Autant j'ai adoré «
180 secondes » de
Jessica Park, autant «
La saveur du printemps » ne m'a fait strictement aucun effet. J'ai acheté ce roman graphique à cause de l'avis dithyrambique de Bulledop et… bon, j'ai acheté une autre de ses recommandations, alors on verra si c'est un loupé malencontreux ou si c'est juste qu'on n'a pas les mêmes goûts.
Pourtant elle décrivait cette BD comme un truc poignant, bouleversant, et tutti quanti. Je l'ai lu le même jour que «
180 secondes » et j'étais donc prête à me laisser faire, niveau émotion. Mais non, rien.
Je n'ai pas compris les quelques coups de projecteur sur des personnages secondaires, qui n'apportent pratiquement rien à l'histoire, ni en bien ni en mal. Ils sont juste tout à fait dispensables et auraient gagné à n'être qu'évoqués dans des dialogues.
Quant à la romance entre Ari et Hector, je ne lui ai pas trouvé la moindre profondeur. Tout du long j'ai vu deux jeunes hommes qui s'apprécient et qui deviennent amis… oui, mais pas amoureux ! Alors quand Ari se jette sur Hector, je n'ai pas compris – et ce d'autant moins qu'à aucun moment on nous dit qu'il est attiré par les hommes, contrairement à Hector. Ça m'a semblé presque contre-productif. A aucun moment je n'ai senti leurs interrogations ou leur connivence amoureuse et ça n'a rien apporté aux problématiques de chacun des deux personnages.
Ici l'homosexualité est un non-sujet et c'est une bonne chose. Mais quand on écrit une romance, qu'elle soit hétéro ou LGBT, décrire l'évolution du sentiment amoureux est… comment dire, indispensable ? Je me fous qu'Ari et Hector soient deux hommes. Par contre ce n'est pas parce qu'ils sont deux hommes que je n'attends pas de voir leurs doutes, leurs attentes, leurs lâcher-prise. Il y a certes des moments sympas où les deux personnages sont côte à côte et prennent plaisir à cette proximité. Mais d'une part moi j'y vois surtout une forte amitié, et d'autre part ce ne sont pas les jolis arrêts sur image qui font avancer le schmilblick. A aucun moment on les voit se questionner sur leurs sentiments l'un envers l'autre, aussi bien en introspection que dans des dialogues.
Ari est un personnage auquel je ne me suis pas attachée, ce qui n'aide pas. Il est certes en train de chercher sa voie, mais il n'en reste pas moins lâche, égoïste et très immature. Il est plus développé que Hector mais ce dernier est beaucoup plus agréable à suivre, bienveillant et sûr de lui sans en faire des caisses.
De plus on a l'impression que le comportement d'Ari n'a aucune conséquence. Il y en a, et elles sont importantes, mais elles ne sont que survolées par la magie des belles ellipses bien opportunes. Et comme tout est bien qui finit bien, ça donne encore plus l'impression d'un rebondissement factice qui n'aura eu que peu d'incidence sur leurs vies respectives. Alors que bon, tu as tout de même le travail de toute une vie qui est parti en fumée.
C'est bien pratique tout de même, qu'on ne nous montre pas la colère, la déception, le sentiment de trahison ou le ressentiment qui auraient dû traverser à peu près tous les personnages. du coup les deux scènes de pardon n'ont pratiquement aucun impact et c'est seulement là en écrivant, que je réalise que ce sont des scènes de pardon. C'est dire à quel point la narration me paraît confuse et superficielle.
Enfin bref, j'attendais un concentré d'émotion et je n'en ai pas eu. le livre a convaincu d'autres personnes ; il n'est certainement juste pas pour moi !