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EAN : 9781506711836
424 pages
Dark Horse (03/12/2019)
4.5/5   1 notes
Résumé :
he revolution has been remastered and updated in this sci-fi thriller!

Hans, an American journalist with a photographic memory, escapes New York City after it falls under martial law. Traumatized by the deadly authoritarian crackdown he witnessed and harboring vital knowledge that can restore freedom and democracy back home, Hans takes refuge with a group of militant activists in Amsterdam--where a multi-national weapons manufacturer controls the leve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il comprend les 7 épisodes de la minisérie, initialement parus en 1994/1995, écrits et dessinés par Arnold et Jacob Pander. Pour cette nouvelle édition, les auteurs ont procédé à la mise en couleurs de l'histoire, initialement en noir & blanc avec des nuances de gris. Ils ont également réalisé un nouveau chapitre introductif d'une quarantaine de pages, également en couleurs, et retravaillé plusieurs pages. le recueil s'ouvre avec une introduction d'Arnold Pander écrite en mai 2019, expliquant sa démarche avec son frère de rééditer cette histoire, ayant observé une diminution significative de la liberté de presse aux États-Unis.

New York en 2023, à 21h00, le couvre-feu entre en action, mais Hans Nobel est encore dans la rue, avec dans la main un bout de papier sur lequel est écrit le mot Constitution. Il enclenche son mur de données, tout en sachant qu'il ne dispose que d'une tolérance d'un quart d'heure pour rallier sa destination. Il arrive enfin dans un appartement plongé dans le noir, dont l'interrupteur ne fonctionne pas. Il y retrouve Kara, la hackeuse la plus performante du groupuscule Echo. Elle lui apprend qu'elle est parvenue à craquer le code du pare-feu et qu'il va disposer de trente secondes pour le mémoriser. Il se met en place et commence son effort de mémoire, tout en se rappelant comment la génération précédente de la sienne a bien volontiers accepté de voir ses données enregistrées en l'échange de services instantanés. Mais progressivement cette acceptation volontaire a permis à certaines sociétés d'imposer des normes sociales, et les personnes qui ne s'y conformaient pas ont été considérées comme des déviants sociaux. Cela s'est combiné à l'instauration de l'état d'urgence après un attentat odieux et il s'en est suivi une restriction pernicieuse des libertés des citoyens. Ce soir, à l'occasion du nouvel an, Echo a organisé une manifestation de protestation à Times Square. La manifestation se transforme en carnage et Hans Nobel doit fuir à Amsterdam en Hollande.

À Amsterdam, Hans Nobel se rend à l'adresse qui lui a été remise par Echo. le soir de son arrivée, trois silhouettes encapuchonnées s'introduisent dans la luxueuse demeure de monsieur Raus. L'un d'eux appuie sur la gâchette de son arbalète, mais le carreau maque sa cible et passe à travers la fenêtre. Il atterrit non loin d'Hans qui le ramasse et continue son chemin. Il arrive à l'adresse indiquée, toque à la porte, explique qui l'a envoyé à une demoiselle avec des dreadlocks roses. Elle le conduit dans une grande pièce où une jeune femme noire déclame une poésie protestataire. Elle le présente à Klaus qui l'emmène dans une arrière-salle pour le présenter à Lucien. Ce dernier lui demande quel genre d'action Hans est prêt à mener. Il répond qu'il n'est pas venu pour ça, qu'il a vécu le massacre de Times Square, et qu'il n'a aucune envie d'en déclencher un autre. Lucien ne comprend pas en quoi Hans peut être d'une quelconque aide. Mais avant de pouvoir répondre, Hans perd conscience et s'écroule sur le sol sous le coup de l'épuisement.

En ayant lu l'introduction, le lecteur est conscient de la nature du projet, de sa remise au goût du jour par le biais du nouveau prologue. Cela explique une bizarrerie de l'intrigue. Dans le prologue, il est fortement question de l'enjeu des données massifiées, du risque pour chaque individu d'accepter de donner ses données personnelles sans garde-fou quant à l'usage qui peut en être fait, thème qui n'apparaît plus dans les sept chapitres puisqu'ils ont été écrits 15 ans auparavant, alors que cette problématique n'existait pas encore. de même, le lecteur note que le concept de mur de données (des écrans translucides gravitant autour des individus quand ils sont dans un espace public, pour pouvoir être plus facilement contrôlés, n'existent pas à Amsterdam. Enfin le code mémorisé par Hans n'a plus guère d'importance dans l'intrigue. Passée cette mise à jour avec ce petit décalage, le lecteur plonge donc un récit d'anticipation à très court terme, dans lequel un jeune homme essaye de lutter contre une entreprise internationale, proche de se substituer au gouvernement élu. Les frères Pander entretiennent la confusion avec doigté entre les réelles attributions de cette entreprise Securopa/Securcorp, et ce qui relève encore de l'état. Même si le récit a été écrit en 1994/1995, il charrie des thématiques qui sont effectivement d'actualité, dans une situation très parlante. La généralisation du capitalisme à toute la planète est un fait après la chute du communisme, et il prend de plus en plus une forme de libéralisme qui mange sur les fonctions précédemment dévolues à l'état, pour les transformer en activités lucratives.

