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Critique de Patsales


Kemal s'aperçoit que Sibel, sa fiancée, est vraiment une bonne copine, mais que c'est Füsun qu'il a dans la peau, Füsun qu'il va perdre, retrouver, perdre à nouveau.
Bien sûr, on pense à Proust. Et pas seulement parce qu'il s'agit des affres de la passion et de la jalousie: c'est la bourgeoisie stambouliote qui nous est montrée, louchant sur l'Occident comme les Verdurin sur la duchesse de Guermantes. Kemal gâche sa vie -ou peut-être pas, ruine son entreprise avec désinvolture et goûte fasciné à la vie des pauvres: manger le dîner préparé par Belle-maman en regardant la télévision.
Mais en fait non, c'est à Nabokov que j'ai pensé. Bien sûr, Kemal n'est pas Humbert mais comme lui il pérore sur ses joies et ses peines tandis que Füsun, comme Lolita, demeure la grande inconnue, celle dont on ne saura jamais ce qu'elle pense, au fond. Füsun, vénérée comme une icône, n'obtiendra rien de ce qu'elle espère. L'homme qu'elle aime ne voit pas quelle plus belle marque d'amour lui donner sinon l'inviter à ses fiançailles avec une autre. L'homme qu'elle épouse la délaisse pour vivre au grand jour avec une vedette de cinéma. Et tous les deux se liguent pour l'empêcher d'être ce qu'elle veut devenir: une actrice. Elle n'obtient pas même les quelques jours d'abstinence demandés avant la nuit de noce.
Füsun, femme-objet, trouvera fatalement sa place dans un musée. Et si, aux dernières pages, Orhan Pamük prend la parole, c'est pour nous dire que seule la voix de Kemal résonnera dans ce livre, Kémal l'innocent, persuadé de sa bonne foi, convaincu d'être le gentil de l'histoire, droit dans ses bottes cavalières de grand romantique.
J'espère vraiment que Füsun n'est qu'une création romanesque. Sinon, ce livre est d'une tristesse insupportable.
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