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Critique de thereader83


Choke est pour moi un des meilleurs romans de Palahniuk, à classer aux côtés de Fight Club et de Survivant. Roman souvent mal jugé, au mieux comme une succession de délires provocants, au pire comme une farce absurde de mauvais goût, Choke est à redécouvrir sans a priori.
Choke c'est l'histoire de Victor Mancini, accroc a sexe et figurant dans un parc historique, qui doit enchaîner les petits boulots et les arnaques pour permettre à sa mère, Ida, de survivre dans un hospice pour personnes âgées désorientées. On comprend au fil des pages qu'Ida, ancienne activiste dérangée, a détruit l'enfance de son fils, que Victor est accroc au plaisir mais qu'il est incapable d'aimer, que Denny collectionne les pierre pour ne pas sombrer, que le Dr Paige est bien moins équilibrée qu'elle n'en a l'air. Dans ce livre, la folie a du sens, elle n'est pas gratuite, elle s'explique. Palahniuk ne sombre pas dans l'absurde pour le plaisir de perdre le lecteur.
Le roman s'ouvre sur une provocation de l'auteur, "si vous avez l'intention de lire ceci, n'en faites rien, ne vous donnez pas cette peine [...] il doit bien y avoir mieux à la télévision". Efficace. Palahniuk nous transporte ensuite dans une monde de folie, des réunions des sexoliques anonymes aux reconstitutions puritaines du XVIIIème siècle, d'un hospice de vieilles déjantées psychotiques à un bar de strip-tease sordide. Palahniuk enchaîne les séquences et nous amuse. Ce livre n'est pas si provocant, il est surtout très drôle. Les scènes les plus intéressantes du roman, celles qui nous offrent la clé de la psyché de Victor sont tous les flashbacks dans lesquels nous le retrouvons enfant, en fuite avec sa mère, plus exactement kidnappé par sa mère. Nous retrouvons la lucidité de Palhaniuk dans les discours subversifs d'Ida qui offre à son fils de tristes leçons de choses. Tristes? Pas tant que ça. le nihilisme de Palahniuk, comme toujours n'est pas un nihilisme pessimiste. Peut-on parler d'un nihilisme humaniste? N'accepte pas le monde tel qu'il t'est donné, construit un monde un ton image... Si Ida à détruit le jeune Victor, si elle continue à le rendre fou, elle lui offre néanmoins la possibilité de construire quelque chose d'autre, quelque chose de meilleur. "Ou alors nous pouvons décider pour nous mêmes. Et peut-être est-ce notre travail d'inventer quelque chose de meilleur." C'est dans les dernières pages de son roman que Palahniuk quitte le registre de la farce pour nous offrir une réflexion très poétique sur le sens de l'existence dans une scène troublante, presque onirique. Quand il amuse et provoque Palahniuk est très bon, quand il devient sérieux, il est excellent.
Choke est un roman lucide qui nous offre de belles réflexions sur le la vie, l'enfance, la morale, le sens de l'existence ou plutôt son non-sens, le don de soi, la folie, la religion, l'amitié, l'amour filial, l'amour maternel...
Choke est un roman à redécouvrir, à lire et relire plusieurs fois pour en trouver la substance, ce que je fais depuis plus de dix ans.
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