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Citations sur Journal de Samuel Pepys (16)

Au réveil, je me suis un peu emporté contre ma femme quand elle me raconta qu'elle s'était procuré de l'urine de jeune chien et qu'elle s'en servait pour sa toilette. L'idée lui en avait été donnée par ma tante Wight qui, à l'insu de son mari, en cherchait pour sa vilaine figure.
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Nous étions très gais et, quand les femmes quittèrent la table, je les suivis. J'étais le seul homme avec elles. Je me suis mis à leur raconter que je n'avais pas d'enfant et à leur demander des conseils là-dessus. Librement et joyeusement, elles m'énoncèrent ces dix préceptes :

1) Ne pas serrer ma femme trop fort ni trop longtemps.
2) Ne pas prendre de repas tard dans la nuit.
3) Boire du jus de sauge.
4) Aussi du vin d'Alicante avec des rôties.
5) Porter de légers caleçons en toile de Hollande.
6) Se tenir l’estomac chaud et le dos frais.
7) Quand à savoir s'il valait mieux faire l'amour le soir ou le matin, elles me répondirent : « Pas plus l'un que l'autre, mais seulement quand on en a envie. »
8) Ma femme ne doit pas se lacer trop serré.
9) Il me faut boire du mum* au sucre.
10) Changer de place, c'est-à-dire coucher la tête au pied du lit, ou du moins faire le lit haut au pied et bas à la tête.

