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Critique de taganga2000


« Maintenant, je suis mon cadavre, un mort au fond d'un puits. J'ai depuis longtemps rendu mon dernier souffle, mon coeur depuis longtemps s'est arrêté de battre, mais en dehors du salaud qui m'a tué, personne ne sait ce qui m'est arrivé.»

Voilà l'incipit de ce roman policier très atypique, ceux qui sont fans de polars traditionnels, passez votre chemin !

Nous sommes en 1591 et @Pamuk nous raconte l'histoire de le Noir revenu à Istanbul après 12 ans d'exil mais aussi et surtout l'histoire des peintres de la Cour ottomane, Papillon, Olive et Cigogne, les principaux suspects du crime, les derniers à perpétuer la tradition des miniatures ottomanes, et l'histoire de ceux qui les ont précédés, dans les ateliers de peinture, durant 600 ans.

@Orhan Pamuk livre ici une oeuvre aux multiples facettes.

Roman historique car à travers l'histoire de ces maîtres miniaturistes, c'est toute l'histoire de l'Empire byzantin puis ottoman qui est conté par le biais des légendes rapportées par les différents protagonistes du roman.

Roman sur l'art et plus particulièrement sur le déclin de la peinture orientale qui avait échappé, jusque là, à l'influence de la Renaissance venue de Venise. Fini la surenchère des motifs dorés, l'échelle des objets s'inscrit désormais en perspective dans l'espace.
C'est l'âge d'or du portrait privé dont Titien, le Tintoret et Véronèse sont les maîtres absolus. Ils mettent en valeur l'humanité du modèle, jouent avec les ombres et lumières et s'opposent ainsi aux écoles persanes dont la tradition interdit ces évolutions. Chez ces derniers, le tableau doit représenter la vision de Dieu et non celle de l'artiste.
Les écoles de maîtres miniaturistes reçoivent de moins en moins de commandes royales et les artistes s'affranchissent du diktat gouvernemental pour vendre sous le manteau les nouvelles tendances venus de l'Occident. C'est le thème principal du roman de @Pamuk.

Roman d'amour entre la belle Shékuré et le Noir sur fond de traditions archaïques. Ici ce sont le poids des traditions et le libre arbitre de la femme qui sont abordés.

Le style du roman est d'une richesse inouïe.

Les histoires sont racontées comme si elles étaient, elles mêmes, des miniatures persanes, cela enlève toute l'empathie que j'avais tant aimé ressentir dans @cette chose étrange en moi, du même auteur, mais en même temps cela s'inclue parfaitement à toute l'histoire.

La narration alterne entre les points de vue des personnages de l'histoire et les points de vue des dessins représentant qui une pièce d'or, qui le diable, qui un arbre, qui la mort ou encore, sans doute un de mes chapitres préférés du roman : l'histoire de la couleur Rouge, omniprésente dans l'art perse, qui se transforme en narratrice.

@Pamuk impulse parfois un rythme effréné à son histoire et c'est en cela que l'on peut qualifier le roman de polar, il joue avec les mots, avec la langue et se permet des excentricités surprenantes.
« Allez, mam'zelle Scarlet » mais tout est réfléchi, maîtrisé, le talent transpire à chaque page.

Pas de doute @mon nom est rouge est, selon moi, un très grand roman. Je ne saurai que le recommander à tous les lecteurs férus d'Histoire et de Grande Littérature.

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