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Citations sur Poèmes et antipoèmes (8)

LETTRES À UNE INCONNUE

Quand auront passé les années, quand auront passé
Les années, quand l'air aura creusé un fossé
Entre ton âme et la mienne ; quand auront passé les années
Et que je ne serai plus qu'un homme qui a aimé,
Un être qui s'est arrêté un instant face à tes lèvres,
Un pauvre homme lassé d'arpenter les jardins,
Où seras-tu, toi ? Où
Seras-tu, ô fille de mes baisers!
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TACHES SUR LE MUR

Avant que tombe la nuit totale
Nous allons étudier les taches sur le mur :
Certaines ressemblent à des plantes
D'autres simulent des animaux mythologiques.
Hippogriffes,
dragons,
salamandres.

Mais les plus mystérieuses de toutes
Sont celles qui ressemblent à des explosions atomiques.

Dans le cinématographe du mur
L'âme voit ce que ne voit pas le corps :
Des hommes agenouillés
Des mères avec leurs enfants dans les bras
Des monuments équestres
Des prêtres qui élèvent l'hostie.

Des organes génitaux qui s'unissent.

Mais les plus extraordinaires de toutes
Sont
sans l'ombre d'un doute
Celles qui ressemblent à des explosions atomiques.
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Puisque la vie d’un homme n’est qu’une action à distance,
Un peu d’écume qui brille à l’intérieur d’un verre;
Puisque les arbres ne sont rien que des meubles qui bougent:
Rien que des tables, des chaises en mouvement perpétuel;
Puisque nous-mêmes nous ne sommes plus que des êtres
(Comme le dieu lui-même n’est pas autre chose que dieu);
Puisque nous ne parlons plus pour être écoutés
Mais pour que les autres parlent
Et que l’écho est antérieur aux voix qui le produisent;
Puisque nous n’avons même pas la consolation d’un chaos
Dans le jardin qui bâille et qui se remplit d’air,
Un casse-tête qu’il faut résoudre avant de mourir
Pour pouvoir ensuite tranquillement ressusciter
Quand on a usé de la femme à l’excès;
Puisqu’il y a aussi un ciel en enfer,
Permettez que je fasse moi aussi deux trois choses :

Je veux faire du bruit avec les pieds
Et je veux que mon âme trouve son corps.
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Je suis l’Individu.
J’ai regardé par un trou de serrure,
Si, j’ai regardé, je le dis, regardé,
Pour sortir du doute, j’ai, regardé,
Derrière des rideaux,
Je suis l’Individu.
Bien.
Peut-être vaut-il mieux que je retourne à cette vallée,
Á ce rocher qui m’a servi de foyer,
Et que je recommence à graver,
En marche arrière graver
Le monde à l’envers.
Mais non: la vie n’a pas de sens.
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Cartas a una desconocida

Cuando pasen los años, cuando pasen
Los años y el aire haya cavas un foso
Entre tu alma y la mía; cuando pasen los años
Y yo sólo sea un hombre que amó,
Un ser que se detuvo un instante frente a tus labios,
Un pobre hombre cansado de andar por los jardines,
¿Dónde estarás ? ¡Dónde
Estarás, oh hija de mis besos!


Lettres à une inconnue

Quand auront passé les années, quand auront passé
Les années, quand l'air aura creusé un fossé
Entre ton âme et la mienne ; quand auront passé les années
Et que je ne serai plus qu'un homme qui a aimé,
Un être qui s'est arrêté un instant face à tes lèvres,
Un pauvre homme lassé d'arpenter les jardins,
Où seras-tu, toi ? Où
Seras-tu, ô fille de mes baisers !
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poèmes et antipoèmes (1937-1954)


      I

Défense de l'arbre
Pourquoi tu te livres à cette pierre
Enfant aux yeux d'amande
Dans l'impure pensée
De la lancer contre l'arbre.
Qui ne fait jamais de mal à personne
Ne mérite pas d'être si maltraité.
Que ce soit un saule pensif
Un mélancolique oranger
Il doit toujours être par l'homme
Bien distingué et respecté :
L'enfant pervers qui le blesse
C'est son père, son frère qu'il blesse.
Franchement, je ne comprends pas
Comment il se peut qu'un gamin
Ait un geste indigne à ce point
Alors qu'il est si blond et délicat.

p.19


//Traduction de l'espagnol (Chili) par Bernard Pautrat.
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poèmes et antipoèmes (1937-1954)
      I


Symphonie-berceuse
Extrait 1

Un jour en ballade
Dans un parc anglais
Je suis tombé sur
Un angelorum.

Bonjour, il a dit,
Je lui ai répondu,
Lui en castillan,
Mais moi en français.

Dites-moi, don ange,
Comment va monsieur.

Il m'a donné la main,
Je lui ai pris le pied :
Il faut voir, messieurs,
Comme un ange est fait !

C'est fat comme un cygne
Et froid comme un rail,
Gras comme une dinde,
Et laid comme vous.


p.15

//Traduction de l'espagnol (Chili) par Bernard Pautrat.
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poèmes et antipoèmes (1937-1954)
      I


Symphonie-berceuse
Extrait 2

J'ai eu un peu peur de lui,
Mais j'ai pas filé.

J'ai cherché ses plumes,
Des plumes j'ai trouvé,
Dures comme la dure
Coque d'un poisson.

Une vaine que ça n'ait pas
Été Lucifer !

Fâché contre moi,
De son épée d'or
Il m'a fait un revers
Mais je me suis baissé.

Ange plus absurde
Jamais je ne reverrai.

Et moi mort de rire
J'ai dit goodbye, sir,
Poursuivez votre chemin
Et portez-vous bien madame,
Que la voiture vous écrase,
Que le train vous tue.

L'histoire s'arrête là,
Un, deux, trois.

p.17

//Traduction de l'espagnol (Chili) par Bernard Pautrat.
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