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Critique de Kirzy


Kirzy
19 septembre 2021
Rentrée littéraire #25

Superbe titre crépusculaire pour nous plonger en plein sommet du G8, à Gênes, 2001, au coeur des manifestations altermondialistes qui ont rassemblée près de 500 .000 personnes, et de la répression policière qui s'y est abattu avec une rare violence.

Une nouvelle fois, son récit permet d'éclairer le présent en expliquant le passé. Les manifestations anti-G8 ont posé les jalons des luttes actuelles, notamment environnementales, même si en 2001, les luttes étaient plus politiques et sociales. Surtout, vingt ans après, les plaies ne sont pas refermées, bien qu'en 2015 l'Italie ait été condamné par la cour européenne des Droits de l'Hommes pour n'avoir jamais cherché à identifier et poursuivre en justice les auteurs des violences policières ( autre thématique au coeur de l'actualité ).

Frédéric Paulin y était, au contre-sommet du G8. Et il a décidé de faire quelque chose de ce traumatisme, de ses souvenirs mais avec la même rigueur que celle déployée pour sa formidable trilogie Benlazar sur la naissance du terrorisme islamiste mondialisé. Il maitrise parfaitement le procédé consistant à mettre en scène des personnages ( fictifs ou pas ) évoluant dans des différentes strates ( des politiques, des policiers, des manifestants ) pour proposer une radiographie précise et complète des quatre journées du 19 au 22 juillet qu'il a choisies de raconter.

Même si on sent très fortement ses affinités, son roman ne tombe pas le manichéisme grâce aux regards croisés de personnages de son casting qui fonctionne par binôme : le couple de manifestants, un proche du NPA et une anarchiste ( pas celui qui m'a le plus accroché, duo un peu artificiellement construit mais qui permet d'évoquer les dissensions au sein de l'ultra-gauche ), deux flics français infiltrés, une journaliste et son photographe qui couvrent le sommet, un conseiller en comm' de Jacques Chirac dépassé par les événements et son alter ego italien fasciste revendiqué au service de Berlusconi.

Une fois le casting présenté et installé, le récit va à cent à l'heure et happe en alternant les points de vue. Frédéric Paulin a l'art de nous immerger au coeur de l'action, que ce soit dans les coulisses des stratégies politique et policière, ou en pleine manifestation hors de la zone rouge. On sent toute l'urgence de la situation dans la vivacité des dialogues directement intégrés au texte, comme dans un flot de passions qui déferlent sur le lecteur. Et c'est passionnant de voir comment les black blocs ont confirmé leur puissance à Gênes, après être apparus en 1991 lors de manifestations contre la première guerre du Golfe puis en 1999 lors du contre-sommet de l'OMC à Séville. Quant à l'épisode terrible de la répression sanglante à l'école Diaz ou celui de la mort de Carlo Giuliani tué par un projectile tiré par un carabinier, ils glacent d'effroi tant il fait écho aux spasmes de l'actualité récente.

Un auteur vraiment important dans ce qu'il dit du monde actuel. Pour ceux qui ne connaissent pas, je conseille vivement de découvrir le premier tome de la trilogie Benlazar, La Guerre est une ruse.
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