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Citations sur Monstrueuse féerie (73)

Il y a toujours une fenêtre que je laisse ouverte pour que les Monstres puissent entrer.
(Incipit)
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J'y construirai une maison nomade posée sur rondins de bois qui rouleront sur les vagues de sable. Il y aura une salle des machines et un gouvernail. Il n'y aura pas de canon, car les Monstres n'existeront plus.
Ce sera gai. Je n'aurai plus besoin de mourir tous les huit jours pour me sentir moins seul, car il y aura des gens qu'on pourra rencontrer. Et on entendra le désert chanter, la nuit.
Alors mon corps se soulèvera, comme une montagne qui s'amuse. Et je jouerai à la marelle avec les zéphyrs et les alizés.
En plissant les yeux, à cause des grains de sable.
Je serai vivant.

Et alors, peut-être, elle reviendra.
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J’y suis allé, moi, à la fin du monde. Seulement, il ne faut pas croire, il n’y avait rien, après.
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J’étais envahi par ma propre personne et je ne faisais attention à toi que dans la mesure où j’en avais besoin. J’ai aspiré ton énergie vitale et si tu n’étais pas partie peut-être que tu serais morte…
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Et quand je suis avec toi, quand tu me touches, je sens mon corps qui se leste de plomb, comme le tien, qui devient lourd, envahi par la matière, je ne peux même plus partir... Là où je vais quand je suis seule, quand je fais le vide... Et il y a des couleurs qui disparaissent... Ce sentiment océanique, l'adhésion à un monde plein, disponible, fait d'impressions oubliées et tout à coup ressurgies, d'images vives, de résurgences archaïques, tout ça s'efface... Tu sais, par exemple, les souvenirs de papier glacé d'hiver comme des petits avions froissés? Tout ça s'en va... Quand je suis avec toi...

Et moi, je ne disais rien, pétrifié. Des larmes coulaient seulement de mes yeux, sans s'en rendre compte...
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J’ai commencé à lui expliquer, alors. J’espérais l’appâter avec les éléments cliniques de la décompensation poétique de Didier pour qu’elle se surimpose au décor. Elle aimait bien faire ça. Jouer les hologrammes. Il y avait quelques brumes colorées, lumineuses, informes, et puis sa silhouette se détachait du brouillard, sa figure s’affinait et elle était là.
Je pense qu’elle n’avait pas besoin d’apparaître par strates, comme ça. C’était pour le décorum, le tralala. Je crois aussi qu’elle avait peut-être peur que je ne l’aime plus si elle ne présentait plus de signe extérieur de féerie.
Je lui ai récité la saillie de Didier. Il m’avait impressionné ce jour-là.
« Tu sais, ça me rappelle le poème de Boris Vian, Je voudrais pas crever. »
Je suis allé chercher le bouquin dans la bibliothèque, parce que je n’ai jamais été capable de réciter plus de quatre vers de suite d’un seul poème. Ça me passionnait, ces comparaisons. J’avais été embauché en tant que psychologue dans le service pour malades volubiles du Centre psychiatrique, et mon travail de recherche, au- delà des interventions à but thérapeutique, consistait pour l’essentiel à établir des ponts entre la poésie classique ou contemporaine et le contenu délirant des décompensations poétiques des patients du Centre.
Je n’aime pas dire : « les patients ». Je les appelle les Monuments, en général.
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Et parfois, à la maison, la vie jaillissait brutalement hors de son bocal d’éther : tout à coup, sans crier gare, les parents voulaient tuer les enfants. Pas pour ne pas les voir souffrir, mais pour qu’ils ne puissent pas témoigner de leur naufrage. C’était un peu l’histoire du Petit Poucet, mais sans faux-semblant.
Ça se produisait après le dîner. Je les entendais, le soir, derrière ma porte.
Ils se disputaient pour savoir auquel d’entre eux en incombait la mission.
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Il y a toujours une fenêtre que je laisse ouverte pour que les Monstres puissent entrer. Je ne le fais pas vraiment exprès. Mais tous les Monstres rentrent dans toutes les têtes de la même façon : on les y invite. Parce qu’il y a quelque chose en eux qui nous fascine, qui nous comble, ou du moins qui absorbe notre esprit logique en polarisant nos réflexions. Quand ils sont là, c’est trop tard. Ils ne sortent plus et la terreur grandit.
Moi, ce sont mes questions sans réponse de petit garçon qui leur servent de fenêtre. Je ne peux pas m’en empêcher…
Je me rappelle…
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Par exemple, il ne faut pas forcément dire la Vérité mais il faut apprendre à l’aimer. Pour pouvoir la transformer en autre chose. C’est un travail de longue haleine.
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Quand je disparais, ça ne veut pas dire que je n'existe plus, ou que tu n'existes plus.
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