Mais les idées ne sont indépendantes ni dépendantes. Elles dépendent plutôt de notre indépendance d'esprit, de notre capacité de liberté et d'équité : c'est l'histoire de cette liberté, ce heurt perpétuel de la vérité et de la pesanteur, cette dialectique jamais surmonté de l'élan et de l'enlisement que cette petite anthologie se propose de commémorer.
Ce destin de toutes les idées devenus idéologies ne fut pas épargné au génial critique des idéologues.
Ce destin, d'un mystère inexplicable, d'une indicible cruauté envers l'esprit, fut-il épargné à Marx ? Il avait eu, lui, le temps de nous avertir qu'il n'était pas "marxiste". Mais qui aurait pu penser que ce marxisme-là allait servir de parure idéologique à la négation de tous les principes de liberté et de justice qui l'ont fait naître ?
Nietzsche et Marx ont été traqués par le même démon socratique qui se refuse à une vie purement acceptée, non perpétuellement remise en question. (...) Tous les deux ont voulu propager par le fer et le feu cette dévorante indépendance d'esprit qui les garda toujours en éveil.
Il représentait l'élément d'inquiétude par excellence, une vivante mise en garde, une exigence de rigueur et d'irrévérencieuse liberté perpétuellement suspendue sur ce monde bourgeois.
O grand Staline, ô chef des peuples
Toi qui fais naître l’homme
Toi qui fécondes la terre
Toi qui rajeunis les siècles
Toi qui fais fleurir le printemps
Toi qui fais vibrer les cordes musicales
Toi splendeur de mon printemps, toi
Soleil reflété par les milliers de cœurs.
LOUIS ARAGON
Le plus grand philosophe de tous les temps...
ARAGON, Les Lettres françaises, 5 février 1953. (p. 414)
En tant que colporteurs de l’idéologie bourgeoise, les cosmopolites idolâtrent la culture bourgeoise pourrissante. Dans la grande culture du peuple russe ils voient que reflets et refrains de la culture bourgeois de l’Occident… La question de la priorité de la science, de la littérature et de l’art russes est l’un des points cruciaux de la lutte du socialisme contre le capitalisme. D’où les tentatives des ennemis du socialisme pour cacher ou nier la priorité de la science et de la technique soviétiques, l’incommensurable préexcellence de la littérature et de l’art de l’Union soviétique. D’où leurs attaques haineuses contre la culture du grand peuple russe qui est la nation la plus éminente de toutes les nations de l’Union soviétique.
Le Bolchévik (revue de doctrine) cité par le Monde.
(...)
En analysant l'art bourgeois moderne, il est impossible d'établir si un tableau est l'ouvrage d'un aliéné mental ou d'un artiste qui simule la folie et imite le premier pour faire fortune. Ce qui n'a d'ailleurs aucune importance (...) Les hommes des générations futures découvriront les œuvres de Picasso, Sartre, Jacques Lipscitz, Henry Moore, Alexandre Calder, Joan Miro, Paul Klee, Piet Mondrian et d'autres artistes qui leur ressemblent. Et pour analyser tout cette production, les hommes sains et normaux de l'époque à venir n'iront pas faire appel à un critique d'art, mais à un psychiatre.
V. KEMENOV, Les Deux cultures, Moscou, 1949. (pp. 395-396)