Nous avons tous migré sur la terre, pour tourner avec elle et ne plus nous arrêter de tourner ; pour, de la lumière, passer à l’obscurité et, de l’obscurité, passer à la lumière et ainsi sans cesse jusqu’à ce que le jour se mélange à la nuit et la nuit au jour.
Les mains touchent et ne pensent pas. Les traces qu'elles laissent sur tout ce qu'elles recouvrent restent solides comme tout ce qu'elles touchent.
Les yeux pensent et les traces qu'ils laissent sur tout ce qu'ils découvrent et voient restent transparentes et invisibles comme la pensée, intouchables comme tout ce qu'ils voient.
Tout entre dans nos yeux, bientôt nous ne pourrons plus les fermer car, ouverts, ils ne verront plus. Bientôt nous ne pourrons plus les ouvrir non plus car, fermés, ils verront encore, ils verront toujours. Ils sont éblouis. Nos yeux sont éblouis. Nos yeux ne sont pas devenus aveugles, ils sont en train de mourir. Nous sommes en train de mourir. Nos yeux se tuent sur les images, ils se cognent sur les écrans, ils s'écrasent contre les miroirs, ils se brulent au soleil.