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sur 783 notes
Polina Panassenko est née à Moscou en 1989. En 1993 la famille émigre en France. Quand l'autrice est naturalisée française son prénom est francisé en Pauline. A l'âge adulte elle entreprend des démarches pour retrouver son prénom de naissance. Dans ce récit autobiographique, Polina Panassenko raconte son enfance entre deux cultures, la russe dans le cadre privé et la française à l'extérieur. La petite Polina comprend vite qu'elle a intérêt à séparer les deux : il ne faut pas parler russe à l'école ou avec les camarades de peur d'être moquée ; en Russie où la famille retourne chaque été on l'avertit de ne pas parler français. Elle risquerait d'être kidnappée si cela se savait qu'elle vit en France, lui dit-on.

J'ai aimé la description touchante de la relation affective qui l'unit à son grand-père, vétéran de la Grande Guerre Patriotique. Quand celui-ci meurt elle dit que cet événement familial ne prend tout son sens que lorsqu'elle prononce le mot mort en russe : oumer.
J'ai aimé la critique de l'injonction d'intégration que l'on fait à des personnes arrivées toutes petites en France. A travers son propre cas, quand la juge lui oppose que Pauline lui permettrait de mieux s'intégrer : « Je ne vais pas adorer du tout vivre avec un prénom choisit par le tribunal de Bobigny parce qu'il trouve que je m'intègre mieux avec ça. Parce qu'il trouve que comme ça, de la maternelle au cimetière, on garde à l'esprit que s'intégrer est un work in progress ».
A travers le cas de Jallal Hami, mort en bizutage à Saint-Cyr et qui fut son condisciple à Sciences Po.

Le style est enlevé, parfois caustique, souvent amusant et l'ensemble se lit facilement. le début du récit, qui correspond aux toutes jeunes années de l'autrice, est raconté comme vu à travers les yeux d'une petite enfant avec sa compréhension personnelle des événements qui la touchent. C'est une lecture que j'ai beaucoup appréciée.

Un dernier pour la route. Dans une église en Russie :
« je regarde l'affichette scotchée au mur. Un photomontage avant/après. Avant : image 3D D un foetus qui demande à sa mère de le garder. Après : image d'un petit garçon joufflu en tenue de la marine de guerre. Elle, elle n'avorte pas pour que lui, il parte au front. C'est clairement win-win. Je me demande qui a eu cette idée. Je me demande qui s'est dit : Elles vont voir ça, elles vont se dire, je le garde ! »
Lien : https://monbiblioblog.fr/ind..
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Quel joli petit livre,
de bout en bout j'ai cru entendre un inventaire à la Prévert,
la même légèreté,
les mêmes inventions de constructions
«en fait t'es la fille du tsar et t'aimes pas la révolution parce qu'on t'a pris tes bijoux eh on lui a pris ses bijoux alors elle est pas contente...»
J'ai aussi appris qu'en Janvier 1990, lors de l'ouverture du premier McDo à Moscou, il y avait une queue de 1,5 km ....
«L'inventaire commence...» dans les placards de la cuisine,
se poursuit dans tous les lieux où Polina a habité,
en passant par les épreuves judiciaires pour ne pas franciser son nom...
mais inventaire c'est ce livre...
Un plaisir de lecture.
Merci Polina.
Lien : https://holophernes.over-blo..
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Tenir sa langue est un roman destiné aux lycéens. Toutefois, le message qu'il délivre s'adresse à tous. Polina est d'origine russe. Elle s'établit en France, avec ses parents alors qu'elle est petite fille, au moment de la chute de l'URSS qui devient la Russie. Par souci d'intégration, son prénom Polina est transformé en Pauline. A l'âge adulte, elle souhaite retrouver son prénom de naissance et entame des démarches juridiques pour recouvrer son prénom, Polina. Cela ne va pas se passer sans mal. L'auteure fait alterner judicieusement chapitres sur son enfance russe, sa vie d'écolière en France, ses retours en Russie pour les vacances et sa vie d'adulte à la recherche de son identité. Un livre qui tombe à point sur l'intégration dans le contexte politique actuel.

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Pauline. Polina. France. Russie.

Cette histoire est simple, vraie et sans chichi.

L'écriture est à la fois drôle, humoristique, émouvante et mordante.

