Citations sur Le nettoyage ethnique de la Palestine (106)
À l’origine, le système carcéral était assez chaotique. « Notre problème », déplorait un officier vers la fin du mois de juin 1948, « est la concentration de gros effectifs de prisonniers de guerre arabes et de détenus civils. Il nous faut les transférer dans des lieux plus sûrs. » En octobre 1948, sous le contrôle direct de Yigaël Yadin, un réseau de camps de prisonniers avait été institutionnalisé, et le désarroi était terminé.
Des milliers de Palestiniens ont langui tout au long de l’année 1949 dans les camps de prisonniers où ils avaient été transférés après leur passage dans les enclos temporaires. Il y en avait cinq, dont le plus important était celui de Jalil (près de l’actuelle Herzliya), et le second celui d’Atlit, au sud d’Haïfa. Selon le journal de Ben Gourion, il y avait 9 000 prisonniers.
La première de ces opérations a eu lieu à Haïfa, quelques semaines après l’occupation de la ville. Les unités du renseignement israélien cherchaient des « retournés » – des réfugiés qui, après l’arrêt des combats et le retour apparent au calme et à la normalité dans les villes de Palestine, tentaient, par une réaction bien compréhensible, de rentrer chez eux. Mais d’autres aussi étaient visés : ceux qui appartenaient à la catégorie des « Arabes suspects ».
C’est devenu un spectacle courant dans la Palestine rurale au lendemain des opérations de nettoyage : de grands enclos où les villageois de sexe masculin – des enfants de dix ans aux hommes de cinquante ans – étaient détenus après avoir été distingués par les Israéliens du reste de la population lors des opérations désormais routinières de « recherche et arrestation ». Ils étaient ensuite transférés dans des camps de prisonniers centraux.
Israël avait fondamentalement terminé le nettoyage ethnique de la Palestine, mais les épreuves des Palestiniens n’ont pas pris fin pour autant. Environ 8 000 d’entre eux ont passé toute l’année 1949 dans les camps de prisonniers, d’autres ont subi des agressions physiques dans les villes, et beaucoup ont été harcelés de bien des façons sous l’administration militaire qu’Israël leur appliquait désormais. Leurs maisons ont continué à être pillées, leurs champs confisqués, leurs lieux saints profanés. Et Israël a violé des droits fondamentaux comme leur liberté de circulation, d’expression et d’égalité devant la loi.
Depuis 1967, Israël a incarcéré 670 000 Palestiniens.
L’ordre est de faire prisonnier tout Arabe suspect d’âge militaire, entre dix et cinquante ans. (Ordres des FDI, Archives des FDI, 5943/49/114, 13 avril 1948, ordre général sur le traitement des prisonniers de guerre)
Puisque la moitié de sa population est palestinienne, la « balance démographique » empêche de nombreux Juifs israéliens de penser ce territoire comme étant « à eux », même au début du XXIe siècle.
En novembre et décembre, un certain nettoyage s’est poursuivi en Galilée, mais sous la forme de ce que les Israéliens appelaient des « opérations coup d’éponge ». C’étaient, fondamentalement, des idées « venues après coup » de nettoyer des villages qui, au départ, n’avaient pas été pris pour cibles.
Le 31 octobre, la Galilée, région autrefois presque exclusivement palestinienne, était occupée en totalité par l’armée israélienne.