- Quoi que ce soit, ma Lorna, ça passera. Je sais, ça fait un peu réflexion nulle d'adulte, mais c'est vrai. Le temps est là pour ça, pour atténuer les chagrins. Comme les cicatrices sur ta main, ajoute-t-il en les caressant. Au début, ça fait tellement mal que ça prend toute la place, les jours se suivent et la douleur reste. Et puis, un matin, quelque chose change. On respire et on comprend : le chagrin ne prend plus toute la place. Il n'est pas parti, non, mais on a construit autre chose autour.
Un des meilleures livre que j'ai lu !Tout simplement un coup de cœur 😍 ❤️
Parce qu'elle est bien là, ma peine.
Doucement, elle s'installe.
Le lit se creuse légèrement à côté de moi, elle prend sa place. Je sais qu'elle sera là tous les soirs, fidèle.
Tout à coup, j'entends des sanglots. C'est Papa qui déverse la sienne. Chacun la nôtre. C'est triste, cet homme qui pleure. Et en même temps, ça m'énerve. Je voudrais qu'il se batte, qu'il remue ciel et terre pour retrouver Maman et la ramener ici, qu'on s'explique tous ensemble. [...]
Arrête, Papa, merde.
Si tu pleures, comment veux-tu que je tienne ?
J'ai été blessée, j'ai blessé, mais vient le temps où les blessures guérissent, où la guerre s'achève, où la paix s'installe. Et quelque chose de beau peut renaître.
Tout ce qui a été cassé peut être réparé.
Toi aussi, tu sais qu'il faut marcher longtemps pour échapper à la vanité de notre monde, tu sais que les gens partent, que certains ne reviennent jamais. Qu'il faut vivre avec ces doutes. Tu es souvent en colère, mais tu t'apaises, tu n'es pas seule. Parfois, on dirait que tu as cinq ans et parfois, l'âme d'une vieille personne. Parfois, tu as mille ans, et c'est moi le petit garçon.
Je voudrais qu’il y ait des ficelles accrochées aux extrémités de mes lèvres pour qu’elles se lèvent et me permettent de sourire. Devenir un pantin qu’un marionnettiste ferait vivre. Mais je ne suis que moi, et c’est à moi de faire bouger les ficelles. Alors, je tire, je tire, je bouge, je lutte et enfin je souris.
Je suis prête.
Une carpe.
Deux carpes.
Trois carpes.
J'enclenche mon chrono dès que je franchis la surface de l'eau. Et enfin le silence est total. Toute la pollution sonore au-dessus de l'eau a disparu. La sensation est déjà telle en piscine que je me demande ce que ça donnerait dans la mer. Traverser la noirceur des profondeurs pour atteindre un état de silence et de solitude intenses. Je m'assieds au fond de la piscine en me tenant au lest.
La vie quoi.
Voilà ce qui me manquait depuis quelques jours.
Pour quelques secondes, je sors de ma brume.
J'ai des amis, j'ai pas besoin d'une mère.
Comment peut-on mettre autant d'espoir et le ruiner ensuite ?