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Citations sur Terre du vent : Une enfance dans une ferme algérienne 1.. (8)

Elle a oublié quelque chose - comme un jouet enterré. L'appelle Madja sa complice, l'appelle un souvenir enfoui, l'appelle l'appel du vent qui passe, l'appelle la chaleur de l'été, l'appelle le chant de l'eau, le cristal pépiant du matin d'avril, l'or d'une abeille dans les fleurs d'or des caroubiers.

Elle a oublié quelque chose, elle doit retourner là-bas. Ne culpabilisez pas la douceur de son enfance, laissez-là retourner dans la bulle, monde disparu, monde aboli, jardin à l'abandon, jardin labouré, jardin redevenu champ de blé, jardin effacé, jardin prisonnier de la bulle, comme elle.

Elle connaît le chemin du rêve, du souvenir, du vent tiède.
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... comme une inondation, les vagues de l'oued vont déposer partout de vieux déchets qu'on récupère et rafistole. Une grande colère de la terre, tout est emporté, roulent boueux les pauvres objets où nous nous accrochions.
Là où le flot est passé, la terre est redevenue pure, le soleil commence à craqueler de grandes plaques d'argile. Nulle ombre, nulle trace.
Plus tard repoussent d'autres herbes.
Terre des ombre, terre du vent, terre prêtée le temps d’un songe…
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Avant même que de naître, elle a respiré l'air tiède sous les grands arbres, l'odeur dorée du jasmin, du chèvrefeuille, des haies de roses-pompons.
Elle est faite de cette eau fraîche, un peu calcaire, au goût de matin. De petites laitues rondes, de grosses tomates à peau trop fine, des bruits du réveil, du roucoulement tiède des pigeons paons. De miel, d'oranges sanguines, du craquement de la glace sur les flaques, de caillé frais, du blé dans le vent. Du hululement de la chouette, du bruit de cascade de l'eau dans le bassin.
Craquelée par l'étouffement des midis d'août, pétrie d'odeur de poussière piquante, d'odeur du moût dans les cuves, de feux de sarments.
Faite d'une attente d'un souffle, d'une chaleur. Des jeux de son père enfant, et des petits enfants d'encore avant, qu'emportait la typhoïde, et du souffle des esprits qui ont imprégné cette terre bien avant ses ancêtres et qui y rodent encore.
D'une gerbe de lilas et de roses, et des amants enlacés qui marchent dans le printemps.
Elle est faite d'une nuit de mai, nuit d'amour, tiède, parfumée, crissante de grenouilles, traversée de silences, d'un souffle de vent presque charnel et bleu.
Et de l'odeur des fleurs de sureau, des fleurs de verveine.

Elle est le trille du bouvreuil, la fumée du matin, le brouillard. Le givre dans le gazon, un diamant de rosée.
Elle fait pencher la tête des acanthes, elle effeuille les roses, elle embusque les violettes et les pervenches.
Elle est l'or du couchant, la danse des feuilles, le tintamarre de l'arbre aux oiseaux, le chant de la source.
Elle est la respiration de la terre.
Elle est l'étoile filante.
Elle est la nuit de la saint Jean.

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Je vous parle d'un monde qui n'existe plus.

Des quatre populations dont le mélange a fait ma langue, mes chansons, mes superstitions et mes légendes, trois se sont enfuies – un été, les bateaux de pêche frétés à la hâte emportant des familles entières, oncles, grands-mères et nourrissons ; les paquebots, les pinardiers pris d'assaut, les déménagements qui s'entassent sur le port – chaleur des aéroport, deux nuits, trois nuits, cinq nuits passées sur place dans l'espoir d'une place de faveur, l'attente au soleil, les supplications auprès des transporteurs… La peur.

