Citations sur Le temps des féminismes (69)
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Les seuils de sensibilité et de tolérance ont changé. Pourquoi ce qui a été accepté pendant des décennies voir des siècles ou des millénaires devient inacceptable?
C'est une question historique majeur difficile à saisir par ce qu'elle dit des changements de représentations, de sensibilité, de conscience démocratique.
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On peut se croire libre et ne pas l'être...
La question de la soumission reste entière. Se soumettre c'est accepter d'être dominé. Il peut y avoir à cela diverses raisons: la contrainte, l'acceptation, le consentement.
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Gisèle Halimi, qui a souvent eu raison et parfois seule contre tous, dit bien que les mots traduisent toujours une idéologie. Laisser passer un mot c'est le tolérer. Le langage nous piège sans que nous rendions compte.
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La langue est un pouvoir, elle résiste beaucoup.
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En 1980, le viol devient un crime passible des assises, alors que auparavant le violeur était simplement traduit en correctionnel pour "cour et blessures."
Les femmes ne sont pas toutes nécessairement égalitaires. Il existe un « féminisme de droite qui revendique pour les femmes l'exercice de la domination sans remettre en cause son fonctionnement et sans interroger ses fondements, surenchérissant mêne sur la virilité du pouvoir au nom d'une différence des sexes assumée dont il se proclane garant comme d'un ordre naturel. Il n'est pas plus de sexe salvateur que de sauveur supréme. Le féminisme est soupçonné de favoriser une indifférenciation castratrice, génératrice de tensions et de troubles sexuels, contraire à l'harmonie familiale et à l'équilibre social. C'est un thème favori des réseaux sociaux
Le féminisme est un éveil des femmes à leur situation, à leur conscience d'individus, un éveil personnel et collectif. J'ai du mal à penser que le féminisme soit une censure et je ne le veux en aucun cas. Etre féministe signifie lutter contre l'ombre, I'ombre dans laquelle les femmes dans I'histoire étaient ensevelies, et l'ombre sur les problèmes que posent les rapports entre les hommes et les femmes, y compris la sexualité. Je vois le féminisme comme une ouverture, comme la dissipation d'un brouillard.
Refuser les mots « décolonial », « woke », « cancel culture », « intersectionnalité », dénoncer d'emblée leur caractère pervers, c'est refuser le débat, refuser qu'il ait lieu, refuser les mots pour disqualifier la discussion elle-même. Ce n'est ni une attitude historique, ni une attitude scientifique.
Rester éveillées est essentiel pour les femmes. Et il me semble que les féministes participent à l'éveil général, qu'elles font partie intégrante de l'esprit woke. Rester éveillé est une injonction constitutive du combat des femmes. La situation des femmes, si longtemps traitées comme minorité, les rend sensibles à celle des autres minorités, à l'esclavage, à la peine de mort. Les féministes américaines comme françaises ont été abolitionnistes, et sont généralement ouvertes aux questions écologiques et animales.
[...] il me semblait primordial de voir les différences, de les faire entendre. Il fallait qu'elles puissent s'exprimer. Comme une forme de libération. Je le pense toujours, plus consciente évidemment des crispations identitaires, qui détruisent I'universel et l'empêchent d'exister.
Différence ne veut pas dire identité. On peut être différent sans pour autant se draper dans une identité. II ne faut pas perdre le cap de l'universel, c'est la seule voie qui permette de réaliser l'égalité. Les différences sont une richesse mais peuvent devenir, à certains moments, des môles d'affirmation d'identités qui se combattent. À l'inverse le métissage est une très bonne chose