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Critique de polacrit


La Malédiction des Pharaons, The Curse of the Pharaohs dans la version originale parue en 1981, a été publié par les éditions Librairie Générale Française en 1998. le style, un tant soit peu emphatique, est recherché mais tout à fait lisible, avec un tant soit peu d'attention: "L'article que je cherchais n'était plus en première page du journal, bien qu'il eût occupé un certain temps cette position. Je ne puis mieux faire que de rapporter ce que je savais de l'affaire à ce moment-là, comme si j'écrivais une oeuvre de fiction ; en effet, si cette histoire n'avait été publiée dans les pages du vénérable Times, j'aurais pu croire qu'il s'agissait d'une ingénieuse intrigue inventée par Herr Ebers ou M. Rider Haggard, auteurs dont j'étais, je l'avoue, très friande. J'implore donc votre patience, cher lecteur, si nous commençons par un sobre exposé des faits. C'est une étape nécessaire pour vous faire comprendre les événements ultérieurs ; et je vous promets que vous aurez, le moment venu, votre lot de sensations."(Page 278)..."Une fois encore, mon fils – exaspérant mais utile – me débarrassa d'une invitée indésirable. Nos visites à Ramsès, juste avant le coucher, étaient une tradition bien établie. Emerson lui faisait la lecture, et j'avais également mon rôle à jouer. Ce soir, nous avions du retard, or la patience n'est pas la vertu cardinale de Ramsès. Estimant avoir attendu suffisamment longtemps, il venait donc nous quérir. J'ignore comment il avait trompé la vigilance de sa nounou et des autres domestiques, mais il avait élevé l'évasion au rang d'oeuvre d'art. Les portes du salon s'ouvrirent toutes grandes, avec une telle force qu'on se fût attendu à voir paraître un Hercule."(Page 295).
Fil rouge: l'humour au travers des relations explosives entre Amélia et son mari dans des dialogues et des situations comiques: " Elle a promis de revenir en Égypte avec nous une fois que les enfants seraient à l'école.— Oui, mais pour quand est-ce ? Elle produit les bébés à la chaîne et ne paraît nullement décidée à s'arrêter. J'aime beaucoup mon frère et sa femme, mais la procréation ininterrompue de petites Evelyn et de petits Walter me paraît un peu excessive. L'espèce humaine…Dès que l'espèce humaine intervient dans la conversation, je cesse d'écouter. Emerson est capable de disserter sur ce sujet pendant des heures." (Page 320)..."Calmez-vous, Emerson, lui dis-je. Vous aurez une crise cardiaque, un de ces quatre matins. Nous aurions dû prévoir cela ; voilà déjà plusieurs jours que le problème se serait présenté, si votre personnalité charismatique n'avait pas pesé sur les ouvriers. La bouche d'Emerson se referma avec un claquement sec.— Me calmer ? répéta-t-il. Me calmer ? Je ne saurais dire ce qui vous fait supposer que je ne suis pas parfaitement calme. Veuillez m'excuser un moment, mesdames. Je m'en vais parler calmement à mes hommes et leur faire observer calmement que, s'ils ne se préparent pas sur-le-champ à reprendre le travail, je les assommerai calmement, l'un après l'autre. Sur ce, il s'éloigna d'un pas lent et majestueux. Quand je le vis ouvrir la porte de notre chambre, je me perdis en conjectures ; puis je compris qu'il empruntait l'itinéraire le plus direct en passant par la fenêtre. Je me pris à espérer que, dans son irrésistible avancée, il n'irait pas marcher sur le chat ou piétiner mes affaires de toilette."(Page 466)

1892. Cinq années se sont écoulées depuis les événements racontés dans Un Crocodile sur un Banc de Sable. Amélia et Radcliffe, désormais mariés et parents d'un petit garçon âgé de quatre ans, vivent en Angleterre, dans le Kent, non loin de Chalfont Castle, propriété d'Evelyn où elle vit avec Walter, son mari, et leurs enfants. Exceptée une saison de fouilles à Saqqarah quatre ans plus tôt, ils ont abandonné l'archéologie de terrain, à leur grand regret.
Quelques mois plus tôt, le riche mécène Henry Baskerville, qui a découvert une tombe à Louxor, meurt dans des circonstances mystérieuses. Aussitôt, la presse évoque la malédiction qui pèse sur tous ceux qui oseraient profaner la tombe: "Au cours de la semaine suivante, l'un des gentlemen qui avaient assisté à l'ouverture officielle de la tombe fut terrassé par une forte fièvre ; et, à Karnak, un ouvrier tomba d'un pylône, se brisant le cou. « La Malédiction fait de nouvelles victimes ! proclama le Daily Yell. À qui le tour ? » Après la chute de l'homme du pylône (où il était occupé à prélever des fragments de sculptures pour les vendre aux marchands d'antiquités illégales), ses collègues refusèrent d'approcher de la tombe. Depuis le décès de sir Henry, les travaux étaient au point mort." (Page 285)
C'est alors que lady Baskerville demande à Emerson de reprendre les rênes du chantier et d'élucider la mort de son mari. Les deux époux saisissent l'occasion de renouer avec leur passion pour l'égyptologie et l'aventure. Sans se douter des obstacles qu'ils devront surmonter et des dangers qu'ils devront affronter afin de résoudre cette nouvelle énigme: "Quelqu'un était déterminé à empêcher Emerson de poursuivre la tâche entreprise par lord Baskerville. Que la mort de sir Henry eût fait partie de son plan, ou que le scélérat anonyme eût exploité un tragique accident à des fins personnelles inavouables, je ne pouvais encore le déterminer. Ce dont j'étais sûre, en revanche, c'est que mon mari serait la cible de nouvelles tentatives. "(Page 334)
Et où est passé Alan Armadale, archéologue en titre de sir Henry, disparu après la mort de son mécène? Est-il l'assassin ou une autre victime?

La Malédiction des Pharaons propose une délicieuse immersion au coeur de l'ambiance particulière des chantiers de fouilles dans l'Egypte de la fin du XIXe siècle: les superstitions des villageois, la façon dont le Service des Antiquités était géré, les impondérables dûs aux divers incidents comme éboulis, destruction volontaire de tombes, vols d'objets, convoitises, querelles entre spécialistes, caprices des riches mécènes qui faisaient alors la pluie et le beau temps, concurrence entre les égyptologues. Elizabeth Peters fait revivre tout un monde avec beaucoup d'intelligence et de finesse.
Le +: les nombreux clins d'oeil ou apostrophes au lecteur: une subtile façon de le faire participer à l'aventure, à l'intégrer à l'intrigue: "Là encore, je renvoie le lecteur aux publications techniques qui paraîtront prochainement. Nous eûmes une discussion animée et extrêmement plaisante sur des matières d'ordre professionnel. Mary, elle aussi, parut y prendre plaisir ; ses timides questions se révélèrent fort pertinentes. Visiblement à regret, elle finit par se lever en déclarant qu'elle devait rentrer."(Page 505).
Un second tome très vivant, une lecture agréable et instructive. Un voyage dans le temps qui ne vous laissera pas indifférent.
Lien : https://legereimaginarepereg..
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