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Critique de ClaireG


W - VV - Double V
Deux histoires croisées, tressées par endroits, qui ne se rejoignent qu'à la subtile intersection des deux V. L'une autobiographique, l'autre inventée.
La première est la vie quotidienne de Georges Perec au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Elle ne présente comme aventure remarquable "que" le fait d'être élevé par sa tante et celui de ne jamais revoir ses parents. Il se fie tant bien que mal à des photos, à des souvenirs imprécis ou imaginés, à des recoupements d'après guerre. C'est minutieux et volontaire.

La deuxième, fictive, décrit un camp idéal pour athlètes olympiques. Idéal ?? Au fil des chapitres (un sur deux pour chaque narration), on n'y croit plus, le malaise s'installe. Les athlètes ont été acheminés sur l'île W, au large de la Terre de Feu, formés, forcés, écrasés pour devenir les meilleurs aux Jeux. Ils ne quitteront jamais l'île. Ils s'y reproduisent au terme d'une Atlantiade mensuelle (les plus forts ayant le droit de violer la cinquantaine de femmes qui bénéficient de 200 m d'avance sur le peloton). le goût de Perec pour les nombres est ici bien pesé : 4 villages, 22 disciplines, les 2 meilleurs de chaque discipline, soit 176 hommes aux instincts débridés, qui ne respectent qu'une règle, celle de gagner à tout prix.

FORTIUS ALTIUS CIVIUS. Pierre de Coubertin a dû se retourner dans sa tombe.

Mais, bien sûr, c'est une fiction ! Ramenée à l"époque réelle, entre 1942 et 1945, elle prend des allures plus explicites et chaque mot sonne comme un glas.

Bien des années plus tard, Georges Perec découvre le livre de David Rousset "L'univers concentrationnaire", prix Renaudot 1946 et il en cite un paragraphe à la dernière page. Terrible.

Toute la prouesse de l'auteur se révèle au compte-gouttes dans une sorte de détachement né d'une profonde souffrance. Assez exceptionnel dans sa construction.


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