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Citations sur Fruits & légumes (14)

Dans l'air sépulcral, la 2 CV camionnette démarrait avec un drôle de bouton placé à la droite du volant. Il fallait le tirer entre l'index et le majeur en pompant d'un pied énergique la pédale d'embrayage. Nous eûmes le même souci, plus tard, avec une Ami 6. La voiture toussait comme un phtisique et réveillait tout le quartier. Sofinco, notre teckel irascible - douze ans et pour sobriquet le nom d'un organisme de crédit - gueulait comme une truie qu'on égorge tandis que Nicole Le Bihan, notre voisine, ouvrait ses volets en hurlant. Maritorne rousse à l'ample poitrine, la quarantaine sévère - mère d'une demi-douzaine de dégénérés mâles et femelles qu'elle avait eus d'un ancien teinturier qui s'était jeté sous le car Quimper-Pont-l'Abbé un matin, on le comprend, où sa tristesse avait pris le pas sur les maigres joies conjugales -, Nicole n'avait pas d'adversaire de sa trempe dans l'art de l'insulte. Mais Sofinco, tout excité, continuait de plus belle dans les aigus stridents. Quant à mon père, casquette vissée sur la tête, gitane au bec, il filait doux.
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Les Bretons préfèrent les étrangers aux Français quoi que les Français soient aussi des étrangers pour les Bretons.
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Les cageots étaient soigneusement rangés les uns contre les autres et les légumes artistiquement placés façon impressionniste. Le rouge des tomates tout humides de rosée faisait ressortir le corail des poivrons. Le jaune paille des oignons associé au vert des concombres, au pédoncule des aubergines, vision pastorale d'un sentier automnal. L'orange coriace des carottes en bottes côtoyait le mauve violacé des betteraves cuites et le noir terreux des radis à peine sortis de terre. Fabuleux architecte, grand-père peignait des natures mortes.
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Mon père était sur pied tous les jours à trois heures du matin. Après avoir acheté sa marchandise chez les demi-grossistes, il rentrait à la maison vers les six heures pour se faire cuire des oeufs au plat et des saucisses aux herbes qu'il trempait dans de la moutarde éventée dont le pot vide en pyrex deviendrait bientôt mon verre à dents. Le grand défaut des saucisses à cette heure, c'est leur odeur grasse qui rampe, remonte, tenace, par les escaliers. L'esprit huileux des chipolatas ou des merguez grimpait le long des marches baptisant les rampes, les murs et les plafonds. Ma mère, dans sa chambre, en avait des nausées.Pendant qu'il mangeait, papa regardait le transistor comme on regarde une télé. Il fixait les grandes ondes, plongeait ses yeux déjà fatigués dans le Philips puis, après une brève mais néanmoins studieuse lecture des pages sports et turf de Ouest France sur le trône dont la chasse marquait le chant de son départ, repartait aux halles sans un mot. Maman se rendormait. J'écoutais, le nez encore plein d'exhalaisons toxiques, les éboueurs vider nos poubelles. Toute ma vie, il y eut un décalage horaire entre papa et moi. Mon père était "primeurs".
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De l'Espagne franquiste, Antonio Pablo Luna Coll passait donc à la France de Maginot. En 1939, après la déroute des républicains, la chute de Barcelone, celle de Minorque, commença l'exode de 400 000 Espagnols vers la France. C'en était terminé de la guerre civile. 600 000 morts, poussière d'os d'une guerre-éclair. Franco et l'Eglise, l'armée et la Phalange pouvaient régner pendant une quarantaine d'années. (p. 31)
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Les Bretons préfèrent les étrangers aux Français quoique les Français soient AUSSI des étrangers pour les Bretons. Disons que les étrangers "d'ailleurs" leur changent les idées qu'on dit fixes (...).
(p. 26)
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Robert Quintin, cinquante-quatre ans, en pleine santé, avait l'air immortel, les épaules larges du déménageur, l'estomac plat du marathonien, la nuque bien raide du gradé, les cheveux gris comme plaqués au beurre sur un crâne massif. La mâchoire d'un australopithèque attardé. Entre sa lèvre supérieure et son nez, une petite moustache en filet lui donnait l'air du con, implacable et prétentieux. (p.118)
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Marie se maria dès l'âge de dix-huit ans avec un clerc de notaire de cinq ans son aîné. Ils s'installèrent à Brest dans un petit pavillon charmant. Ils divorcèrent trois ans plus tard.

C'est alors que je réapparus, après quelques déboires sentimentaux. Son cerveau était un véritable courant d'air. C'est sans doute pour cela que je l'aimais puisque, par la suite, il s'avéra que je fus toujours attiré par le vide.(p.57/58)
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Pour tout dire, mon père n'eut jamais le virus ni du fruit ni du légume, encore moins celui du commerce. [...] Disons qu'il continua l'oeuvre de mon grand-père comme un fils de militaire perpétue la tradition sans y croire. C'est parce que les curés n'ont pas d'enfants qu'ils sont en perte de vitesse. Chaque profession se reproduit comme des animaux. (p.29)
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Après le marché , vers les deux heures de l'après-midi, fallait compter la recette. La dextérité de mon père pour faire glisser les billets. Un vrai banquier, pour une fois. Il passait son index sur la langue et écumait les biffetons. Un orfèvre. Enfant, je croyais que tout cet argent était pour nous?. Il m'expliquait que les trois quarts étaient pour les autres. Qui ? Les fournisseurs. A le voir épingler les Delacroix par dizaines, jamais je n'eus l'idée qu'un jour il pourrait déposer le bilan.
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