AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Isacom


L'autrice semble avoir tout donné dans cet unique livre, écrit de ses 18 à ses 28 ans... et elle nous livre une sorte d'anti-Harry Potter : plutôt Sa majesté des mouches, dans un Poudlard cauchemardesque.
C'est la chronique d'un internat, gothique et déjanté à la Tim Burton, avec quelque chose de Gormenghast ; un internat où repas et leçons n'occupent que quelques lignes (sur 1070 pages) tant ses pensionnaires sont refermés sur eux-mêmes, sur leur clan.
Les pensionnaires sont tous des enfants handicapés : sans jambes, sans bras, sans yeux… mais qui remplacent tout cela par une mythologie, des rites, des traditions, des liens, et surtout des complots, des luttes de pouvoir allant jusqu'au meurtre. Ces gosses qui seraient, à l'Extérieur, discriminés, mais qui reconstituent, dans la Maison, une hiérarchie étouffante, je ne les ai jamais imaginés avec des visages d'enfants.
Il faut dire qu'ils tiennent à grand renfort de tabac, d'alcools maison et de drogues bricolées, des substances omniprésentes. C'est difficile de tenir, dans ce huis-clos, cette ambiance de prison, de confinement, et cette odeur de vestiaire de foot - voire pire du fait de leur cradosserie (liquides et cendres tombent sur couvertures et vêtements plusieurs centaines de fois).
Dans la première partie, un monde de garçons, dans la deuxième les filles arrivent (ce petit monde grandit), dans la troisième on voit apparaître davantage d'adultes, membres du personnel (qui se révèlent aussi comploteurs que les mômes), ou bien parents "opérants" ou "inopérants"…
J'ai aimé les échappées vers l'art : la musique, la poésie, les murs peints et graffités, l'exposition d'objets-qui-ne-sont-à-personne…
J'ai aimé les incursions dans l'onirisme, notamment la belle image de la forêt, qui m'a fait penser à Holdstock mais qui tourne court.
J'ai bien des fois failli abandonner. J'ai quand même tenu bon... sans trop de conviction.
J'avais lu tellement de bonnes critiques de personnes dont j'estime les avis et à qui je fais confiance, que je m'attendais (impatiemment, j'ai dû le réserver à la bibli) à une lecture envoûtante. Aux premières pages j'ai apprécié cette écriture énigmatique (et je venais de quitter Olga Tokarczuk, c'est dire) mais au bout de 500 pages, je me suis interrogée : tout ça pour ça ? Parce que ça fouille, ça creuse... mais ça n'avance pas.
Alors…
L'écriture est très belle, très poétique, dans une traduction irréprochable de Raphaëlle Pache.
Il y a sûrement plein de références que je n'ai pas saisies.
Mais je reste très, très, très perplexe.
Challenge ABC 2022/2023
Challenge Globe-Trotter (Arménie)
LC thématique de novembre 2022 : "Videz vos PAL !"
Commenter  J’apprécie          2921



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}