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Citations sur Désastres urbains (16)

Exister, c'est se lever.
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Les Pays-Bas, de leur côté, se trouvent par endroits au-dessous du niveau de la mer, entraînant de récurrents affrontements contre la montée des eaux qui laissent parfois certains territoires totalement inondés. Le calendrier des catastrophes égrène ses dates funestes : 1170, 1219, 1251, 1277, 1282, 1337, 1395, 1421, 1530, 1809, 1825... Chacun connaît la blague selon laquelle Dieu a créé le monde et les Hollandais la Hollande. Elle possède sa vérité : les Hollandais ont dû apprendre à dompter les eaux en inventant des systèmes de retenue, des canaux, des polders, des constructions sur pilotis, des maisons flottantes... Les Hollandais sont aussi les premiers à prendre au sérieux les effets du réchauffement climatiques sur la montée des eaux, en conséquence de quoi ils déplacent des maisons, des hôtels et des équipements de bord de mer sur des sites mieux protégés et interdisent toute construction à proximité du rivage.
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De la même manière que certains promoteurs ont ambitionné (et continuent de le faire) d'édifier le plus haut gratte-ciel, des architectes ont rêvé de construire la barre la plus longue : la Caravelle de Jean Dubuisson, à Villeneuve-la-Garenne, s'étend sur 385 mètres ; la cité du Haut-du-Lièvre de Bernard Zehrfuss, à Nancy, 700 mètres (en deux morceaux, le "Cèdre bleu" fait 400 mètres et le "Tilleul argenté" 300).
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Une ville, par définition, est composite, sensorielle, rythmique ; elle ne peut se résumer à un plan-masse et une grille d'équipements, chacun d'eux rapporté à un ratio valable en tout temps et en tous lieux. C'est cela le paradoxe du "grand ensemble" : il est conçu pour le bonheur d'habitants-abstraits par des décideurs qui ne connaissent pas ces habitants-en-vrai et qui s'étonnent de leur ingratitude, du moins ce qu'ils jugent comme tel. Le "grand ensemble" dépossède tout résident de son art d'habiter et lui impose avec la remise des clés de son appartement un mode d'emploi normé et normalisateur. C'est "grand", oui cela ne fait aucun doute. Mais "ensemble" ? Non, pas "ensemble", plutôt "identique".
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Dans un livre d'histoire progressiste de la ville productiviste, ces "objets" auraient été célébrés, encensés. Or il convient d'entreprendre une géohistoire critique environnementale qui contrebalance, éclaire, corrige, dénonce, revisite et réécrit l'histoire dominante, convenue, bardée de certitudes, qui figure dans la plupart des ouvrages et continue à être imperturbablement enseignée. Nous voyons ça et là des signes de cette tendance qui, je l'espère, ne fait qu'émerger et va enfler au point de balayer ce qu'elle dénonce. En ce qui concerne l'urbanisation des territoires et des populations ("l'urbanisation des moeurs"), le logement, les villes, les modes de vie et les pratiques des citadins, tout reste à faire. Cela devient d'autant plus urgent que l'imitation qui affecte le milieu des professionnels de l'urbanisme et de l'architecture et des élus politiques - et parfois même des habitants - répand à l'échelle planétaire des modèles qui uniformisent les architectures, homogénéisent les manières de penser et de faire les milieux habités et nient toute réflexion critique. Or nous avons besoin d'expérimentations nouvelles pour rompre avec ces modèles du "toujours plus", devenus profondément antagoniques à ceux du "toujours mieux".
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Après l'aliénation par le travail industriel, si bien décrite et analysée par Marx, l'aliénation par la consommation, explorée et dénoncée par Günther Anders, Herbert Marcuse, Jean Baudrillard, ou encore Henri Lefebvre ou Bernard Charbonneau, l'aliénation par les les technologies, dont les mécanismes ont été révélés par Lewis Mumford, Jacques Elul ou André Gorz, l'aliénation du corps de chacun, dorénavant confisqué par l'idéologie de l'"homme augmenté", que diagnostiquent Michel Foucault, Ivan Illich, Barbara Duden, ou Jean-pierre Dupuy, il nous faut nous préoccuper de l'aliénation spatio-temporelle. La biopolitique à l'oeuvre, en effet, ne s'emploie pas seulement à contrôler les territoires (logement, commerce, loisir, travail, etc.), elle cherche aussi à définir les emplois du temps (organisation du travail, rythmes du quotidien, absence de "temps morts", valorisation de la seule vitesse comme mesure du progrès et de l'excellence, etc.).
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Comme les grands ensembles, les centres commerciaux, les gratte-ciel et les gated-communities, les "grands projets" favorisent irrémédiablement l'enfermement et l'assujettissement.
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Tout musée des arts et métiers, disait encore Paul Virgilio, devrait comporter des salles dédiées aux erreurs, dérapages, pertes et autres incidents produits par toute nouvelle technologie. La société technicienne commence seulement depuis quelques décennies, et encore très marginalement, à intégrer le risque, la précaution et la responsabilité dans ses raisonnements, alors qu'ils sont enchâssés dans chaque progrès et qu'ils doivent en accompagner et en réorienter les évolutions. De même, des auteurs "oubliés", plus ou moins volontairement, réapparaissent dans les rayonnages des librairies et dans les notes de bas de page, subitement auréolés de la qualité des "pionniers" ou de "précurseurs". Mais tout cela ne suffit pas pour produire une autre manière de penser ensemble le "progrès" et ses "accidents".
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Paul Virilio rêvait d'une "université du désastre" qui recenserait et expliciterait les "accidents" propres à chaque type de "progrès".
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Si, comme je le suggère, l'urbanisme est le moment occidental de l'urbanisation planétaire, alors son règne se termine et ses derniers feux (projet du "Grand Paris", clusters, aérogares, centres commerciaux, gratte-ciel, etc.) viennent d'être allumés par ses ultimes thuriféraires. Déjà percent d'autres façons de faire, non pas de la ville, mais de l'urbanisation avec, sans et contre les villes. J'y reviendrai. Cette mise en question permanente d'un savoir-faire, sans toujours un savoir sur le faire - ici l'urbanisme, mais aussi l'architecture, le paysage, la conception-lumière, l'art urbain, etc. - exige de collecter des données produites par des champs disciplinaires différents, ce qui annonce, là encore, la fin de la domination disciplinaire et la pratique de l'indisciplinarité, le croisement des informations, l'expérimentation, l'enquête, la confrontation, le débat...
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