- Le foyer, c'est le cinéma, et le milieu ouvert, la photographie. Un film, tu le vis à je ne sais combien d'images par seconde, et l'histoire t'embarque. La photo, elle reste figée, mais à force de la regarder, tu perçois les détails, le second plan. Le milieu ouvert, c'est ça : tu as l'impression d'avoir perdu le contact, alors qu'en fait tu as pris du recul pour comprendre ce que tu regardes.
[…] n’oubliez jamais que les dés jetés à la naissance ne sont pas une fatalité. Il y aura des mains tendues. Soyez assez modestes pour les saisir.
Leur faire entendre qu’en rentrant dans le rang ils éviteraient la taule ou le cimetière, c’était comme crier dans le désert.
A quatorze ans, la mort, ils n’y croyaient pas.
L’avenir, vous pouvez le prendre par tous les bouts, face à un gamin de seize ans qui a décidé de vivre au jour le jour, c’est un mot qui ne veut rien dire
Les mômes, ils ont beau rien savoir de la vie, parfois, c’est quand même eux qui font la loi.
Wilfried pensait que les morts finissaient dans un cimetière. Un employé au teint laiteux creusait un trou dans l'herbe grasse, un prêtre traînait son air grave au-dessus du cercueil, racontait des salades pendant une demi-heure, chacun jetait une poignée de terre mouillée et le repos pouvait commencer. Il ignorait qu'on brûlait les pauvres.
L’avenir, vous pouvez le prendre par tous les bouts, face à un gamin de seize ans qui a décidé de vivre au jour le jour, c’est un mot qui ne veut rien dire. (Page 155)
Il refuse de réussir comme s'il rejetait l'avenir. (p. 141)
Wilfried écoutait, tête basse, posant ses pas dans la craie blanche.
- J’ai vu des joueurs partir avec un pied qui ne leur servait qu’à monter dans le bus, revenir en athlètes, des coureurs de cent mètres, toujours aussi mauvais de ce pied faible. On va te parler de tactique, de préparation physique, tu vas faire de la musculation, mais Will, s’il te plait, n’oublie jamais : le football n’est pas ton métier. Ton métier c’est d’être un enfant.
Elle avait fait du Droit à Evry en pensant devenir avocate dans l'humanitaire, et avait tout plaqué après un stage dans une ONG. Les bons samaritains claquaient des sommes folles en alcool, prenaient quelques selfies avec des Noirs au ventre gonflé et rentraient le coeur léger, heureux d'avoir vécu une 'aventure'. Ça l'avait vaccinée.