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Critique de afriqueah


En cinquante neuf chapitres, exposant le point de vue des uns et des autres, Orhan Pamuk fait en premier s'exprimer un mort au fond du puits, puis un chien, puis un arbre, puis l'assassin, puis des amoureux contrariés, puis un grand nombre de participants, dont un travesti qui revêt les culottes de sa mère et « a la trique », tous faisant allusion aux peintres de miniatures, dans cette ville d' Istanbul de la fin du XVI · siècle.
Et la raison du meurtre est liée à ces miniatures persanes, confrontées, perverties ou enrichies par les peintures de l'Occident.

Malheureusement, la lecture de ce thriller artistique, qui aurait tout pour me plaire, avec cadre Istanbul, Ispahan, et Boukhara, enfin la splendeur de Samarkand, toutes ces villes que j'ai eu la chance de visiter, avec thème les miniatures persanes, représentant toutes des hommes et des femmes se prenant amoureusement dans les bras, des chevaux, des jardins -puisque les premiers jardins appelés Paradis, ont été conçus à Bagdad- m'a laissé perplexe quant à ma capacité à entrer dans une culture qui m'est étrangère.

Orhan Pamuk a certes voulu à bon droit faire connaître son monde, et a reçu le prix Nobel en 2006 pour cet ouvrage compliqué mais à mon avis ( juste mon humble avis, ne m'envoyez pas d'injures cette fois-ci ) il a non pas écrit « une subtile réflexion sur la confrontation entre Occident et Orient, » mais nous a noyés dans les noms des peintres, les intrigues de cour, l'histoire si complexe qu'il n'explique à aucun moment, comme si nous devions connaître l'histoire de Tamerlan, qui extermine toute la population et fait déporter femmes , enfants et artistes à Samarkand, l'influence des artistes chinois apportée par les Mongols au XIII· siècle, Soliman le Magnifique arrêté à Vienne, représentant de l'Age d'or de la culture ottomane, Akbar qui crée un atelier de miniaturistes à Agra, les civilisations timourides et ottomanes. (Une chronologie est jointe au livre, bien utile mais un peu fausse : le peintre qui dresse de Mehmet un des premiers portraits n'est pas Giacoppo, mais bien Gentile Bellini , son fils)

Qu'ai-je compris de ce fouillis de noms de peintres, de sultans, de Livre des Rois, Trésor des secrets et autres calligraphies persanes?

J'avoue, rien, car il aurait fallu à chaque page que je m'informe de ces trésors bien connus de l'auteur. Et lorsqu'une lecture devient pesante, faisant appel à des connaissances pas connues sans les expliquer, le plaisir n'est plus là.

Est-il question de l'influence de l'art occidental sur l'Orient, -et prenez cette intervention pour ce qu'elle est : une vengeance de ma part, puisque j'ai rien compris au livre je dis ce que je sais- S'il s'agit de Gentile Bellini qui s'embarque depuis Venise jusqu'à Constantinople en 1479, qui peint le sultan Mehmet , dit le Victorieux , cet homme ouvert à la Renaissance italienne, et (Bellini)qui fait partie de la cour ottomane un an et demi ? Venise constituait le verrou entre Orient et Occident, en particulier pur les impôts à payer, et les multiples visites vers l'Est des jeunes vénitiens sont connues, aussi sa visite n'est –elle ni exceptionnelle, ni dénuée d'arrières pensées de la part des doges qui l'envoient.

Aurait-il par son portrait du sultan, peint pourtant de façon byzantine ( draperie ornée de pierres précieuses, tulipes, dont on sait qu'elles viennent d'Orient et qu'elles ont fait la fortune de beaucoup en Hollande) choqué Constantinople par sa manière justement de dresser un portrait individuel, représenté, identifiable , porteur des valeurs de la Renaissance , où l'Homme est au centre de l'univers et non plus Dieu? Les miniatures représentaient- contrairement à l'art musulman qui considère l'art comme une attitude blasphématoire vis-vis de Dieu -elles n'étaient pas abstraites, cependant ce ne sont pas des portraits personnels, mais stéréotypés, sans avant et arrière plans, sans perspective, sans le jeu entre l'ombre et la lumière.
Influences…
LC Thématique août : lire en couleurs
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