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Critique de Basilio


« le Jour de l'enfant tueur », de Pierre Pelot, forme avec « L'Ombre de la louve » un diptyque, « le Livre d'Ahorn ». Il vaut de signaler que les deux romans peuvent se lire indépendamment, ou même l'un sans l'autre - d'ailleurs actuellement, seul « L'Ombre de la louve » est disponible, au format epub. Je conseillerais presque de lire la série - pour les raisons que l'on verra plus loin - dans l'ordre anti-chronologique, le tome 2 avant le tome 1.

Les récits se présentent comme des polars préhistoriques - plus précisément, des romans noirs préhistoriques : le héros, Ahorn, se trouve embringué contre son gré dans une affaire confuse dont il doit démêler les tenants et les aboutissants et tenter de comprendre ce dont on a négligé de le prévenir, avant que cet oubli ne lui coûte la vie. Mais l'intrigue n'est pas si importante. Il compte surtout que les deux textes sont remarquablement poétiques et littéraires. On les lit pour le seul plaisir de lire, sans souci d'y chercher rien d'autre, encore moins la solution d'une énigme. En bref, pour ceux qui aiment tout classifier, il s'agit plus de littérature « blanche » que de romans policiers.

Je ne m'appesantirai pas sur ce que je trouve très fort dans ces deux romans. C'est le sujet d'un autre article, écrit sur un autre site, et je n'ai pas tellement envie de me plagier. J'ai aimé le caractère brut du monde dépeint, dangereux, beau et sauvage, perçu par une conscience encore confuse, comparable à celle d'un enfant pour qui toutes les choses ne sont pas encore nommées. Sur ce point, un exemple sera peut-être plus clair : Croc-Blanc de Jack London décrit le monde vu par un loup, mais un loup qui penserait comme un humain adulte et, préférentiellement parmi les humains adultes, un positiviste un peu benêt qui aurait pris trop au sérieux les interprétations survivalistes de Darwin. Par contre, dans "Le Livre d'Ahorn", les humains perçoivent à la manière d'animaux à peine pensants qui, découvrant leur propre pensée, seraient surpris par elle.

Sur l'aspect du style, j'ai préféré « le Jour de l'enfant tueur ». Les descriptions des forêts, des lacs, des lumières du jour et des saisons, des gens, des villages, l'imagination des vêtements, des coiffures, des parures, la précision des gestes de la vie paléolithique, etc. sont remarquables.

Pourtant comme on peut le constater, si « L'Ombre de la louve » est apprécié par les lecteurs de Babelio, ce n'est pas du tout le cas du « Jour de l'enfant tueur ». C'est la seule raison qui m'amène à écrire cette critique : je trouve la note d'ensemble incroyablement injuste pour un ouvrage si audacieux et fortement écrit. C'est qu'il y a effectivement un problème dans le type d'écriture choisi. Il est flagrant dans « le Jour de l'enfant tueur ». Pierre Pelot ne lui a-t-il pas trouvé de solution ? Ou a-t-il estimé négligeable d'en chercher une ? Certaines actions et réactions requièrent des explications, or elles manquent. Peut-être ne s'adaptaient-elles pas au ton du roman, ou bien elles dépassaient la capacité conceptuelle du narrateur – puisqu'il partage souvent sa cervelle avec le héros paléolithique. Quoi qu'il en soit, à plusieurs reprises et surtout sur la fin quand les évènements se compliquent et se dénouent, j'ai dû reprendre des paragraphes entiers pour saisir ce qui se passait. La scène capitale, vers laquelle toute l'histoire tend et qui devrait la résoudre, est incompréhensible. Et ça, on pourra dire tout ce que l'on veut, pour une erreur esthétique, c'est une erreur esthétique.

Ce qui me rassure, c'est que je ne suis pas seul à avoir eu ces problèmes de comprenette. Lors de la sortie du roman, Jean-Baptiste Harang, à l'époque critique littéraire à Libération, y avait lu une histoire de zombies !
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