Une main crispée sur le gouvernail, Harrisson fuyait la terre des hommes stériles. Toute souffrance de nouveau concentrée en son cœur, il fuyait la terre, d'où montait vers lui la rumeur immense et unanime des malédictions.
Il acheva de mourir aux déserts vertigineux du ciel, dans le fracas d'une désintégration explosive. Il y eut une grande flamme dévorante. Des gaz lourds et des cendres descendirent lentement se mêler aux nuées.
La société moderne devait avant tout, surveiller étroitement les recherches scientifiques. Or, rien n’était fait. Sous le prétexte de liberté individuelle, le savant demeurait maître de ses actions tout aussi bien que le mortel inoffensif.
Les dirigeants, maîtres absolus depuis le commencement des hostilités, repoussèrent avec indignation une paix prématurée qui eût laissé les adversaires également diminués et sans gloire. (p.131)
Les heures frénétiques approchaient où toute civilisation devait sombrer et où serait mise en question l'existence même du grand primate astucieux et dominateur, puissant, pendant des millénaires, par son lourd cerveau inquiet où le rêve de la vie s'agençait en systèmes indéfiniment perfectibles.
Un grand aérobus ailé, en tôle d'or, tournoya longtemps avant d’atterrir ; il amenait Lahorie avec sa cour de jeunes aèdes pervers et de jolies femmes détraquées.
En face, se dressait le bloc inquiétant des peuples jaunes. Ceux-ci, la science, comme le coup de baguette d’une fée, les avaient tirés d’un long engourdissement. Le réveil avait été prodigieux. Leurs savants égalaient en réputation les savants d’Europe et d’Amérique ; leurs industriels, leurs commerçants, leurs banquiers envahissaient les marchés du globe ; en même temps, une renaissance artistique sans précédent coïncidait chez eux avec une dépravation morale qui étonnait le vieux monde.
En plus d’une contrée, de grossiers histrions se hissaient aux tréteaux populaires ; des demi-fous brandissant la matraque, réussissaient à se faire écouter.
Jamais peut-être l’humanité n’avait manqué à ce point de clairvoyance et de bonne volonté. La science progressait rapidement, et peu de gens songeaient à s’étonner et à se méfier. L’intelligence semblait quelque peu assoupie ou désorientée.
Ecrivant l’histoire de l’humanité à l’âge scientifique, l’auteur, avec une implacable logique, démontrait qu’à l’origine de tout changement dans la marche de la civilisation, on trouvait une découverte dont personne, le plus souvent, n’avait tout d’abord mesuré l’importance.