Dans ce roman, on suit Polina et son parcours. D'abord en Russie avec ses parents. Ensuite, leur déménagement en France et la vie qui va s'en suivre. Dans les pages qui défilent, on ressent toute l'innocence de l'enfance et l'interrogation face aux nouveaux éléments de son quotidien. On retrouve aussi la nostalgie de sa vie d'avant et de son ancien pays.
Des années plus tard, lorsqu'elle veut faire inscrire son prénom sur ses papiers d'identité, elle se rend compte que cela est impossible. Lorsqu'elle est arrivée en France, l'état a décidé qu'elle s'appellerait Pauline, pour son intégration. Polina entame une procédure afin de récupérer son prénom d'origine, prénom qui la rattache à ses racines, sa culture et sa famille.

Ce roman autobiographique de l'autrice est assez interpellant et pose de véritables questions. Il parle de nom, de langue, de quête d'identité. Pourquoi s'enfermer dans une seule identité? Pourquoi devoir renoncer à tout un pan de sa vie? Pourquoi devoir oublier et cacher d'où l'on vient afin de pouvoir s'intégrer dans un nouveau pays? A travers ce récit, on se rend compte de certains enjeux liés à la migration et la naturalisation.

Un premier roman abordant un sujet de société fort intéressant. Ce fut une lecture juste et touchante.
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Avec une plume irrévérencieuse, des jeux sur le langage réjouissants, des anecdotes parfois hilarantes, Polina Panassenko réussit à explorer subtilement les méandres identitaires d'une immigrée russe, naturalisée française à 14 ans.
Ne passez pas à côté de ce récit découvert dans le cadre d'un bookclub consacré aux romans familiaux.


C'est au tribunal de Bobigny que s'ouvre ce roman : Pauline, immigrée russe et naturalisée française à 14 ans, plaide pour retrouver son prénom de naissance - Polina - perdu sans même qu'elle ne s'en rende compte. En même temps que le lecteur découvre la narratrice dans ses démarches judiciaires ubuesques, elle dévoile peu à peu son histoire familiale ; on suit ainsi le cheminement qui l'a conduite à cette reconquête identitaire.

Tenir sa langue est d'abord un roman à la fois drôle et émouvant qui raconte l'histoire d'une famille russe aux prises avec les derniers soubresauts de l'Histoire soviétique. Alors que parents et grands-parents maternels sont aux abois devant le poste de télévision, assistant en direct à l'effondrement de l'URSS, c'est par le prisme de la narratrice, alors âgée de 5 ans que nous appréhendons les événements, à l'instar de ces « grosses boîtes kaki avec une sorte de kaléidoscope intégré roulant les unes derrière les autres » lors du putsch de 1991. A partir de ces bribes d'informations, le lecteur attendri peut ainsi reconstituer ces épisodes marquants de l'Histoire russe qui ont bouleversé le quotidien de la famille, jusqu'au déménagement à Saint-Etienne.
Le récit par la jeune Polina des découvertes gastronomiques, culturelles et sociales du pays d'adoption donne alors lieu à des passages savoureux ; mais il est aussi émouvant, notamment quand elle évoque la maladie de sa mère ou lorsqu'elle se remémore les retours estivaux dans la datcha familiale : les retrouvailles avec les grands-parents dans « ce jardin d'Eden » contribuent à alimenter la mythologie familiale et à cimenter l'attachement de Polina à la culture russe. Tenir sa langue ou plus précisément « tenir à sa langue » se présente d'abord comme un bel hommage à son histoire familiale et à une culture riche et emblématique.

En outre, le roman explore avec subtilité et beaucoup d'humour les tiraillements « langagiers » auxquels est en proie la narratrice, écartelée entre le russe parlé à la maison et le français qui envahit peu à peu son quotidien ; aussi apprend-elle à « tenir sa langue », ou plutôt « tenir ses langues : « Russe à l'intérieur, français à l'extérieur. C'est pas compliqué. Quand on sort on met son français. Quand on rentre à la maison, on l'enlève. » Si dans leurs formulations, les craintes de la jeune Polina prêtent souvent à sourire, elles révèlent la difficulté de faire coexister deux langues qui semblent se mener une guerre sans merci : d'un côté, sa mère veille à ce que sa fille se nourrisse suffisamment de « russe », n'hésitant pas à chaque occasion à chasser les mots parasites français ; de l'autre, la jeune fille ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine gêne quand elle l'entend chanter en français : l'accent russe, pourtant chéri, devient un traître dès lors qu'il fait « tomber la langue natale dans le domaine public ».

