Ainsi perché en bordure de l’Œuf, Foreb scrutait aussi loin que les vapeurs orangées le lui permettaient. Étrangement, la nuit semblait atténuer sa tendance au vertige. De jour, on pouvait admirer les couleurs généreuses des vergers, cohabiter en milieu urbain avec les oiseaux et insectes venus s’abreuver aux nectars partagés, et même se laisser aveugler par le blanc immaculé des allées de calcaire qui dessinaient la structure de ces jardins d’abondance.
Atmosphère électrique en cette double pleine lune. Les pulsations battaient ses tempes à la manière des tambours cérémoniels. Il les entendait déjà les féliciter et propulser son fils vers un avenir tout tracé. Foreb se rongeait les sangs. C’était long, bien trop long. Pourquoi ne l’autorisait-on pas à entrer pour soutenir Mewël ? Sa jambe s’agitait nerveusement, si bien qu’il se leva pour contrer ce fichu tressautement. La clarté inhabituelle projetée par les deux disques orangés d’Imel et Ryël semblait lutter face à l’encre d’une nuit paisible ; elle révélait aussi la gravité d’un regard plus sombre encore, sous les arcades profondes qui avaient jadis séduit sa compagne.