* Bière brassée avec du froment et des épices.
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La pièce, qui a pour titre "La Luxure perd tout ", était mal jouée, et dans un désordre tel qu'à l'orchestre un jeune garçon chargé de chanter un air s'étant trompé, le chef de musique le querella et le battit si fort qu'il s'ensuivit un violent tumulte dans toute l'assistance.
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J'allai donc à l'église et, quand elle partit, je voulus partir aussi, mais je rencontrai M. Howlett qui m'offrit une place dans la tribune. Je ne pus m'excuser, il me fallut le suivre là-haut où, bien à contrecœur, je restai pendant tout le service, fort en peine, tandis qu'elle m’attendait chez elle. Mais je me divertis à regarder avec ma lorgnette du haut en bas de l'église, ce qui me procura le plaisir de découvrir et de contempler une quantité de jolies femmes. Grâce à cela et au sommeil, je passai le temps jusqu'à la fin du sermon.
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"
1666
3 janvier, - Chez le duc d'Albermale j'ai la joie d'apprendre que le nombre des victimes de la peste est tombé cette semaine à soixante-dix. Rentré chez moi, je trouvai la compagnie que j'avais invitée, Coleman et sa femme, Mme Knepp et son grincheux de mari. Nous avons fait de la bonne musique. Entre autres chose Mme Colemn chanta l'air que j'ai écrit sur les paroles de 'Beauté, retirez-vous'. Je le crois fort réussi et tous m'en firent de grandes louanges. Ensuite nous avons dansé, puis soupé. Nous nous sommes beaucoup amusés jusqu'à l'arrivée de M. Rolt. Il avait une rage de dents, si bien qu'au lieu de nous apporter de l'agrément, sa présence gâta notre plaisir. Lui parti, ma femme se it aussi à avoir mal aux dents et alla se coucher. On se sépara après une dernière chanson et ensuite au lit."
p 319
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" 1660
Grâce à Dieu, à la fin de l'année qui vient de s'écouler, je me trouve en excellent santé, sans la moindre trace de mon ancienne douleur, sauf quand je prends froid. J'habite Axe Yard avec ma femme, ma servante Jane, et point d'autre famille que nous trois. Ma femme m'avait donné des espérances de paternité, mais le premier jour de l'année elle a eu ses règles.
Voici où en sont les affaires de l'Etat. Le Parlement croupion, qui avait été dissous, siège à nouveau. Monk est en Ecosse avec son armée. Les nouveaux conseillers municipaux de la Cité parlent très haut. Ils ont envoyé leur porte-épée à Monk pour lui faire connaître leur désir d'un Parlement libre, ce qui est pour le moment l'espoir et la volonté de tous.
Quant à ma situation personnelle, elle est belle et l'on me croit riche. A la vérité je suis pauvre: je n'ai d'autre fortune que mes meubles et mes objets, avec les ressources de mon poste, qui sont bien incertaines pour le moment. C'est M. Downing qui dirige mon bureau."
p 27
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20 janvier. — Levé; chez Jervas où j'ai trouvé tout le monde sens dessus dessous à cause de Jane; sa maîtresse m'a confié en secret qu'elle avait juré de ne rien dire, mais que Jane était une fille perdue. À la fin, en dépit de son serment, elle m'a raconté que Jane s'était promise à un garçon qui vient chez eux et n'est bon qu'à jouer du violon pour gagner sa vie; ils ont une liaison ensemble et elle a dit tout net qu'elle avait promis de ne jamais l'abandonner pour qui que ce soit. Or, aujourd'hui, ils essayaient de la décider à épouser un certain Hayes qui se trouvait là et je fis semblant de vouloir l'en persuader. Enfin, je m'arrangeai pour qu'ils me laissent la sermonner en tête à tête, ce qui me permit de lui faire l'amour, et je crois que je la retrouverai dimanche prochain; je crains qu'elle n'aille à sa perte en épousant ce garçon.
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24 septembre. — Cet après-midi, j'ai raconté à ma femme qu'il fallait que j'aille à Deptford et j'ai été à Westminster trouver Mlle Lane. Je l'ai emmenée à Lambeth et là, je fis avec elle ce que je voulais, sauf le principal, à quoi elle ne voulut point consentir, ce dont Dieu soit loué. Avec la grâce de Dieu, je ne recommencerai jamais, tant que je vivrai. Quand je fus las de sa compagnie, je la débarquai à Whitehall et je revins chez moi. Je suis resté au bureau à écrire des lettres jusqu'à près de minuit. Enfin, je suis allé souper à la maison où j'ai trouvé ma pauvre femme encore au travail. Mon cœur se serre à la pensée de tromper une si bonne créature. C'est la justice divine qui la rend désagréable avec moi, pour me punir du tort que je lui fais; mais j'ai pris la résolution de ne plus jamais recommencer. Ensuite au lit.
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Entre autres propos intéressants, on a parlé de sir Jerome Bowes, ambassadeur de la reine Elisabeth auprès de l’empereur de Russie. Un jour que deux nobles russes avaient voulu passer devant lui dans l'escalier qui conduisait aux appartements de l’empereur il refusa de le monter à son tour, tant que l’empereur n'eut pas donné l'ordre de traîner les deux hommes du haut en bas des degrés, leur tête cognant à chaque marche jusqu'à ce que mort s'ensuive. Quand il eut enfin monté on lui réclama son épée avant de le laisser pénétrer dans la salle. Il répondit que, puisqu'on voulait son épée, on aurait aussi ses bottes. Il fit donc tirer ses bottes et envoya chercher sa robe de chambre, son bonnet de nuit et ses pantoufles, il fit attendre l'empereur jusqu'à ce qu'il pût se présenter devant lui en costume de nuit puisqu'on ne lui permettait pas de s'y rendre vêtu en soldat. Enfin, comme l'empereur, par dérision et pour lui prouver son pouvoir sur ses sujets, ordonnait à l'un d'eux de sauter par la fenêtre — et il se rompt le cou sous les yeux de notre ambassadeur — celui-ci expliqua que sa maîtresse faisait plus de cas et meilleur usage du cou de ses sujets; il ajouta que, pour montrer ce que ses sujets étaient capables de faire pour elle il allait — ce qu'il fit — jeter le gantelet devant l'empereur, et il défia tous les nobles présents de venir le ramasser, pour être champion de l'empereur contre la reine. C'est pourquoi, même encore de nos jours, le nom de sir Jerome Bowes est célèbre et honoré là-bas.
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Ainsi finit sans doute tout ce que je pourrai écrire moi-même dans mon journal, car je suis incapable de le faire : depuis déjà longtemps je pense perdre la vue chaque fois que je prends la plume. Quoi qu'il advienne, il me faut m'abstenir. Dorénavant, je ferai tenir mon journal par les miens en langage clair et je devrai me résigner à n'y rien noter qui ne puisse être connu d'eux et de tout le monde. S'il se trouve quelque chose (ce ne sera guère, maintenant que mes amours avec Deb sont finies et que mes yeux m'interdisent à peu près tous les plaisirs), je tâcherai de réserver une marge dans mon livre pour y ajouter çà et là une note en langage chiffré, de ma propre main.
Ainsi, je m'arrête à ce parti; c'est un peu comme si je me voyais descendre au tombeau. À cela et à tous les maux qui accompagneront ma cécité, Dieu veuille me préparer!

S.P
31 mai 1669.
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