Car, derrière l'obligation de « tenir sa langue », se décèle la peur, celle de l'étranger d'être démasqué, celle de l'autre d'être stigmatisé : « Pensez-vous que c'est dans votre intérêt d'avoir un prénom russe dans la société française ? », assène la procureure à Pauline alors que celle-ci tente de plaider sa cause. de fait, l'histoire de la narratrice entre en écho avec d'autres histoires, celle de sa grand-mère paternelle juive obligée de « russiser » son prénom, mais aussi celles de Jallal Hami rencontré sur les bancs de Science-po, ou de Khaïrulla/Fédia, immigré tadjik croisé après les funérailles du grand-père. Redevenir Polina devient alors la première étape émancipatrice grâce à laquelle la jeune femme pourra s'affirmer avec fierté et « frictionner » enfin harmonieusement « le français contre le russe ».

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Il est question non seulement d'un prénom, mais d'origines, de culture et d'appartenance à une lignée.
Pour s' intégrer une génération a délibérément francisé les prénoms, (exemple ma belle famille) ceux de leurs enfants, mais aussi parfois leurs patronymes (beaucoup d'espagnols fuyant le régime de Franco).
J'ai noté que sa maman, trop tôt sans doute disparue a voulu que sa fille connaisse, parle et écrive le russe.
Souvent quand un enfant est nouveau, il attire l'intérêt des autres. J'ai été surprise de la violence de ce rejet dès la petite enfance. Peut-être que l'enseignante aurait du l'intégrer davantage, ainsi d'ailleurs que ce petit Philippe isolé à cause d'un problème de bégaiement qu'on sait quand même gérer aujourd'hui, (et depuis longtemps déjà lorsque Polina était en âge scolaire).
Une belle brochette de souvenirs, ses grand-parents, et surtout son grand père tant aimé et si russe, si chauvin qu'il en est attendrissant.
La construction des phrases m'a parfois déroutée.
Une lecture faite plutôt rapidement.
Lien : https://leslecturesdejoelle...
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"Russe à l'intérieur, français à l'extérieur".

Lors de sa naturalisation française Polina, devenue Pauline, a perdu le droit d'utiliser son prénom russe. Ce prénom était également celui choisi par sa grand-mère paternelle juive pour russiser le sien et protéger ses enfants, Pessah devenu Polina.
Alors qu'elle souhaite le récupérer elle se trouve confrontée aux méandres de l'administration.
Ce livre est construit autour d'un aller-retour permanent, de la Russie à la France, du russe au français. Un écartèlement...
comment ne pas oublier la langue maternelle et en acquérir une nouvelle, sans jamais les mélanger ?
On vit à hauteur d'enfant l'arrivée à Saint Etienne et l'acclimatation en maternelle. L'apprentissage d'une nouvelle langue, de nouveaux sons, en totale immersion, grâce notamment aux publicités répétitives de la télévision. Aurait-on un jour imaginé que l'accent "Jean-Pierre Pernaut" équivaudrait à l'accent "BBC" que tous les étudiants en anglais rêveraient d'avoir, le nec plus ultra ?
Alors qu'en France Polina acquiert de nouveaux mots, sa grand-mère restée en Russie perd les siens.
Un livre tendre, joyeux et profond, qui questionne sur l'identité, la transmission et l'intégration.
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J'ai été subjuguée par la partie « arrivée en France » vue par une petite fille de 4 ans. Mais quelle violence son arrivée à l'école maternelle ! Ces bouches qui remuent et font un bruit blanc qui isole et emmure ! Parce que tout va de soi pour tout le monde, personne ne semble comprendre personne. Il va falloir s'y mettre !
Et comment garder l'équilibre ? Heureusement ses retours au pays réguliers permettent sans doute à Polina de garder des éléments d'identité russe pendant qu'elle construit une identité étrangère.
Je crois qu'à sa place j'aurais sans douté été virulente aussi sur la revendication de mon prénom, surtout après la disparition des grands parents qui entretenaient la dimension russe de l'identité.
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Pour moi, c'est un livre compliqué à chroniquer. On ne peut pas dire que j'ai aimé mais non plus que j'ai détesté. Un peu entre les deux. C'est aussi ce que je pense de l'histoire. Pas vraiment l'histoire d'une intégration mais pas celle d'un rejet d'un pays. Et trop de raccourcis, de situations non expliquées. Oui, c'est difficile de changer officiellement de prénom, oui l'exil est un déchirement entre deux pays, deux langues, deux cultures. Mais j'aurai aimé plus de détails sur pourquoi tout ça.
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D'emblée déroutée lorsqu'elle demande son changement de nom. En effet, pourquoi utiliser ce langage grossier ? Puis j'ai repris un peu d'intérêt lorsque Polina raconte sa vie en URSS avant son départ pour la France.
Mais j'ai trouvé tout au long de ma lecture que le récit était brouillon, de surcroît son style est confus et désagréable. Bref, je me suis ennuyée et je n'ai pas aimé.
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