Ton grand-père avait les mains brunes.
Ta grand-mère en embrassait chaque jointure,
encerclait une île au creux de sa parure
et lui indiquait quel territoire ils habiteraient
quel territoire ils délaisseraient.
Elle se mouillait un doigt pour dessiner l’océan
là sur son poignet, et l’embrassait,
donnait à cet océan son nom à elle.
(Les mains de grand-père)
Elle se mouillait un doigt pour dessiner l’océan
là sur son poignet, et l’embrassait,
donnait à cet océan son nom à elle.
Je les entends dire rentre chez toi, je les entends dire putains de migrants, putain de réfugiés. Sont-ils vraiment si arrogants ? Ne savent-ils pas que la stabilité est pareille à cet amant à la bouche pleine de douceur se coulant sur ton corps un instant ; et l’instant d’après te voici tremblement gisant sous les décombres et les devises anciennes, attendant son retour. Tout ce que je peux dire, c’est que naguère j’étais pareille à toi, cette apathie, cette pitié, cet accueil à contrecœur et maintenant chez moi c’est la gueule d’un requin, maintenant chez toi c’est le canon d’un fusil. On se verra de l’autre côté.
Ta fille a pour visage une petite émeute / ses mains sont une guerre civile / un camp de réfugiés derrière chaque oreille / un corps jonché de choses laides. / Mais Dieu, /Vois-tu comme elle porte bien le monde ?