Tout un pays qui rendait des souvenirs, qui dégurgitait les déchets d'un siècle. Tout un pays qui recrachait sa crasse, sa misère, les vieux ressortis, cillant au soleil, pissant sous eux, la honte des familles étalée, vieux objets, enfants sales, baluchons et paniers, les pauvres au grand jour. Tristes trésors.
Insectes affolés, délogés de leurs trous, titubant dans la lumière cruelle - vulnérables et nus, ayant raflé de leur passé, sans choisir, tout ce qu'ils pouvaient prendre. Un vomis d'hommes et de choses qui s'écoule de la terre, tourbillon, agitation désespérée des fourmilières éventrées.
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Après le déferlement de l'orage , quand la violence de cette terre et de ses hommes eut tout détruit , elle a commencé à sentir la nécessité de retourner sur les lieux de son enfance : elle avait oublié là bas quelque chose qu'elle devait reprendre , un souvenir effacé qui expliquerait tout , une saveur , une couleur . Elle ne voulait rien prendre , elle voulait juste revenir un moment au coeur de sa mémoire , retrouver ce bonheur illusoire , ce paradis perdu .
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Je vous parle d'un monde qui n'existe plus.

Des quatre populations dont le mélange a fait ma langue, mes chansons, mes superstitions et mes légendes, trois se sont enfuies – un été, les bateaux de pêche frétés à la hâte emportant des familles entières, oncles, grands-mères et nourrissons ; les paquebots, les pinardiers pris d'assaut, les déménagements qui s'entassent sur le port – chaleur des aéroport, deux nuits, trois nuits, cinq nuits passées sur place dans l'espoir d'une place de faveur, l'attente au soleil, les supplications auprès des transporteurs… La peur.

Tout un pays qui rendait des souvenirs, qui dégurgitait les déchets d'un siècle. Tout un pays qui recrachait sa crasse, sa misère, les vieux ressortis, cillant au soleil, pissant sous eux, la honte des familles étalée, vieux objets, enfants sales, baluchons et paniers, les pauvres au grand jour. Tristes trésors.

Insectes affolés, délogés de leurs trous, titubant dans la lumière cruelle - vulnérables et nus, ayant raflé de leur passé, sans choisir, tout ce qu'ils pouvaient prendre. Un vomis d'hommes et de choses qui s'écoule de la terre, tourbillon, agitation désespérée des fourmilières éventrées.
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Ce sont des tranches de vies Oranaises qui nous sont contées ici avec beaucoup de délicatesse et de tendresse.
Ces femmes, tellement attachantes, nous les avons peut-être rencontrées un jour, je les ai peut-être croisées qui sait ? Prises dans un ouragan de violence, elles sont devenues les fantômes qui rôdent dans notre mémoire collective.
J'ai aimé chacun des personnages en imaginant leurs premières Amours, leurs traditions, leurs cultures, leurs espoirs, leurs silences, leurs cris et leurs combats.
L'auteur m'a émue et ses personnages m'ont bouleversée, je suis revenue deux fois sur " La lingère et les moustachus ".J'ai lu deux fois ce livre, il m'a bouleversée.
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Je vous parle d'un monde qui n'existe plus.
Des quatre populations dont le mélange a fait ma langue, mes chansons, mes superstitions et mes légendes, trois se sont enfuies – un été, les bateaux de pêche frétés à la hâte emportant des familles entières, oncles, grands-mères et nourrissons ; les paquebots, les pinardiers pris d'assaut, les déménagements qui s'entassent sur le port – chaleur des aéroport, deux nuits, trois nuits, cinq nuits passées sur place dans l'espoir d'une place de faveur, l'attente au soleil, les supplications auprès des transporteurs… La peur.
Tout un pays qui rendait des souvenirs, qui dégurgitait les déchets d'un siècle. Tout un pays qui recrachait sa crasse, sa misère, les vieux ressortis, cillant au soleil, pissant sous eux, la honte des familles étalée, vieux objets, enfants sales, baluchons et paniers, les pauvres au grand jour. Tristes trésors.
Insectes affolés, délogés de leurs trous, titubant dans la lumière cruelle - vulnérables et nus, ayant raflé de leur passé, sans choisir, tout ce qu'ils pouvaient prendre. Un vomis d'hommes et de choses qui s'écoule de la terre, tourbillon, agitation désespérée des fourmilières éventrées.
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