AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Patoux16


ELLIS ISLAND
L'île des larmes

Je n'ai pas les mots pour vous retranscrire ce roman tant cette petite histoire dans la grande m'a touchée profondément !
Un tout petit livre et pourtant un recueil immense de délicatesse et sensibilité, un style admirable tout en nuances, digne et simple.
Toutes ces vies déracinées, quittant leur pays, leurs familles, portant leurs rêves et espoirs vers cette Amérique, terre promise.
Cette Amérique mille fois rêvée, la terre de liberté où tous les hommes étaient égaux, le pays où chacun aurait sa chance, le monde neuf, le monde libre où une vie nouvelle allait pouvoir commencer.
Seize millions d'émigrants sont passés en trente ans par Ellis Island : le lieu de l'exil.
Il subissaient "l'inspection", devaient répondre à une série de vingt neuf questions ... Visite médicale, marqués à la craie d'une lettre : C la tuberculose, E les yeux, F le visage, X la débilité mentale .... , changer de nom.
A l'issue de ces humiliations, perte d'identité, l'inspecteur disposait de deux minutes pour décider si oui si non l'émigrant avait le droit d'entrer aux Etats Unis et devenir un immigrant.

Ce récit bouleverse car aujourd'hui, encore, le traitement faits aux migrants, ces frères humains, est indigne.
Demain, nous le serons peut-être ?...

"HOME" un poème sur l'immigration, écrit par une immigrante Warsan Shire jeune femme britannique d'origine somalienne

Personne ne quitte sa maison
A moins d'habiter dans la gueule d'un requin
 
Tu ne t'enfuis vers la frontière
Que lorsque toute la ville s'enfuit comme toi.
Tes voisins courent plus vite que toi
Le goût du sang dans la gorge
L'enfant avec qui tu as été à l'école
Celui qui t'a embrassé à perdre haleine
Derrière la vieille ferronnerie
Traine un fusil plus grand que lui
Tu ne quittes ta maison
Que quand ta maison ne te permet plus de rester.
 
Personne ne quitte sa maison
A moins que sa maison ne le chasse
Le feu sous les pieds
Le sang qui bouillonne dans le ventre
 
Tu n'y avais jamais pensé
Jusqu'à sentir les menaces brûlantes de la lame
Contre ton cou
Et même alors tu conservais l'hymne national
A portée de souffle
Ce n'est que quand tu as déchiré ton passeport
Dans les toilettes d'un aéroport
En t'étranglant à chaque bouchée de papier
Que tu as su que tu ne reviendrais plus.
 
Il faut que tu comprennes,
Que personne ne pousse ses enfants dans un bateau
A moins que la mer te semble plus sûre que la terre
 
Personne ne brûle ses paumes
Suspendu à un train
Accroché sous un wagon
Personne ne passe des jours et des nuits dans le ventre d'un camion
Avec rien à bouffer que du papier journal
A moins que chaque kilomètre parcouru
Compte plus qu'un simple voyage.
 
Personne ne rampe sous des barrières
Personne ne veut être battu
Ni recevoir de la pitié
 
Personne ne choisit les camps de réfugiés
Ni les fouilles à nu
Qui laissent ton corps brisé
Ni la prison
Mais la prison est plus sûre
Qu'une ville en feu
Et un seul garde
Dans la nuit
C'est mieux que tout un camion
De types qui ressemblent à ton père
 
Personne ne peut le supporter
Personne ne peut digérer ça
Aucune peau n'est assez tannée pour ça
 
Alors tous les :
A la porte les réfugiés noirs
Sales immigrants
Demandeurs d'asile
Qui sucent le sang de notre pays
Nègres mendiants
Qui sentent le bizarre
Et le sauvage
Ils ont foutu la merde dans leur propre pays
Et maintenant ils veulent
Foutre en l'air le notre
 
Tous ces mots-là
Ces regards haineux
Ils nous glissent dessus
 
Parce que leurs coups
Sont beaucoup plus doux
Que de se faire arracher un membre.
Ou les mots sont plus tendres
Que quatorze types entre tes jambes
Et les insultes sont plus faciles
A avaler
Que les gravats
Que les morceaux d'os
Que ton corps d'enfant
Mis en pièces.
 
Je veux rentrer à la maison
Mais ma maison est la gueule d'un requin
Ma maison est le canon d'un fusil
Et personne ne voudrait quitter sa maison
A moins d'en être chassé jusqu'au rivage
A moins que ta propre maison te dise
Cours plus vite
Laisse tes vêtements derrière toi
Rampe dans le désert
Patauge dans les océans
 
Noie-toi
Sauve-toi
Meurs de faim
Mendie
Oublie ta fierté
Ta survie importe plus que tout.
Personne ne quitte sa maison
A moins que ta maison ne chuchote grassement à ton oreille
Pars
Fuis moi
Je ne sais pas ce que je suis devenue
Mais je sais que n'importe où
Vaut mieux qu'ici.
Commenter  J’apprécie          138



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}