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Critique de JML38


«La guerre est une ruse» a obtenu le prix des lecteurs Quais du Polar 2019.

A la fin des années 80 en Algérie, un processus de démocratisation est initié sous la pression populaire. le Front Islamique du Salut remporte les élections municipales de 1990 et arrive largement en tête au premier tour des législatives d'avril 1991. de peur de voir s'instaurer une république islamique, les militaires réagissent, prennent le pouvoir et annulent les résultats des urnes. le président Chadli Bendjedid démissionne en 1992, le FIS devient illégal et les Groupes islamiques armées (GIA) font leur apparition pour s'opposer au gouvernement par la violence et les attentats, dans une véritable guerre civile durant la «décennie noire».
Le roman de Frédéric Paulin se situe dans ce contexte trouble et violent, entre 1992 et 1995, toujours marqué aujourd'hui par les non-dits et le secret défense.

La représentation française sur place se compose de diplomates et de membres de la DGSE dont Tedj Benlazar fait partie.
Français par sa mère et algérien par son père, il parle l'arabe et, contrairement à ses collègues, n'hésite pas à se plonger dans les quartiers populaires et fréquenter les milieux interlopes pour recueillir ses informations auprès «d'honorables correspondants».
Il a également un rôle de liaison avec le Département de Renseignement et de Sécurité des militaires algériens (DRS).

Ses interlocuteurs le tenant pour un petit fonctionnaire incompétent et insignifiant le laissent assister à des interrogatoires de terroristes islamistes.
D'étranges scènes l'amènent à penser que la situation n'est pas aussi manichéenne que le clament les généraux algériens, que le chaos ambiant sert plus leurs intérêts que ce que le gouvernement français veut bien croire, et que la menace d'une violence traversant la Méditerranée est peut-être imminente.

Ce roman est passionnant avec une lecture à deux niveaux. Une partie historique richement documentée, ayant déjà tous les ingrédients pour scotcher le lecteur, relatant des événements authentiques avec des personnes réelles. Une autre plus romanesque avec des personnages imaginaires, le lieutenant Tedj Benlazar, le commandant Bellevue, le colonel Bourbia «aux lunettes cerclées d'or», qui permet à l'auteur de donner de la substance à une intrigue politico-historique complexe, dont les rouages, sans être totalement avérés, semblent fortement plausibles.

Une superbe réussite qui débute une trilogie dont le deuxième opus, «Prémices de la chute» est disponible depuis peu.
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