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Critique de Woland


Defend & Betray
Traduction : Roxane Azimi

ISBN : 978264033055

Lentement, à trot menu, nous en arrivons au troisième tome de la série Monk. Serons-nous déçus ? Non. Enfin, personnellement, je ne l'ai pas été. Mais je vous préviens : j'ai déjà dit que cette série était beaucoup plus "noire", à mon sens, que celle mettant en scène Charlotte & Thomas Pitt et ce n'est certes pas "Défense & Trahison" qui prouvera le contraire au lecteur innocent. Alors, pour dévorer ce troisième tome, accrochez-vous ferme, moussaillons ! Et n'oubliez pas : oui, ces choses-là arrivent. Dans n'importe quel milieu d'ailleurs. Et nous nous devons de les combattre de toutes nos forces.

Tout débute à nouveau dans une riche famille londonienne, celle des Carlyon, avec la mort du général (rien moins) Thaddeus Carlyon, le fils aîné de la maison, qui a fait la Crimée et qui, chose amusante, s'est élevé à un grade plus important que celui de son père, lequel, lui, bien en vie, n'est que colonel en retraite. Sur la carrière militaire du défunt, il n'y a pas grand chose à dire : elle fut des plus honorables et son pire ennemi ne pourrait le traiter de lâche, fût-ce dans la Mort. Courageux, posé, intelligent, bon époux, bon père aussi bien sûr : un homme parfait. Maintenant, pour être franche, cette tendance qu'ont certains affreux personnages à vouloir tuer les hommes (et les femmes) parfaits ne m'a jamais beaucoup étonnée : j'ai eu moi-même des parents parfaits - et un père aussi parfait, je m'en flatte, que feu Thaddeus Carlyon. Mais, malgré mon mauvais fond, probablement légué par des ancêtres imparfaits , j'ai résisté et j'ai attendu avec dignité que l'Ankou les envoyât naturellement ad patres. L'épouse du général, lady Alexandra, elle, n'a pas eu cette patience : elle n'hésite pas à s'accuser elle-même et à se laisser emprisonner dans l'attente de son procès. Oui, elle a tué son mari, oui, elle a enfoncé la hallebarde, oui, elle l'a fait et non, elle ne regrette rien. Si vous n'êtes pas content, c'est du pareil au même, na !

Heureusement pour notre malheureuse héroïne, Edith, la soeur du décédé, est amie avec Hester Latterly. Intéressée par l'histoire qu'elle lui raconte - cet homme si parfait qui, un cigare à la main, tombe de la balustrade du grand escalier tout droit sur la hallebarde d'une antique armure qui se trouvait là pour faire bien (et c'est cette hallebarde qui le tue : la chute n'y aurait pas suffi) - Hester en parle bien sûr au monsieur âgé - et bien sympathique -, un militaire en retraite, dont elle s'occupe actuellement et puis, dès l'annonce des aveux de lady Alexandra, elle en informe également Oliver Rathbone qui, bien sûr, demande à Monk d'enquêter pour lui.

Or, en dépit de nos voeux personnels (car le personnage est réellement sympathique), les aveux de lady Alexandra ne sont pas des affabulations. Monk, Rathbone et Hester en sont eux aussi désolés mais, recherches accomplies, cette femme dit la vérité et ne manifeste, qui pis est, aucun remords. de la tristesse, certes, notamment celle de se retrouver séparée à jamais de son jeune fils, Cassian, mais rien d'autre. Rathbone accepte néanmoins de prendre sa défense parce que notre incontournable trio d'enquêteurs - sauf Monk, un moment un peu sceptique - finissent par ne plus croire du tout au mobile invoqué. Il faut bien dire que, dès le départ, cette banale histoire d'une galanterie exagérée dont Thaddeus aurait fait preuve envers leur hôtesse, Mrs Furnival, provoquant ainsi la fureur de son épouse, apparaissait de constitution assez fluette ...

Mais si ce mobile-là ne tient pas, quelle est donc la vraie raison qui a incité une femme aussi bien éduquée que lady Alexandra Carlyon à assassiner un homme que, par ailleurs, elle décrit comme un bon mari qui ne la laissait manquer de rien ?

Comme toujours, Anne Perry dresse un portrait redoutablement précis et crédible de la famille en cause : le père, le colonel Carlyon, qui semble bien mou et dominé intégralement par son épouse, lady Felicia, femme altière et, à vrai dire, peu sympathique ; Damaris Erskine, née Carlyon, fille mariée à un juriste fort aimable, Peverell Erskine, adoré entre parenthèses par leur neveu ; Edith, célibataire et déjà citée, qui finira par devenir la secrétaire du vieux militaire chez qui travaille Hester, et, nous l'avons déjà évoqué, le tout jeune Cassian, fils désormais orphelin de Thaddeus et Alexandra. Ajoutons au cercle la vieille gouvernante, Miss Buchan, personnage-clef du roman, et le médecin de la famille, le suave, courtois et très compétent Dr Hargrave.

L'ambiance victorienne est toujours aussi prégnante, avec ses préjugés qui entraînent, une fois de plus, la critique acerbe et en filigrane de l'auteur. A ceci près que, à la découverte du véritable mobile de lady Alexandra, Perry nous rappelle que toutes les époques ont connu ce genre de causes qui peuvent mener une mère ou un enfant à l'assassinat pur et simple.

Je ne vous en dirai pas plus et vous laisserai découvrir en paix "Défense et Trahison", l'un des meilleurs de la série, à mon goût en tous cas. ;o)
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