il y a pire référence et que celle-ci vaut son pesant de beurre de cacahuètes.

Al Seriani fait toujours tomber des torrents de lave sur son entourage et les protagonistes qu'il rencontre ou interroge dans le cadre de son enquête. Et l'enquête est prenante, étouffante. Car Gipsy t'immerge dans un univers sans concession, sale, cynique et bruyant ; elle n'hésite pas à plonger ta tête dans un bain bouillant. Tu vas beau avoir envie de reprendre ta respiration, ce sera en vain, tant elle y maintient ta tête de force.

On a ce sentiment d'entrer en connivence brutale avec l'auteur tout en se demandant où elle va nous emmener. le twist final achèvera définitivement de balayer vos certitudes.

Même si ce premier roman n'évite pas le manichéisme et qu'on en distingue parfois la mécanique huilée, c'est néanmoins une intrigue musclée, une écriture déjà racée et un style affûté qui nous sautent en pleine figure.

"La vie est une patinoire, se dit-il. Un faux pas et on se retrouve sur le cul. Si par malchance on tombe mal, on ne se relève jamais."

Lire du Paladini, c'est prendre le risque de ne pas sortir indemne de sa lecture, ça fait l'effet du sel sur une plaie. Oui ça pique sévère. Ça laisse des traces indélébiles sur la peau. Que voulez-vous ? No Pain, No Gain !
3.5/5
Lien : http://cestcontagieux.com/20..
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