On doit reconnaître que
Sarah Penner est une petite maligne qui a su intégrer le monde littéraire avec grand succès avec un premier roman (traduit à ce jour dans une vingtaine de langues de par le monde !) réunissant des thèmes fédérateurs ... et vendeurs.
Le fait d'entremèler deux intrigues dans deux époques ( ici, le 18ème siècle et de nos jours), avec des héroïnes tourmentées évoluant à Londres, depuis toujours théâtre idéal à des histoires ténébreuses et mystérieuses, fédère déjà de nombreux amateurs et amatrices (dont je suis habituellement). Ajoutez à cela un soupçon de féminisme et une bonne dose de poison, la recette est parfaite.
Quand en plus, la maison d'édition concocte une belle couverture (si attractive qu'elle a été reprise dans sa version poche, c'est peu habituel) et un titre qui nous fait tout de suite frémir à l'avance (on pense à La petite boutique des horreurs... mais aucun rapport... tant pis ou tant mieux, le message subliminal est passé), on se pourlèche.
Sarah Penner a beau être une petite maligne, elle est cependant loin d'être une auteure de talent : platitude du style, manque de rythme (on s'ennuie), incohérences autant dans le récit que dans la psychologie des personnages .
Comment peut-on croire que dans Londres, une ville si remaniée, si perpétuellement en travaux de modernisation, de rénovation, de restauration, une maison située en plein centre et mitoyenne d'une entreprise (laquelle, je ne sais plus... mon esprit était déjà ailleurs) ait pu rester vierge de toute visite (squatters. promoteurs, simples curieux) depuis le 18ème ? Comment peut-on trouver crédible le personnage de la petite Eliza, étonnamment mature pour son jeune âge ?
"C'est un peu tiré par les cheveux, mais pas impossible ", se dit à un moment Caroline, l'héroïne contemporaine de ce roman. On est d'accord avec elle, moins sur la faisabilité du truc.
Concernant cette dernière, femme bafouée, complexée qui, par un faisceau peu crédible d'opportunités et d'événements soudains, se révèle, se libère, je crois rêver quand on évoque une heroine féministe. Trouver sa voie professionnelle, accepter de ne pas pouvoir avoir d'enfant , c'est cela le message féministe de ce roman ? Un peu mince tout de même.
Pour résumer, une lecture décevante qui m'a ennuyée et beaucoup déçue.