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Citations sur Un autre pas dans la rivière... (8)

Il courut comme on le lui conseillait jusqu’au cabinet médical voisin, s’inscrivit auprès d’UNE docteur (doctoresse ?) de la bande, qui lui fit remarquer lors du premier rendez-vous qu’il avait cinq minutes de retard… Car il faut prendre rendez-vous. Quinze jours de battement nécessaires. Rendez-vous suivant : la doctoresse est absente. Depuis, “elle n’est pas là” (la différence avec absente ?), ensuite elle est en congé de maternité… Le renouvellement d’une liste de médicaments est devenu un parcours du combattant. D’autant plus quand le docteur-remplaçant-la-doctoresse ne précise pas sur ladite ordonnance qu’elle doit être renouvelée trois mois… il faudra y retourner, prendre un autre rendez-vous, afin d’obtenir une nouvelle ordonnance.
Monsieur P. est malade d’être malade. Madame P. aussi est malade, mais elle n’ose pas ébruiter l’affaire, de peur de déranger. Mal au ventre. Trois jours que ça dure. Ça passera, allez.
Le désert médical avance à grands pas. Il n’est plus sous nos fenêtres, il est entré dans nos maisons.
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De chairs et d'os, de pensées et de sentiments, des gens de peines et de bonheurs - ont vécu là. Ici et partout. Dans l'ombre des arbres d'aujourd'hui entrelacées aux ombres de leur souvenir. Il suffit d'un rien, pour que la mémoire enfouie somnolente à jamais se réveille tout à fait, que se dressent les présences couchées sous les épaisseurs des feuilles mortes. Les fantômes surgis. les fantômes ne sont pas hostiles, ils sont juste des histoires qui dorment au bord du présent qui nous suit pas à pas comme une ombre.
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Ces gens sont les printemps qui s'insinuent sous les cieux délavés, tremblants d'un reste de froidure et poussant d'un bord à l'autre des montagnes un troupeau de nuages caillés. Quand les prés se défroissent et que les terres gelées suent la boue de sous leur épiderme craquelé. Des matins encore frissonnants, la pluie sans averse semble monter du sol, emperle les herbes qui pointent en vert fragile à travers l'entrelacs des vieilles fenaisons manquées, couchées à plein coteau, dessine au fusain les ramures qu'elle rehausse de craie, brille à la pointe des bourgeons pleureurs et étonnés.
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Il faut bien être un touriste pour s’arrêter à des détails de la sorte. C’était des gens du Var. On s’entend mieux avec les bretons ou les Ch’tis, par ici.
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Il avait appris, dans sa vallée à l'abri de la montagne, les couleurs et les senteurs des saisons de passage, attardées et couchées les unes après les autres sur les prés diversement coiffés et barbouillés pour chacune des occasions, toutes ses odeurs sculptrices d'invisible, soulevées et dégringolées comme la cavalcade des âmes des bêtes à travers la forêt.
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L'animal avait sans doute été touché par une voiture. Il s'était traîné jusque-là, ou bien on l'y avait jeté. Il était couché dans les empreintes moulées de centaines de pas, en travers du trottoir, devant l'ancienne Ecole des Filles. Sombre, un animal sombre, sous la neige qui poudrait son pelage d'argent dans la lumière des guirlandes. Un renard d'un an à peine, la pointe de la queue grise. Il avait du sang sur les dents, les yeux entrouverts. Il l'a prise, comme on porte un chat, ça ne pèse guère plus un renard, et l'a ramenée chez lui et les flocons fondaient dès qu'ils touchaient ses yeux.
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Dans la rivière coulent de l'encre et de l'argent fondu, des glaires de mercure, des filaments diamantifères, qui murmurent et se coulent dans le paysage encore ouvert entre les berges éléphantiasiques méconnaissables sous leurs boursouflures de glace. du surnaturel suinte dans l'air figé de ces sortes de nuits posées dans la grimpée vers le perpétuel mystère caché. Vous n'êtes pas sitôt dehors que le froid se dépose sur vos cils et s'insinue dans vos narines et vous mord le bord des dents par l'interstice entrouvert de vos lèvres, il vous lèche les joues, vous pince les oreilles, il est sur vos cuisses et vos genoux à travers la grande culotte, vous auriez dû, comme maman vous le disait, mettre des caleçons longs.
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Les derniers jours des vacances sentaient déjà vilainement la rentrée, des fraîcheurs sereines flottaient les soirs, comme des haleines , sur les bords de l'eau. Les forains installaient sur la place du village leurs caravanes immenses, pour la fête patronale...

On avait la peau brune et les genoux crouteux, des cicatrices et des griffures de vacances remontées haut sur les mollets. Dans quelques semaines, pas davantage, on remettrait des pantalons longs. Les années n'en finissaient jamais.
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