Une enquête de Nicolas Le Floch : Le prince de Cochinchine

Voilà, se disait-il, un homme qui aurait pu vivre de sa rente, dans le confort et dans le luxe et qui, année après année, se dépensait sans compter, sacrifiant ses jours et ses nuits au service de l’État et du roi. Avait-il le droit, lui, Nicolas Le Floch, marquis de Ranreuil, de se plaindre ? Certes la vie lui avait réservé bien des épreuves, mais aussi d’exaltantes satisfactions. Et voilà que sa famille s’ancrait dans sa vieille terre natale. Ce bonheur lui imposait d’en solder le privilège. C’est cela qui devait conforter son dévouement au service du roi, en repoussant les tentations du retrait

Noblecourt prit un air scandalisé.
- Lors que suis-je venu faire dans cette galère ?

Les chiffres des pauvres que relevaient les bureaux de police augmentaient, souvent peu crédibles tant chaque jour surgissaient de nouveaux arrivants.

L'amitié est aussi une guerre. Méfiez-vous de lui (Sartine) quand la suavité l'emporte dans son propos; Sa bonasse dissimule souvent le piège qu'il vous tend.

-Décidément, remarqua Julie, M. Bourdeau est un amateur avisé et un gourmet. Les Français sont un peuple étonnant qui parle de cuisine en mangeant. C'est preuve de leur bonne et heureuse nature.
- Ceux, murmura Nicolas, qui ont de quoi manger.

Le débat s'acheva, Bourdeau sachant d'expérience qu'il y avait des limites à ne pas franchir. Avec un Nicolas sourcilleux sur certains sujets, le persiflage ne laissait pas de se confondre aisément avec une provocation.

La controverse sur l'état du royaume s'était répétée,à laquelle Nicolas ne prenait nulle part. Lui, le fidèle des fidèles, s'en remettait au roi; Pourtant, une image lui poignait le coeur : d'avoir vu, à la chasse, son souverain descendu de sa monture, assis sur un talus, le visage entre ses mains, en train de pleurer. Cette vision lui avait été insoutenable et il avait reculé dans la futaie pour y échapper.

Que l'ordre ancien vienne à disparaître et avec lui les privilèges, soit, mais il serait alors à craindre qu'à la noblesse détruire succédât une nouvelle aristocratie toute aussi rapace, celle des seigneurs de l'argent. Et que le roi daigne entendre les bons conseils.

Gaspard revenait avec une superbe tourte dorée.[........]
- Mélange de cognac, crème et jaune d'œuf, juste passé au poêlon sans aller jusqu'au bouillonnement. Il va humecter et nourrir le contenu de la tourte.

Nicolas mesurait la chance qui était la sienne avec Louis. Avec un début dans la vie chez la Paulet, rien ne pouvait augurer qu'il deviendrait ce jeune gentilhomme auquel son nom, son alliance avec la famille de Mezay et la faveur de la reine promettaient un brillant avenir. Et pourtant une sourde angoisse le tiraillait quand il songeait à l'avenir.

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