J'avoue : je suis nulle de mes deux doigts. Nulle en texto. Pire, je n'aime pas ça (...) Mais lorsqu'il m'arrive de tenter quelques mots, la technologie et moi entrons dans un bras de fer cocasse. J'amorce un D majuscule pour dire Dieu, on me propose "Denis" ; je précise avec le "i" suivant, on me propose "Didier" ; j'assène le "e" pour écarter tout malentendu et on me suggère "Diego". Qu'on en finisse, je taperai Dieu en toutes lettres (...)
Je remarque ces derniers temps que DIeu n'est plus corrigé. Mieux : il m'est assez vite proposé en suggestion. Disons à partir du "e". J'ai la joie modeste et cette petite victoire m'enchante. Elle m'inspire aussi la réflexion suivante : s'il faut savoir s'adapter, il faut aussi savoir résister. A imposer sa singularité, on s'impose aux statistiques et recule d'autant l'indigence de l'uniformité.
(Marion Muller-Colard)
1960. Georges Brassens, le "petit poète" nous lance un cri du cœur : "Et puis, vous ,les catholiques, vous n'allez pas me jeter aux chiens, tout de même ! Je vous ai composé "L'Auvergnat", j'ai mis "La Prière" en musique... Il m'en sera tenu compte, non, à votre jugement dernier ?"
Pour les uns, la marche est un pèlerinage, une quête de Dieu. Pour moi, les chemins de France, c'était simplement une remise en marche d'une machine abîmée, mais vivante. L'élocution, ça va mieux ; ma tête, elle, est toujours de travers. Alors je regarde les gargouilles en me consolant et en me disant qu'avec ma gueule, je pourrais toujours avoir un emploi de gargouille à Saint-Séverin.
(Sylvain Tesson)
Le vers que vous pouvez citer par cœur ?
Ces jours-ci, c'est Aragon qui me revient :
"Un jour pourtant, un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens d'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche."
(Stan Rougier, petite bibliothèque spirituelle)