- Et pour finir, ça se passe bien car on se ressemble.
- Merci de la comparaison, marmonné-je.
- Tu as quelque chose à me reprocher peut-être ?
- Non mais on ne se ressemble pas ! Je ne tire pas au pistolet à eau sur les pigeons.
Je louche sur les carottes qui ornent son pull en me demandant... pourquoi ? Pourquoi tant de folie dans un seul homme de soixante-dix ans ? On n'est pas censé être sage quand on est vieux ?
Mon caractère fort est à double tranchant. Il me protège bien souvent mais, là, il vient de me faire passer à côté de Sonny.
On est si différents. Ça pourrait m'agacer mais pour une raison qui m'est inconnue, ça m'intrigue. J'aimerais entrer dans sa tête et être capable de décortiquer sa façon de penser.
Ce mec est cool et charmant. Mais on a une relation professionnelle et j'essaie de faire taire la voix intérieure qui me souffle qu'il me plaît beaucoup. J'avoue que c'est aussi pour ça que j'étais énervée contre lui ce matin. Ce type est beaucoup trop frustrant.
C'est fou comme il me déroute. Peut-être car on lit en lui comme dans un livre ouvert et que ça le rend touchant.
Ou parce qu'on est dans la même galère et qu'il faut bien qu'on forme une équipe. Ou encore parce qu'il m'aide alors qu'il pourrait n'en avoir rien à foutre.
-Tu obtiens toujours ce que tu veux? me demande Sonny avec ironie en pointant du menton mon assiette de spaghettis.
-Oui, je suis une enfant gâtée, rétorqué-je avec un clin d’œil. D’ailleurs, j’ai eu le poste car mon père m’a pistonnée.
Il plisse les yeux sans savoir si c’est du lard ou du cochon. En fait, ça me fait marrer de le laisser penser que je suis une fille à papa. C’est bien plus drôle que la réalité.
-Mais d’où lui viennent ces demandes, à votre chef? Des rennes qui se baladent, du pain d’épices de la grand-mère, le personnel déguisé… Il est fou, ce type.