Je viens de faire connaissance avec Mlle Amélia Peabody, et je n'en reviens toujours pas… Un sacré personnage qui dépote en cette fin du XIXème siècle ! le genre de celles capables de s'emparer des forteresses considérées pourtant comme inexpugnables. Une rebelle, une vieille fille impossible à marier, une intrépide suffragette qui jette un regard sceptique sur la société patriarcale de l'époque, et plus particulièrement sur l'homme anglais.
Amélia Peabody est irascible, revêche et totalement imprévisible. Toujours le coeur sur la main, pourtant ! Toujours généreuse, à prêter main forte, même si c'est en maugréant.
Une femme qui impressionne. On pourrait presque dire qu'elle fait peur. C'est d'ailleurs avec un respect craintif que les Égyptiens qui la suivirent dans ses incroyables tribulations la surnommèrent Sitt Hakim, la femme médecin…
D'emblée, je l'ai bien aimée, Mlle Amelia Peabody, cette écorchée vive en perpétuelle colère contre elle-même et les autres.
J'avais hâte de suivre ses aventures sur les rives du Nil, à la recherche de découverte archéologiques. L'auteure de la série policière des Amelia Peabody, la vénérable
Elizabeth Peters, avait un doctorat en Égyptologie, et mine de rien, elle nous apprend beaucoup de choses sur l'histoire de la recherche archéologique en Égypte.
L'affaire prend une tournure titanesque quand Amélia rencontre sur les ruines de la cité maudite d'Akhenaton le professeur Radcliffe, son équivalent masculin. Un ours mal léché, aussi poilu et atrabilaire que cet animal, toujours rugissant, toujours vitupérant, toujours en mouvements désordonnés, pétri de mauvaise foi.
Les tendres Evelyn et Alex ont bien du mal à faire vivre leur amour naissant entre ces deux animaux de foire qui s'invectivent, braillent, menacent, dans ce chaos foutraque et hilarant où ils s'ébattent…
J'ai surtout une pensée émue pour la pauvre momie qui, revenant manifestement du diable vauvert ou d'entre les morts, se retrouve confrontée à ces deux hystériques… Sûr que de tels extravagants n'existaient pas au temps d'Akhenaton et de Néfertiti… Et quand bien même cette momie serait une supercherie, elle mérite malgré tout notre compassion.
La description du colonialisme anglais, mélange de lourdeur, d'apathie, de condescendance et de rapacité, est savoureuse. le style est délicieusement désuet.
J'ai beaucoup aimé. Beaucoup ri. Je crois que je n'en ai pas fini avec Mademoiselle Amélia Peabody.
Salut, prenez bien soin de vous, et à l'année prochaine.