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Critique de POY1


Robert Paxton est l'historien référent et reconnu au sujet de l'État Français. Qui mieux, finalement, qu'un étranger pour faire une analyse juste, pondérée et surtout dépassionnée de cette période trouble de notre Histoire.

Dans la France de Vichy, Paxton nous apprend comment Pétain a reçu le pouvoir légitimement du Président de la République et pris une orientation politique qui s'est voulue collaborationniste avec l'Allemagne.

Pour avoir voulu « sauver les meubles », Pétain a pensé que le passé de la France et sa propre personnalité, reflet orgueilleux qu'il se faisait de lui-même, pourraient assouplir le diktat allemand au lendemain de la défaite de 1940.

Qui est Pétain et son gouvernement, au lendemain de la campagne de France ? Paxton affirme qu'ils n'étaient pas l'expression de clans fascistes mais l'émanation d'une pensée française qui a mûrie pendant la IIIème République. Une France qui a voulu profiter du moment pour renverser un régime finalement rejeté par tous pour des motifs différents. Cette IIIème République ingouvernable par le jeu des partis et qui a amené le peuple au pacifisme puis au défaitisme, bien avant le début des hostilités. La France sous Pétain aspire à la paix. Elle ne veut plus, depuis 1918, être saignée à blanc sur un champ de bataille. C'est une France blessée par des combats internes qui l'ont laissée exsangue : le procès Dreyfus ou la séparation de l'État et de l'Église pour ne citer que les plus importants.

Pétain veut donner un nouveau visage au pays. Ce sera la Révolution nationale. Dans le monde gouverné par l'Allemagne nazi, la France doit être un allié neutre de l'axe et servir d'intermédiaire entre les belligérants, comme le fut l'Espagne de Franco. Mais Hitler n'a que faire de notre pays. Il veut tirer les bénéfices de sa victoire mais n'en demande pas plus en 1940-41. Inquiet du devenir de notre empire colonial et surtout de notre flotte de guerre intacte et extrêmement moderne, il est rassuré par le comportement vichyssois.

En 1940, il y a pas ou peu de résistants, les communistes ne bougeront qu'avec l'invasion de l'URSS, la France libre n'est qu'un groupuscule de rebelles à la solde des Anglais. Alors, les Français acceptent Pétain et ses promesses jusqu'en 1942, année où ils comprennent qu'ils n'obtiendront rien des Allemands, si ce n'est être envahis en zone libre, fournir des travailleurs au STO, continuer à se serrer la ceinture, subir les bombardements alliés et se perdre dans la déportation des juifs.

Les procès de la Libération jugeront les politiciens de Vichy et de la collaboration comme les uniques responsables de la participation à l'holocauste mais également d'une orientation hasardeuse pour le pays. Ne serait-ce pas finalement la France, elle-même, qui aurait dû se trouver devant un tribunal ? Paxton sans l'affirmer écrit néanmoins : « la collaboration était liée intimement aux préoccupations du pays. Elle reposait […] sur un calcul politique […] qui [avait] conduit à l'armistice [de 1940]. Un règlement définitif avec l'Allemagne répondait aux aspirations de la masse, qui préférait le retour à la normale, l'ordre social et la possibilité de réformes intérieures à une libération par les armes. » |p.184]. Constat triste mais réaliste.

Pour ceux qui veulent approfondir la politique antisémite de Vichy, je vous conseille du même auteur « Vichy et les Juifs ».
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