Je me sens la reine d’un palais immense, comme libérée du regard des hommes par la nuit qui vient. Je me tiens bien droite sur le rocher qui trône au sommet de la montagne, respirant l’air pur qu’on ne trouve qu’en altitude et m’émerveille d’être vivante pour observer cette indicible beauté autour de moi.
Parfois, quand je vis quelque chose de fort dans mon monde de nature, que ce soit un coucher de soleil particulièrement flamboyant ou une poignée de fraises des bois au goût incomparable, j'éprouve le besoin de prendre une photo et de l'envoyer à quelqu'un. Comme s'il fallait la présence d'un témoin pour donner de la consistance à un bonheur éphémère. Comme si loin du regard de l'autre, ma vie d'une certaine manière n'existait même pas.
J'ai beau avoir choisi un mode de vie atypique, je ne vis donc pas encore vraiment pour moi.
Qui veut faire quelque chose trouve un moyen, qui ne veut rien faire trouve des excuses.
Sans doute, la différence entre un rêve d'écriture et un livre bien réel réside dans le fait de ne pas lâcher, de continuer, même quand chaque mot écrit semble si ridicule
Je me sens reine d'un palais immense, comme libérée du regard des hommes par la nuit qui vient.
Même choisie, la solitude n'est pas quelque chose de gai, avais- je pensé. Elle peut être apaisante, reposante, parfois écrasante, déchirante, mais gaie, je ne crois pas. Pas pour moi en tout cas.
Malgré ces quelques inconvénients, je me sens privilégiée d'habiter ici, où je vois toute cette blancheur par chacune de mes fenêtres.