Mais à présent qu'il avait fini de crier, qu'il avait tout anéanti, il avait rapetissé et enlaidi. Son éclat professionnel avait disparu. (p. 298)
Je n'avais pas simplement l'opportunité de repartir de zéro. Sebastian était mon commencement. (p. 189)
Le hasard est la preuve que Dieu n'existe pas, ai-je envie de dire. L'abomination peut avoir été voulue, ou léguée. Mais elle peut aussi être le fruit du hasard. Être née d'une situation à la limite de la banalité.
Le mal ne signifie rien. C'est d'ailleurs sa définition même. Mais ce n'est pas parce que quelque chose nous blesse que la cause de cette souffrance est nécessairement mauvaise.
Les gens se moquent de ce que les autres disent ou ressentent, de ce qu’ils ont traversé, appris. Les gens ne s’intéressent qu’à ce qu’ils sont déjà certains de savoir.
Je me souviens avoir un jour demandé à maman -- je devais avoir pas loin de douze ans -- à quel âge on pouvait commencer à faire l'amour. "Quand tu auras tellement envie de faire l'amour avec une personne que tu te moqueras de ce que j’en pense, de ce que les autres en pensent, parce que tu préféreras mourir plutôt que de ne pas le faire, alors tu seras assez grande", avait répondu maman. Je croyais qu’elle disais ça pour montrer qu'elle était ouverte d'esprit, qu'elle reconnaissait la beauté du sexe. Je l'avais trouvée écœurante et affectée. Mais elle avait raison. Pour une fois, j'aurais dû l'écouter.
Les superstitions ne sont d'aucun secours contre la réalité.
Nous sommes allés au lycée avec une bombe dans un sac et des armes dans un autre pour tuer le plus de monde possible. Le massacre c’est achevé avec la mort de Sébastian. J’aurais dû périr aussi. Sauf que j’ai survécu, exception à la règle qui veut que les fusillades en milieu scolaire finissent par la mort de l’assaillant.
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