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Critique de LoupAlunettes


"Le fils de l'ursari" a remporté le Prix Sorcière Catégorie Roman Ados 2017.
Qu'est ce qui fait la force du récit?
L'histoire sans contestes, avec un propos pas toujours séduisant pour tous les lecteurs et que l'auteur arrive à rendre attractif pour les adolescents et puis évidement, il y a le talent de l'auteur lui-même.
Peut-être les lecteurs auront en tête "Un monde sauvage".

Dans les premiers chapitres de ce dernier roman, si la quatrième de couverture nous révèle le prénom du héros principal, le fils de l'Ursari est juste pour les 20 premiers chapitres un passeur d'histoire, le narrateur, indéfini, un spectateur, une voix plaçant le contexte, laissant l'attention à la scène qui installe le décor.

Nous ne connaissons pas encore son âge, nous le devinons par quelques pistes laissées par l'auteur au fil de l'aventure. Nous le devinons jeune, encore naïf. Ciprian s'interroge de mots ressemblant à ceux de sa langue maternelle, d'un paysage et de bruits d'un impact assourdissant, captivant et sauvage pour lui qui a connu autre chose.
A Paris, il va tomber amoureux des espaces de liberté et de quiétude du parc du Luxembourg.
C'est ici que sa vie va prendre un formidable tournant.
Les descriptions qui nous font entrer dans son monde d'avant sont décalées pour nous, non pour lui qui le vit au quotidien.

Quand a t-il le temps de flâner? A aucun moment normalement.
Ciprian se laisse enivrer à l'exotisme de Paris et en oublie de faire sa part pour rembourser ceux qui les ont fait venir.

Une autre réalité qui sera clairement développée par la suite.

Gens du voyage.
Ce n'est pas dit car Xavier-Laurent Petit ne met pas d'étiquette à ses personnages.
Nous savons d'où ils partent pour arriver sur Paris, nous connaissons leurs traditions, Ciprian est fils de montreur d'ours, fils de Ursari, les conditions de vie sont abordées sans complaisance.
Vera, la grande soeur, devient "nourrice d'enfant", sollicite aimablement les passants avec un bébé emprunté à une amie et sa mère garde les distributeurs pour s'assurer de leur bon fonctionnement moyennant gracieuse rémunération. C'est l'interprétation du fils de l'Ursari qui de son innocence encore vivace nous préserve, se préserve, d'une réalité plus dure.
C'est la vie qu'il connaît.
Les mots voler, mendier, nous viennent comme des flashs sans être directement franchis tout de suite. Sa vraie rencontre avec les mots et leur sens se fera bien après avec un ouvrage qu'il appelle "Robert le Dictionnaire". Une autre porte sur le monde.
Pour l'heure, avant que le vent tourne favorablement, ils doivent avant tout se débrouiller dans la fiction.

L'histoire raconte qu'un triste personnage offre "un ticket d'or" à Lazar et sa famille pour une nouvelle vie à Paris.
Nous comprenons rapidement à la lecture que la famille de Lazar va se trouver exploitée sur un temps indéfini pour rembourser une dette qui ne cessera de grandir sur des échéances irréalisables.
Bon samaritain au départ, l'abominable Karoly va faire tomber le masque et multiplier les violences et les menaces pour faire filer droit les familles sous son joug.
Esclavage moderne.
Les mots ne sont pas dits mais cela ne fait aucun doute dans les faits de la fiction.

Xavier-Laurent Petit ouvre des petits moments de "paradis", Ciprian fera une école buissonnière salvatrice à son école des voleurs. Il découvre les échecs au Parc du Luxembourg et nous réalisons que l'enfant a une mémoire photographique qui lui permet de reproduire les parties qu'ils observe avec envie.
Son intérêt lui permettra d'attirer la sympathie de celle qu'il appelle "Madame Baleine" qui lui donnera régulièrement rendez-vous dans un café pour évaluer ses aptitudes, lui offrir une compagnie amicale et peut être aider à scolariser l'enfant si possible.
Malheureusement, ces temps d'enfance que s'accordera Ciprian seront chèrement payés et l'intrigue montera d'un bon cran avec la fureur de Karoly qui veille violemment sur son investissement.
Que deviendrons la famille de Lazar lorsque la police retrouvera le corps inerte de l'infâme Karoly?

L'aventure n'emprunte pas directement une dimension sociale, nous avons une vraie fiction d'aventure et une solide intrigue autour de cet enfant qui fera son premier grand voyage et trouvera finalement par sa candeur la solution à l'errance familiale. le roman passe par différents spectres d'émotions, ne laisse aucunement indifférent grâce au personnage de Ciprian qui sensibilisera plus facilement qu'un ado ou un adulte déja endurci.
Tout cela est empreint d'une forme de réalisme que nous connaissions déjà de l'auteur, où les liens humains y sont chaleureusement et honnêtement portés, sur une note de justesse qui ne tombe pas la mièvrerie. La connexion à un monde dont chacun se fera sa propre opinion ne nous détournera pas des caractères familiaux qui parlent à tout le monde et aideront à s'approprier le petit monde du fils de l'Ursari.
L'émotion damne le pion au rythme qui lui est plus progressif, maîtrisé.
Si le roman vous a séduit, c'est alors comme dirait le tuteur d'echecs de Ciprian: "Obcomréjouga"!
Observer, Comprendre, Réfléchir, Jouer, Gagner.
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