Dans ce contexte très proche de la réalité, Hans Nobel arrive à Amsterdam et est accueilli par un groupe d'individus en opposition avec la multinationale Securopa et cherchant à rendre public ce qu'ils jugent comme des exactions. le récit alterne entre des moments de réflexion sur les possibilités d'action, et des passages d'action. En effet, en cherchant à connaître les faits, ou simplement à aider Marx, un jeune homme dont on a volé le chien Gnarl, Hans Nobel se retrouve face à de criminels ou à la police qui voit en lui un dangereux terroriste. Les frères Pander ont débuté leur carrière dans les comics avec un récit d'aventure : Grendel: Devil's Legacy (1986/1987) de Matt Wagner. Pour Dissident X, ils sont revenus dans un registre plus réaliste et moins expressionniste. Ils représentent les personnages de manière naturaliste, sans exagération de leur morphologie, avec un bon niveau de détails pour les tenues vestimentaires et les environnements. L'anticipation transparaît essentiellement dans le fait qu'il y ait des voitures volantes dans cette époque, sans que les bâtiments aient été adaptés en conséquence. C'est plus un artifice qu'une avancée technologique significative qui aurait fait évoluer le monde avec. Les vêtements restent très contemporains également.

Les frères Pander font le nécessaire pour installer chaque localisation de manière à ce que le lecteur puisse s'y projeter, avec une représentation un peu simplifiée qui peut parfois faire penser à un dessin animé de type Batman, ou à Darwyn Cooke. Mais dans le même temps, leurs personnages ont des coupes de cheveux un peu piquante qui font plus penser à une touche mode, de même que certains aménagements intérieurs très designs, avec quelques éléments comiques (le masque des Seigneurs du Rhin), et quelques cases avec un angle de vue très incliné pour une dramatisation accentuée ou un mouvement plein d'élan. Chacune de ces caractéristiques aboutit à un amalgame entre des passages évoquant la ligne claire, et d'autre évoquant tirant vers l'expressionnisme, sans toutefois en franchir la frontière. Ils dosent ces ingrédients en fonction de la séquence, plutôt orientée dialogue, ou plutôt orientée action. Régulièrement le lecteur se retrouve surpris par une case saisissante : une flotte de drones survolant la foule de Times Square, une contreplongée très prononcée à partir du sol du trottoir, l'histoire d'une jeune femme dans un pays africain totalitaire sans aucun texte, Renée en train de monter à l'échelle d'une grue dans une plongée vertigineuse, des acrobaties dans le ciel Hans accroché à un scooter volant, des poissons morts le ventre à l'air dans le Rhin pollué, la chute dans une énorme cuve de produits chimiques corrosifs, etc. le lecteur sourit en se rendant compte qu'il reconnaît Tintin dans une rue, puis Popeye qui passe dans une autre rue.

Le lecteur se laisse entraîner facilement par ce récit divertissant, à la narration visuelle facile et un peu piquante, pour cette quête de l'action à mener contre une multinationale manipulant les outils de la démocratie à son profit, avec l'objectif d'en faire une coquille vide. Les auteurs n'hésitent pas à mettre en oeuvre des problématiques très concrètes telles que la pollution des cours d'eau par les usines, la délégation du maintien de l'ordre à des sociétés privées, l'orientation du journalisme vers le sensationnel pour augmenter le chiffre d'affaires aux dépends du journalisme d'investigation plus dérangeant, les actes terroristes les autres moyens d'action se retrouvant confisqués ou transformés en divertissement insipides et inoffensif. Il ressent toute la frustration d'Hans Nobel à constater que l'action de l'individu est sans effet contre l'hégémonie de la multinationale qui s'appuie sur un capitalisme se nourrissant lui-même et il désespère avec lui de trouver un mode d'action qui ne soit pas récupéré, ou pire tout simplement ignoré. La fin est douce amer, mais pas totalement désespérée.

En voyant arriver cette histoire des frères Pander, le lecteur ne sait trop que penser, entre leurs travaux remarquables de la fin des années 1980 avec Matt Wagner ou Mike Baron (Ginger Fox), et leur travail plus récent (Girlfiend) pas entièrement convaincant. Il découvre un copieux récit mêlant aventure et réflexion sur le totalitarisme insidieux que peut prendre le capitalisme parfois avec la participation consentante de la population. le résultat est distrayant et convaincant.
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