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Critique de migdal


L'expulsion des Jésuites par le gouvernement espagnol ce Charles III le 31 mars 1767 succédait à leur bannissement par le Portugal en 1759, la France en 1764 et anticipait la suppression de l'ordre décrétée par le Pape en 1773.

La Compagnie de Jésus représentait tout ce que les Lumières combattaient : un ordre religieux, riche, aux nombreux collèges, au pouvoir incontrôlable relevant directement du Vatican. Paradoxalement Voltaire se fit leur avocat « Rien de plus contradictoire que d'accuser de morale relâchée des hommes qui mènent en Europe la vie la plus dure et qui vont chercher la mort au bout de l'Asie et de l'Amérique ».

Anticipant leur condamnation, les religieux espagnols affrètent au début de l'an 1767 le vaisseau Gloria Dei, embarquent à La Havane leur trésor et font voile vers Valence … mais à proximité de Cadix ils sont pris en chasse par le corsaire Chergui et coulés au large de Carthagène.

Deux siècles plus tard les chercheurs de trésors s'interrogent :
- Où précisément est l'épave ?
- Comment interpréter les cartes et témoignages de l'époque et déterminer la latitude et la longitude du naufrage ?
- Quel est ce trésor ? argent, or ou émeraudes ?
- Comment le remonter à la surface ?
- Par quel itinéraire quitter discrètement l'Espagne ?
- Comment monnayer les bijoux avec les réseaux d'Anvers en échappant au fisc et à la législation protectrice des épaves ?
- Et enfin comment refaire sa vie en profitant de la richesse ainsi acquise ?

Voici de quoi écrire un bon roman, me direz vous.

Ajoutez Tanger Soho dans un rôle de femme séduisante, intrigante et manipulatrice, Manuel Coy, officier de marine, interdit de navigation pour deux ans, Nestor Perona, maitre cartographe, Nino Palermo, une vraie crapule, et l'argentin Kiskoros, héros de la guerre des Malouines, voué aux gémonies à la chute de la dictature militaire dans les rôles principaux et confiez la plume à Arturo Pérez-Reverte et vous obtenez un chef d'oeuvre, de surcroit fort bien traduit par François Maspero.

Associant étude historique, recherche cartographique, intrigue policière à un immense amour de la mer et de la littérature maritime, « Le cimetière des bateaux sans nom » se lit et se relit au fil des années comme un des plus beaux romans espagnols contemporains.

PS : mon regard sur La Reine du Sud
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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