Si la révolte des femmes a revêtu des formes très diverses, elle n'ont pas construit beaucoup de barricades. D'une manière générale, le féminisme n'a pas été violent, au sens d'un mouvement social.
Les femmes sont souvent vues comme des concurrentes, qui viennent prendre la place des hommes et surtout dévaluer leurs professions. L'idée de la dévaloriser par le féminin est une idée si tenace, comme si l'eau du féminin allait transformer le vin viril en piquette.
Entre les femmes et les livres, un pacte de longue durée s'est noué dans l'intimité de la chambre, et perdure aujourd'hui.
L'histoire ne peut prétendre au statut de science, elle reste un art, mais avec une exigence de vérité.
Pourtant le peuple n'a pas toujours raison, et les femmes non plus. Le fait d'être victime ou dominé n'autorise pas tout.
Je revendique le féminisme comme mouvement historique et mouvement de pensée toujours actuel, qui conteste la domination masculine, cherche à établir l'égalité entre les sexes et la liberté des femmes.
On le voit très bien dans le droit de vote : pour Sieyès, les femmes sont des citoyennes passives, qui ont droit à la protection de leur personne et de leurs biens mais ne votent pas. Elles n’ont aucun accès à la décision politique. Néanmoins, son discours n’est pas sans nuance puisqu’il précise : « du moins dans l’état actuel », comme si les femmes n’étaient pas encore capables à ce moment-là d’être citoyennes et de participer à la vie publique, mais pourraient l’être un jour. -- Cette distinction a été immédiatement récusée par les femmes, en particulier par Olympe de Gouges, la première à avoir eu conscience que cet universalisme proclamé était un piège. Elle objecte que si les femmes ont le droit de monter à l’échafaud, elles ont aussi le droit de monter à la tribune, à la fois lieu matériel et symbolique. Publiée en 179 1, en fait très peu diffusée (elle l’affichait elle-même sur les lieux accessibles), sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est d’une grande clarté, et on pourrait toujours la revendiquer aujourd’hui. En voici deux extraits.
Article VI : « La Loi doit être l’expression de la volonté générale ; toutes les Citoyennes et Citoyens doivent concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation ; elle doit être la même pour tous : toutes les Citoyennes et tous les Citoyens, étant égaux à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents. »
Article XVI : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution : la Constitution est nulle, si la majorité des individus qui composent la Nation n’a pas coopéré à sa rédaction. »
En matière de liberté d’expression, il n’y a pas tant d’événements véritablement créateurs dans l’histoire. La Révolution en est un, assurément. La déclaration d’Olympe de Gouges aussi. 142
L'accès des femmes à la peinture s'est révélé particulièrement difficile, et plus largement l'accès à la création des images, à cet imaginaire qui, en définitive, est une dimension de pouvoir et de fabrication du monde. Il n'y a pas de mot pour désigner une femme peintre.
Lorsqu'en 1967 la contraception a été légalisée, des hommes se sont demandé ce qui allait se passer avec la sexualité féminine. Le député à l'origine de la loi, Lucien Neuwirth s'est vu accusé de transformer la France en bordel... Page 119